En France, chaque année, entre 5 000 et 7 000 enfants naissent avec une cardiopathie congénitale. Quelles sont les conséquences de cette pathologie sur leur santé, et en particulier sur le risque de cancer ? Des chercheurs suédois viennent de publier les résultats d’une grande étude sur cette question. Santé Sur le Net vous en dévoile les principaux résultats.
Cardiopathie congénitale et risque de cancer
La naissance d’un enfant atteint d’une cardiopathie congénitale, c’est-à-dire d’une malformation cardiaque constituée au cours de la vie in utero, suscite généralement de vives inquiétudes des parents sur la santé de leur enfant. Au-delà des fonctions cardiaques et vasculaires, les cardiopathies congénitales ont-elles d’autres impacts sur la santé, à court, moyen ou long terme ?
Différentes études ont été menées pour répondre à une telle question, mais la plupart se limitaient à la santé des enfants, sans suivi jusqu’à l’âge adulte. Certaines études ont suggéré une augmentation du risque de cancer chez les enfants nés avec une cardiopathie, mais sans qu’un lien de causalité ait été clairement démontré.
Dans une nouvelle étude, des chercheurs suédois ont compilé les données de l’ensemble des enfants suédois nés avec une cardiopathie congénitale entre 1970 et 1993. Tous les sujets étudiés ont été suivis sur une période moyenne de 26 à 27 ans. Leurs données ont été comparées avec celles de personnes du même sexe, du même âge et de la même région de naissance.
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Un risque de cancer doublé avec une malformation cardiaque
Au total, 21 892 enfants nés avec une cardiopathie congénitale ont été suivis et leurs données cliniques comparées avec celles de 219 816 enfants nés en bonne santé. Au cours de la période de suivi, l’incidence cumulée du cancer augmentait avec l’âge dans les deux cohortes, mais l’incidence des cancers était significativement supérieure dans la cohorte des enfants nés avec une cardiopathie congénitale, par rapport aux enfants nés en bonne santé.
Ainsi, les enfants nés avec une malformation cardiaque ont un risque plus que doublé de développer un cancer, par rapport aux enfants en bonne santé. Ce risque était identique dans les deux sexes.
Par ailleurs, le type de cardiopathie congénitale semble influencer le risque de cancer, puisque les malformations cono-troncales (concernant le tractus d’éjection du cœur, comme la tétralogie de Fallot, l’atrésie pulmonaire, le ventricule droit à double issue, le tronc artériel commun ou les anomalies des arcs aortiques) sont associées au risque de cancer le plus élevé. D’autres malformations sont associées à un risque moins élevé, comme la coarctation de l’aorte ou la communication interventriculaire.
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Un risque majoré de tumeurs digestives
L’effet des cardiopathies congénitales sur le risque de cancer varie également selon le type de tumeur. Les cancers les plus fréquemment observés chez les personnes nées avec une cardiopathie congénitale seraient les tumeurs digestives. En revanche, le risque de cancer cutané apparaissait identique dans les deux cohortes.
Cette étude suédoise vient conforter des résultats antérieurs mettant en évidence un lien possible entre les cardiopathies congénitales et le risque de cancer au cours de l’enfance et de l’âge adulte. Un tel lien pourrait s’expliquer par plusieurs aspects :
- Des facteurs génétiques, certaines mutations prédisposant à la fois aux malformations cardiaques et au développement tumoral ;
- Des facteurs environnementaux, notamment l’exposition in utero à des substances cancérigènes ;
- Des facteurs thérapeutiques, en particulier l’exposition à de faibles doses de rayonnements lors d’examens médicaux.
Si le lien de causalité entre la cardiopathie congénitale et le risque de cancer n’est pas encore démontré, les différentes études menées sur ce sujet confirment la nécessité d’un suivi médical rigoureux des enfants nés avec une malformation cardiaque, et ce tout au long de leur vie.
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie