Ménopause/contraception : Bientôt un nouvel œstrogène moins risqué ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 26 avril 2023

Principal œstrogène féminin, l’estradiol est couramment utilisé comme contraceptif oral ou dans le traitement des symptômes de la ménopause et de la contraception. Mais le risque accru de thrombose veineuse lié à cette molécule rend son utilisation controversée. En quête d’une alternative plus sûre pour la ménopause et la contraception, des chercheurs toulousains étudient actuellement les propriétés de l’estétrol, un œstrogène naturel produit par le fœtus pendant la grossesse.

ménopause et contraception

Ménopause/ contraception : traitements hormonaux et risques de thrombose

Etape normale de la vie des femmes, la ménopause survient en général autour de 50 ans et correspond à l’arrêt du fonctionnement des ovaires. Principal œstrogène sécrété par les ovaires de la femme en âge de procréer, l’estradiol (aussi appelé E2) voit alors sa production chuter. Cette chute provoque chez la femme ménopausée des bouleversements considérables qu’on appelle « troubles climatériques ». Ces symptômes sont en fait liés à la carence hormonale en œstrogènes et en progestérone.

À savoir ! Très variables d’une femme à l’autre, les symptômes associés à la ménopause peuvent considérablement affecter la qualité de vie des femmes : bouffées de chaleur, maux de tête, troubles du sommeil, baisse de libido, fatigue, irritabilité.

Parallèlement à ces désagréments quotidiens, ce changement hormonal augmente également le risque de développer certaines maladies comme l’ostéoporose ou les pathologies cardiovasculaires. D’où l’intérêt de prescrire aux femmes concernées un traitement hormonal de la ménopause (THM) à base d’œstrogènes. A noter que l’éthinylestradiol est également utilisé comme contraceptif par voie orale.

Mais c’est sans compter le risque accru de thrombose veineuse lié à l’estradiol qui rend son utilisation controversée. En quête d’une alternative plus sûre quant au traitement hormonal des femmes, des chercheurs toulousains étudient actuellement les propriétés d’un autre œstrogène.

À savoir ! La thrombose correspond à la formation d’un caillot de sang au niveau d’une veine ou d’une artère.

L’estétrol : une alternative aux œstrogènes classiques ?

Naturellement produit par le foie du fœtus durant la grossesse, cet œstrogène n’est autre que l’estétrol (aussi appelé E4). Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs toulousains de l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires ont étudié un modèle de souris. L’objectif ? Comparer les effets de l’estétrol (E4) et de l’estradiol (E2) au niveau artériel.

Après analyse, les chercheurs ont pu démontrer que ces deux hormones accélèrent la cicatrisation de lésions de la paroi vasculaire mais en agissant via des cibles et des mécanismes cellulaires différents. Certes, ces deux hormones se fixent au même récepteur (appelé ERa) mais pas au même endroit.

À savoir ! On retrouve ERa dans le noyau des cellules, où il module l’expression de certains gènes. Mais on le retrouve également à l’extérieur du noyau, au niveau du cytoplasme ou de la membrane des cellules, où il module directement différents processus cellulaires.

Ainsi, les scientifiques ont remarqué que :

  • L’estradiol E2 a une action directe sur les récepteurs ERa membranaires des cellules lésées.
  • Alors que l’estétrol E4 a une action indirecte sur la paroi des vaisseaux (action qu’on ne retrouve pas avec les autres œstrogènes).

L’estétrol E4 agit en effet sur les récepteurs ERa nucléaires des cellules musculaires lisses qui forment la couche interne des vaisseaux. Ce sont donc les cellules avoisinant les lésions qui favorisent la cicatrisation vasculaire dès que leurs récepteurs ERa sont activés. L’estétrol E4 activerait ainsi des mécanismes différents de ceux activés par les hormones aujourd’hui utilisées dans le traitement des symptômes de la ménopause ou pour la contraception orale.

Vers une nouvelle stratégie de prise en charge ?

Les résultats de cette étude suggèrent ainsi que l’estétrol E4 aurait un effet protecteur sur les artères. Ce bénéfice vient s’ajouter à celui déjà démontré de la limitation du risque thromboembolique par E4.

À savoir ! Contrairement à l’estradiol E2, l’estétrol E4 a peu ou pas d’impact sur les facteurs de coagulation d’origine hépatique.

Prochaine étape pour l’équipe de chercheurs toulousains ? Poursuivre ces travaux sur des modèles de souris plus âgées. Le risque artériel lié aux œstrogènes évoluant avec l’âge des femmes, ces nouvelles données devraient permettre de s’assurer que les bénéfices de l’estétrol E4 sont maintenus après la ménopause.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Traitement de la ménopause et contraception : un œstrogène qui minore les risques. www.inserm.fr. Consulté le 17 avril 2023