Les métaux lourds, comme le plomb ou le cadmium, sont présents dans l’environnement. Les expositions à ces substances peuvent être multiples, dans l’air ambiant, dans les milieux professionnels, dans les cours d’eau ou encore dans l’alimentation. Leurs effets sur la santé font l’objet de recherches actives pour mieux préciser les seuils d’exposition à ne pas dépasser. Récemment, une étude a suggéré un lien entre l’exposition aux métaux lourds et le risque cardiovasculaire.
Métaux lourds et santé
Les métaux lourds regroupent différentes espèces chimiques, comme :
- Le plomb ;
- L’arsenic ;
- Le cadmium ;
- Le mercure ;
- Le cuivre.
Les effets de ces métaux sur la santé dépendent de plusieurs paramètres :
- Le métal en lui-même ;
- La voie d’exposition, c’est-à-dire s’il est inhalé, avalé ou en contact avec la peau ;
- La concentration du métal ;
- La fréquence d’exposition.
Jusque-là peu de données fiables étaient disponibles sur l’existence d’un éventuel lien entre l’exposition aux métaux lourds et le risque de maladies cardiovasculaires. Récemment, des chercheurs ont effectué une revue systématique de littérature sur ce sujet, et ils viennent de publier leurs résultats dans la revue scientifique British Medical Journal.
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Une nette augmentation du risque cardiovasculaire
Les chercheurs ont compilé l’ensemble des données scientifiques obtenues jusqu’en décembre 2017 sur l’exposition aux métaux lourds et le risque cardiovasculaire. Au total, ils ont pris en compte les résultats de 37 études ayant inclus 348 259 participants. Les métaux lourds étudiés étaient l’arsenic, le plomb, le cadmium, le mercure et le cuivre.
Sur l’ensemble des participants :
- 13 033 étaient atteints d’une maladie coronarienne (coronaropathie) ;
- 4 205 avaient eu un accident vasculaire cérébral (AVC) ;
- 15 274 présentaient des atteintes liées à une maladie cardiovasculaire.
L’analyse des résultats des études a permis de montrer qu’une forte exposition à l’arsenic augmenterait de :
- 30 % le risque de maladie cardiovasculaire ;
- 23 % le risque de coronaropathie ;
- 15 % le risque d’AVC.
Dans le cas du plomb, l’augmentation du risque en cas de forte exposition serait de :
- 43 % pour les maladies cardiovasculaires;
- 85 % pour les coronaropathies ;
- 63 % pour les AVC.
À savoir ! L’arsenic est présent en quantités importantes dans certains riz et dans les eaux souterraines de certaines régions du monde. Le plomb est de moins en moins présent dans l’environnement des pays industrialisés, du fait de sa diminution dans les carburants et les peintures.
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Réduire les seuils d’exposition
Par ailleurs, une forte exposition au cadmium entraînerait une majoration de :
- 33 % pour le risque de maladie cardiovasculaire;
- 29 % pour le risque de coronaropathie ;
- 72 % pour le risque d’AVC.
Enfin, l’augmentation du risque dans le cas d’une forte exposition au cuivre (un élément essentiel en petites quantités pour l’organisme) serait de :
- 81 % pour les maladies cardiovasculaires ;
- 122 % pour les coronaropathies ;
- 29 % pour les AVC.
À savoir ! Le cadmium est notamment présent dans les cigarettes et certains riz. Le cuivre peut être présent dans de nombreux aliments.
Dans le cas du mercure – connu par ailleurs pour ses effets toxiques-, aucune association entre l’exposition à ce métal et le risque cardiovasculaire n’a été mise en évidence.
Cette analyse révèle que les fortes expositions à l’arsenic, au plomb, au cadmium et au cuivre augmenteraient plus ou moins fortement le risque de différentes atteintes cardiovasculaires. De telles expositions aux métaux lourds pourraient constituer un nouveau facteur de risque cardiovasculaire à prendre en compte.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie