Du mercure dans l’alimentation des enfants ?!

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Rédigé par Estelle B. et publié le 5 janvier 2018

La contamination des aliments par des polluants de toutes origines (pesticides, métaux lourds, produits chimiques) fait régulièrement la une de nombreux médias. Parmi ces polluants, le mercure est considéré par l’Organisation Mondiale de la Santé comme l’un des dix produits chimiques les plus préoccupants pour la santé publique. Ce composé est-il présent dans l’alimentation des enfants français ?

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Mercure et santé

Le mercure est un élément métallique, naturellement présent dans l’air, l’eau et les sols. Il existe sous différentes formes :

  1. Le mercure élémentaire ou métallique ;
  2. Le mercure inorganique ;
  3. Le mercure organique, comme le méthylmercure.

À savoir ! Un dérivé du mercure, l’éthylmercure (thiomersal) est utilisé comme conservateur dans certains vaccins et ne représente aucun risque pour la santé, selon toutes les études menées jusque-là.

Selon la forme et le mode d’exposition (inhalation, contact ou ingestion), la toxicité du mercure est variable, mais il agit sur :

  1. Le système nerveux ;
  2. L’appareil digestif ;
  3. Le système immunitaire ;
  4. Les poumons ;
  5. Les reins ;
  6. La peau ;
  7. Les yeux.

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Du mercure dans les aliments

L’alimentation représente l’un des modes les plus fréquents d’exposition au mercure. Dans l’environnement, le mercure présent peut être transformé par des bactéries en méthylmercure, qui s’accumule tout au long de la chaîne alimentaire jusqu’aux grands poissons prédateurs, comme les thons, en passant par tous les poissons et les crustacés.

Deux catégories de population sont généralement plus sensibles au méthylmercure présent dans l’alimentation :

  1. Les fœtus : la consommation d’aliments contenant du mercure par les femmes enceintes peut nuire fortement au développement du cerveau et du système nerveux de l’enfant. La cognition, la mémoire, l’attention, le langage, la motricité fine et la vision dans l’espace peuvent être affectés chez des enfants exposés in utero au mercure.
  2. Les personnes exposées régulièrement à des aliments renfermant du mercure: les populations côtières vivant principalement de la pêche sont particulièrement concernées. Au sein de ces populations, les enfants sont à nouveau en première ligne.

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Dans les produits de la mer consommés par les enfants

En France, l’alimentation des enfants est diversifiée, mais quelle est leur exposition alimentaire au mercure ? Pour le savoir, une équipe de recherche française a récemment publié les résultats de la première étude évaluant la présence de mercure dans 291 échantillons d’aliments couramment consommés par les enfants et les adolescents français.

Les aliments ont été sélectionnés à partir des données de la dernière enquête sur la consommation alimentaire des enfants de plus de 3 ans (aliments consommés pendant au moins 3 jours consécutifs par 705 enfants). Les aliments connus pour être les plus à risque d’une contamination par le mercure ont été ajoutés.

Les résultats indiquent que 92,4 % des aliments évalués ne contenaient pas de mercure ou à des concentrations très faibles. En revanche, du mercure a été retrouvé dans les poissons, même si les quantités totales restaient dans les limites réglementaires autorisées pour les chairs de poisson et les produits de la mer. Les poissons les plus à risque sont le thon, l’espadon, le cabillaud, le merlan, le brochet et le colin.

Les auteurs de l’étude concluent que la présence de mercure dans les produits de la mer reste faible et ne doit pas aller à l’encontre de la consommation de ces aliments, bénéfiques sur le plan nutritionnel. Néanmoins, ces produits exposent les enfants à une source de mercure, susceptible de s’additionner avec d’autres modes d’exposition (inhalation, contact).

Réduire l’exposition au mercure implique des décisions politiques au niveau international pour limiter les rejets de cet élément dans l’environnement. Une telle démarche a été initiée en 2012-2013 par la Convention de Minamata sur le mercure, qui oblige les gouvernements signataires à prendre des mesures pour réduire les émissions atmosphériques de mercure et abandonner certains produits à base de mercure.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Mercure et santé. OMS. Aide-mémoire N°361
– Mercury in foods from the first French total diet study on infants and toddlers. Guerin, T. and al. 2018. Food Chemistry 239 :920–925.
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