Toujours plus de microplastiques dans notre assiette

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Rédigé par Julie P. et publié le 18 juin 2019

Poissons et fruits de mer, eau en bouteille, bière, sucre, miel,… les microplastiques sont désormais présents dans presque tous les aliments. Selon une synthèse d’études menée par l’université de Victoria et de l’institut Hakai de Calvert, au Canada, nous absorbons, en moyenne, 110 000 particules en plastiques d’une talle inférieure à cinq millimètres par an. L’équivalent de 5 grammes de plastiques par semaine.

micro plastiques

Des microplastiques dans la chaine alimentaire

L’étendue de la pollution aux microplastiques dépasse l’entendement : après les océans, les lacs, les plus hauts glaciers et l’atmosphère, ces particules de plastiques inférieures à 5 millimètres contaminent désormais une bonne partie de nos aliments. Ce sont des petites pièces de plastiques issues de la dégradation des plastiques issus des bouteilles d’eau, des emballages, des produits cosmétiques, des objets en plastiques du quotidien (pneus, lentilles de contact etc…) ou des vêtements synthétiques.

Sous forme de fibres et de fragments, ces particules de plastique se sont immiscées dans l’air, le sol et l’eau pour se retrouver automatiquement dans la chaine alimentaire d’un bon nombre d’espèces vivantes, dont l’homme.

À savoir ! Les microfibres sont les types de microplastiques les plus répandus. Ils proviennent des textiles comme le nylon et le polyester. Ils se détachent des vêtements au lavage et pénètrent l’écosystème via les eaux usées évacuées par les machines à laver. Les fragments de plastique arrivent en deuxième position et proviendraient majoritairement des sacs et des pailles.

Un kilo de produits de la mer contiendrait 1480 microplastiques, l’eau en bouteille 95 et un mètre cube d’air 10.

Une étude parue en 2018 avait conclu qu’il était plus probable que l’être humaine ingère davantage de plastiques via la poussière de son environnement qu’en mangeant des crustacés. C’est ce que va d’ailleurs également mettre en évidence cette étude canadienne publiée dans la revue Environmental Science and Technology.

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Une analyse couvrant 26 études

Pour mener à bien cette étude recensant le nombre de microparticules de plastiques ingérées au quotidien, l’équipe de Kieran Cox, doctorant en biologie marine à l’université de Victoria en Colombie-Britannique, s’est concentrée sur le régime alimentaire américain et notamment les aliments recouvrant seulement 15% de leur apport calorique journalier. Les aliments en question étaient les poissons, les fruits de mer, le sucre, le sel, l’alcool et l’eau.

Ces données intégraient également les microplastiques inhalés et l’influence potentielle de la source d’eau de boisson sur la consommation de microplastique. 26 études ont été analysées regroupant pas moins de 3 600 échantillons.

Résultats ?

Leurs estimations permettent d’affirmer que la consommation annuelle de microplastiques varie de 39 000 à 52 000 particules, en fonction de l’âge et du sexe. Ces estimations augmentent à 74 000 et 121 000 lorsque l’inhalation des particules de microplastiques est prise en compte. Il y aurait plus de microplastiques dans l’air que nous respirons que dans les aliments que nous consommons.

De plus, les personnes buvant de l’eau en bouteille peuvent ingérer 90 000 microplastiques supplémentaires par an, contre 4000 pour ceux qui ne consomment que de l’eau du robinet.

 » La plupart des aliments que nous avons pris en compte sont ceux que vous mangez crus. Nous n’avons pas considéré les nombreux emballages plastiques. Je pense que l’on est dans une situation où les plastiques ajoutés sont bien plus nombreux que nous ne le pensons » souligne Kieran Cox

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Du microplastique dans notre organisme : quels dangers pour la santé ?

Aujourd’hui, les études, in vitro ou in vivo, sont encore incomplètes pour évaluer dans quelles mesures l’ingestion de particules de plastiques est dangereuse pour l’organisme. Plusieurs questions restent en suspens et notamment celle relative à la dose tolérée par l’organisme.

En 2017, une étude menée au King’s College de Londres suggérait qu’avec le temps, les effets cumulés de l’ingestion de plastique pourraient se révéler toxiques. Cette toxicité dépendait de la qualité du plastique et des additifs chimiques entrant dans sa composition comme le chlore ou le plomb. Sans oublier que certains microplastiques sont des vecteurs de parasites et bactéries.

Une consommation de produits de la mer riche en microparticules de plastiques n’est pas sans danger et une étude a montré que ces déchets pouvaient fragiliser et endommager les systèmes immunitaires et digestifs. Ces particules déstabiliseraient notamment l’équilibre de la flore intestinale.

Pour les chercheurs, les études doivent se poursuivre pour évaluer la quantité éventuelle de microplastiques retrouvée dans le boeuf, la volaille, les produits laitiers et les céréales. A partir d’une évaluation fine de la quantité et de la qualité des microplastiques ingérés, il sera possible de mesurer plus précisément leur toxicité pour la santé humaine.

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Julie P. Journaliste scientifique

– Humans unknowingly consume a lot of microplastics. University of Victoria. Consulté le 17 Juin 2019.
Ou

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