Obésité : les analogues du GLP-1 peuvent être prescrits par tous les médecins
Wegovy, Saxenda, Mounjaro…les nouveaux médicaments favorisant la perte de poids, peuvent depuis le 23 juin, être prescrits par tous les médecins en France. Jusqu’à présent, seuls des médecins spécialistes, comme les endocrinologues, pouvaient délivrer la première ordonnance. Eclairage sur les conditions de prescription et l’encadrement thérapeutique associé.

Favoriser l’accès à tous les patients
Jusqu’à présent, seuls les médecins spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition avaient le droit de réaliser la primoprescription des analogues du type GLP-1 (glucagon-like peptide 1). Cependant, les délais de rendez-vous peuvent être très longs et pénaliser les candidats à ce traitement. Les autres praticiens, comme le médecin traitant, étaient seulement autorisés à procéder au renouvellement de l’ordonnance.
Dans un communiqué, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), affirme que « la limitation de la prescription initiale a pu en freiner l’accès pour certains patients, du fait de délais parfois importants pour consulter un spécialiste. Ceci peut être également associé à une accessibilité inégale à ces professionnels de santé selon les territoires ».
Les trois médicaments concernés sont Wegovy (sémaglutide), Mounjaro (tirzépatide) et Saxenda (liraglutide), tous de type analogue au GLP-1. Ils imitent l’hormone intestinale GLP-1 et agissent en retardant la vidange gastrique et en envoyant un signal de satiété plus tôt au cerveau.
Conditions de prescription et pharmacovigilance renforcée
Wegovy , Mounjaro et Saxenda sont indiqués dans l’obésité en seconde intention, en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle et en association à un régime hypocalorique et à une activité physique.
« Les aGLP-1 indiqués dans l’obésité ne doivent pas être utilisés pour la perte de poids à des fins esthétiques. Ces usages inappropriés peuvent exposer à des effets indésirables parfois graves » rappelle l’ANSM.
Ces médicaments injectables ont une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l’obésité en cas d’indice de masse corporelle ≥ 30 kg/m2 (obésité) ou ≥ 27 kg/m2 et < 30 kg/m2 (surpoids) en présence d’au moins un facteur de comorbidité lié au poids tel qu’une dysglycémie (prédiabète ou diabète de type 2), une hypertension artérielle, une dyslipidémie, un syndrome d’apnée obstructive du sommeil ou une maladie cardiovasculaire.
L’agence maintient une vigilance élevée sur l’utilisation de ces médicaments et une surveillance renforcée et continue des risques. Les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) de Montpellier et de Limoges mènent une enquête sur cette classe médicamenteuse depuis 2019. De son côté, le groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare en collaboration avec le centre Drugs-SafeR de Bordeaux poursuit des études de pharmaco-épidémiologie.
Des effets indésirables rares et potentiellement graves ont été décrits, à type de pancréatite, d’occlusion intestinale et de gastroparésie (un ralentissement de la vidange gastrique).
Plusieurs signaux relatifs à la prise de sémaglutide sont également en cours d’investigation :
- La neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (Noian), qui a été inscrite comme effet indésirable très rare ;
- La contraception (questions sur la perte d’efficacité de la contraception orale).
Par ailleurs, une surveillance à long terme est prévue sur des effets méconnus ou très rares (cancer de la thyroïde, cancers gastro-intestinaux).
Quel encadrement thérapeutique pour les patients prenant des analogues du GLP-1 ?
En l’absence de recommandations actuellement, le patient devrait idéalement être revu en consultation à 3, 6 et 12 mois par le prescripteur initial ou médecin généraliste, avec la réalisation d’un bilan biologique. Des conseils alimentaires seront donnés pour limiter les nausées et vomissements, faire face à un manque d’appétit ou s’adapter à d’éventuelles nouvelles conduites alimentaires.
Pour prévenir le risque carentiel et la dénutrition, notamment durant les 6 à 12 premiers mois, on surveillera en particulier le pourcentage de poids perdu et sa vitesse. Une perte de poids de 10 % à 3 mois ou de 20 % à 6 mois doit être considérée comme à risque de carences.
La prévention de la perte de la masse et de la force musculaire est importante, en rappelant la nécessité de maintenir un bon niveau d’activité physique (exercices physiques d’aérobie et renforcement musculaire) et l’importance de l’apport protéique alimentaire (60 g de protéines/j a minima). Une supplémentation en protéines pouvant être nécessaire en cas d’apports insuffisants. L’objectif est de prévenir la sarcopénie en préservant la masse maigre.
Selon plusieurs spécialistes, des études cliniques seront nécessaires pour pouvoir proposer une nutrition personnalisée aux patients sous analogues de GLP-1.
Il est probable que le parcours de soins « médicaments de l’obésité » inclura une supplémentation vitaminique ou protéinique comme c’est le cas après une chirurgie bariatrique.
– Les médicaments de la perte de poids ont le vent en poupe au congrès de l’ADA. Le Quotidien du medecin.. www.lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 1er juillet 2025.
– Obésité : suivi d’un patient sous aGLP-1. Le Quotidien du medecin. . www.lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 1er juillet 2025.
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