En France, près de 15 % de la population adulte est considérée comme obèse. Le surpoids et l’obésité sont considérés comme des enjeux majeurs de santé publique, en raison de leur augmentation constante depuis plusieurs années. Pourtant, les phénomènes à l’origine de l’obésité ne sont pas encore totalement expliqués. Une récente étude révèle notamment que certains sujets obèses seraient attirés par les aliments gras.
A l’origine de l’obésité
Avec plus de 6 millions de Français concernés, l’obésité représente une priorité de santé publique. Mais quels phénomènes sont à l’origine du surpoids et de l’obésité ?
L’équilibre entre les apports énergétiques et les dépenses d’énergie est le principal mécanisme responsable du maintien, de la perte ou de la prise de poids. Cet équilibre est sous l’influence de nombreux facteurs, tels que :
- Des facteurs liés à la famille : prédisposition génétique, habitudes familiales ;
- Des facteurs biologiques : âge, sexe, métabolisme, existence de certaines maladies chroniques, prise de médicaments ;
- Des facteurs sociaux et environnementaux : publicité, évolution de la société, rythme de travail ;
- Des facteurs individuels : perception de l’image personnelle, estime de soi, stress, anxiété.
Face à un ensemble aussi important de facteurs qui rentrent en ligne de compte, il est parfois difficile de cerner les causes précises de l’obésité, pourtant capitales pour lutter efficacement contre ce fléau.
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Une appétence particulière pour les aliments gras
Les études menées sur des populations de personnes obèses ont mis en évidence que certaines personnes atteintes d’obésité surconsommaient des aliments gras (c’est-à-dire riches en graisses), ce qui accentuait leur prise de poids et créaient un véritable cercle vicieux. Quelles sont les causes d’un tel comportement ?
Des études scientifiques récentes apportent une ébauche d’explication. En effet, certaines personnes obèses seraient particulièrement attirées par le goût même des aliments gras. Selon les chercheurs, ce goût du gras serait le résultat d’un dysfonctionnement de la perception sensorielle des lipides alimentaires au niveau de la bouche, provoquant en compensation une surconsommation d’aliments riches en graisses.
Pour mieux comprendre ce phénomène, des chercheurs français viennent de publier les résultats d’une étude clinique sur le lien entre le microbiote oral (flore intestinale buccale) et le seuil de détection oro-sensoriel des lipides (graisses).
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La flore buccale impliquée dans les choix alimentaires
Dans cette étude, la composition de la salive et du microbiote oral d’adultes de poids normal (indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 25) et obèses (IMC supérieur ou égal à 30) a été déterminée. L’analyse des résultats a montré l’existence d’une relation entre la sensibilité de la perception orale de l’acide linoléique (acide gras oméga-6) et la composition de la flore buccale des participants, et ce quel que soit leur IMC.
Ainsi, certains participants présentaient une perception orale des lipides altérée, en lien avec une flore buccale spécifique (augmentation du nombre d’espèce de bactéries présentes dans la flore, notamment des bactéries ayant des propriétés pro-inflammatoires). Ce lien entre l’altération de la perception des lipides et une flore buccale particulière était amplifié chez les sujets atteints d’obésité. De plus, dans des travaux précédents, les chercheurs avaient observé que ces participants surconsommaient les aliments gras.
Cette étude suggère que la flore buccale, en modulant la perception orale des lipides alimentaires, pourrait conditionner les choix alimentaires, et notamment la consommation d’aliments riches en graisses. Même si ces résultats doivent être confirmés par une étude à plus grande échelle, ces données inédites pourraient permettre de concevoir des moyens d’identification des personnes obèses ayant une perception orale altérée, afin d’optimiser leur prise en charge. Un pas de plus dans la compréhension des mécanismes à l’origine de l’obésité !
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Estelle B., Docteur en Pharmacie