L’OMS liste les bactéries les plus résistantes

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Rédigé par Dorothee S. et publié le 5 mars 2017

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La résistance aux antibiotiques ne cessant de croitre, à l’échelle internationale, l’OMS a décidé de dresser la liste des bactéries pour lesquelles elle est la plus préoccupante. Le but étant d’orienter le développement de nouveaux médicaments, par le secteur public comme privé, dans ce sens.

Une liste des bactéries à « combattre »

Fin février 2017, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a publié la liste « des agents pathogènes prioritaires pour la recherche et le développement de nouveaux antibiotiques ».

Celle-ci énumère les douze familles de bactéries les plus résistantes et « les plus menaçantes pour la santé humaine ». Elles sont également capables de concevoir de nouveaux moyens de résister et de transmettre cette propriété à d’autres micro-organismes.

La liste comprend trois catégories, classées en fonction du degré de priorité : critique, élevée ou moyenne.

Le groupe jugé critique contient des bactéries multirésistantes (c’est-à-dire qu’elles ont développé des résistances vis-à-vis de plusieurs familles d’antibiotiques), y compris face aux traitements les plus récents. Cette catégorie représente une réelle menace, notamment en milieu hospitalier, puisqu’à l’origine d’infections souvent mortelles. Les organismes impliqués sont l’Acinetobacter baumannii, le Pseudomonas aeruginosa et les entérobactéries.

Six familles de bactéries sont placées en « priorité élevée » : l’Enterococcus faecium, le Staphylococcus aureus (plus connu sous le nom de staphylocoque doré), l’Helicobacter pylori (souvent impliquée dans les ulcères de l’estomac), le Campylobacter spp., les salmonelles (responsables d’intoxications alimentaires) et Neisseria gonorrhoeae (à l’origine de la gonorrhée, une infection sexuellement transmissible). Dans cette catégorie, hormis pour le staphylocoque doré, les infections sont, pour la plupart, contractées en dehors de l’hôpital.

Enfin, l’OMS regroupe en « priorité moyenne » trois familles. Il s’agit de Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae (qui cause des otites) et Shigella spp. (responsable d’infections intestinales).

Lire aussiOMS : semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques

Orienter la recherche, face aux menaces

Face à l’augmentation constante des résistances aux antibiotiques, l’OMS a décidé de réagir. Elle publie donc cette liste, avec l’espoir d’orienter la recherche et le développement de traitements, capables de lutter contre ces souches bactériennes. « Si on laisse faire le marché, les nouveaux antibiotiques dont nous avons le besoin le plus urgent ne seront pas mis au point à temps.» a déclaré le Dr Kieny, sous-directeur général de cette institution. Les experts en santé du G20 ont d’ailleurs prévu des débats sur le sujet, au cours de leur rencontre à Berlin.

Dans l’état actuel des choses, et selon une étude parue dans The Lancet, les agents pathogènes résistants aux antibiotiques pourraient tuer jusqu’à 10 millions de personnes par an d’ici 2050. Les maladies infectieuses pourraient alors redevenir l’une des premières causes de mortalité, contre 2 % actuellement. Ainsi, selon une étude conduite par Santé Publique France en 2015, les bactéries multirésistantes auraient été responsables d’environ 158 000 infections et 12 000 décès, en 2012.

Intensifier la recherche et le développement de nouveaux antibiotiques s’avère donc nécessaire. Cependant, les phénomènes de résistance étant accélérés par la surconsommation et l’usage à mauvais escient des antibiotiques, il est tout aussi important d’améliorer la prévention des infections et le bon emploi des traitements (à l’aide de test de diagnostic, d’antibiogrammes, etc.). Un Plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens a été mis en place en mai 2015 par l’Assemblée mondiale de la Santé.

Lire aussi« Les antibiotiques c’est pas automatique » et pourtant !

Dorothée S., Docteur en pharmacie.


Sources :
– OMS. Communiqué de presse.. L’OMS publie une liste de bactéries contre lesquelles il est urgent d’avoir de nouveaux antibiotiques. 27 février 2017.
Teillant A., et al. Potential burden of antibiotic resistance on surgery and cancer chemotherapy antibiotic prophylaxis in the USA: a literature review and modelling study. Lancet Infect Dis. 2015 Dec;15(12):1429-37. doi: 10.1016/S1473-3099(15)00270-4.

  • Bonjour,

    J’aimerais savoir si un jour de nouveaux antibiotiques seront commercialisés contre le gonocoque.

    Autre question :
    Le gonocoque, même traité par des antibiotiques, peut évoluer vers une forme chronique.
    La bactérie n’est plus détectable mais des germes ont pu rester dans les tissus cicatriciels.
    Présence de biofilms bactériens => prostatite chronique, urétrite, épidimyte
    Je sais qu’il n’existe aucun bactériophage contre le gonocoque.

    Existe-t’il un traitement pour atténuer ces symptômes chroniques invalidants ?

    Merci

    Reply
  • Bonjour,

    J’aimerais savoir si un jour de nouveaux antibiotiques seront commercialisés contre le gonocoque.

    Autre question :
    Le gonocoque, même traité par des antibiotiques, peut évoluer vers une forme chronique.
    La bactérie n’est plus détectable mais des germes ont pu rester dans les tissus cicatriciels.
    Présence de biofilms bactériens => prostatite chronique, urétrite, épidimyte
    Je sais qu’il n’existe aucun bactériophage contre le gonocoque.

    Existe-t’il un traitement pour atténuer ces symptômes chroniques invalidants ?

    Merci

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