Sur la piste génétique du lymphome folliculaire

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Rédigé par Julie P. et publié le 3 septembre 2017

Chaque année, plus de 4000 personnes en France sont touchées par un lymphome folliculaire, un cancer du système immunitaire. Une équipe de chercheurs internationaux vient d’identifier, grâce à une étude clinique, que le gène sestrine 1 est fréquemment absent ou inactivé chez les patients atteints de cette maladie.

Développement du lymphome folliculaire et génétique

Le lymphome folliculaire : un lymphome indolent et incurable

Le lymphome est une tumeur se développant dans les organes lymphoïdes, mais ayant la particularité de pouvoir apparaître aussi dans d’autres organes.

A savoir ! Les organes lymphoïdes sont le thymus, la moelle osseuse, la rate, les ganglions lymphatiques. En parallèle de ces organes, on retrouve aussi les tissus lymphoïdes, associés aux muqueuses par exemple, mais non regroupés dans un organe.

Dans cette étude, il est question du lymphome folliculaire, une forme de lymphome à croissance lente mais incurable. Ce cancer est provoqué par une prolifération anormale de lymphocytes B qui se regroupent en amas dans les ganglions lymphatiques, mais aussi dans d’autres organes lymphoïdes.

A savoir ! Le lymphocyte B, ou cellule B, est une cellule du système immunitaire qui circule dans le sang. Il a pour fonction de reconnaître et détruire les agents pathogènes grâce à ses anticorps, des protéines complexes.

La tumeur, retrouvée très rarement chez l’enfant et qui apparaît, chez l’adulte, en général avant l’âge de 55 ans, se situe le plus souvent dans les ganglions lymphatiques et notamment ceux localisés sous les aisselles ou au niveau du cou. Ce type de lymphome est habituellement très peu symptomatique en dehors de la présence des ganglions et d’une augmentation de la taille de la rate (splénomégalie) et du foie. L’évolution est lente, avec un état général bien conservé. Le risque est la transformation de ce lymphome en une variante plus agressive, avec une aggravation très rapide des symptômes.

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Des caractéristiques génétiques déjà connues

D’après la littérature, ce cancer est déjà associé à plusieurs altérations de l’ADN :

  1. Chez tous les patients, on retrouve par exemple un échange de matériel génétique entre les chromosomes 14 et 18.
  2. Chez 30% des patients, on retrouve aussi une perte partielle du chromosome 6 affectant de multiples gènes dont le but est d’empêcher la survenue d’une tumeur.
  3. Chez 20% des patients, on observe aussi une désorganisation des chromosomes et le dysfonctionnement consécutif de plusieurs gènes et protéines.

Malheureusement, ces observations sont encore insuffisantes et il est encore très difficile de repérer, parmi ces réarrangements génétiques, les gènes responsables de la maladie.

Dans cette étude, l’équipe de chercheurs, encadrée par Hans-Guido Wendel du centre de traitement et de recherche sur le cancer du Memorial-Sloan Kettering de New-York, s’est intéressée au génome de plus de 200 patients atteints de lymphome folliculaire avec une perte du chromosome 6. Une anomalie génétique qui est d’ailleurs associée au pronostic le plus défavorable.

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Le rôle clé du gène sestrine 1

Pour déterminer le gène (sur le chromosome 6) dont l’extinction favoriserait une tumeur, les chercheurs ont testé, un par un, les 81 gènes qui sont supprimés chez ces patients. En inactivant chacun de ces gènes (dans un modèle animal), les biologistes se sont alors aperçus que le gène responsable de la synthèse de la molécule Sestrine 1 induisait la survenue d’une tumeur.

En analysant le génome des 200 patients atteints de la maladie, ils ont constaté qu’ils avaient, en effet, leur gène sestrine 1 absent ou inactivé.

 » Si une cellule est stressée, si elle n’a pas assez de nutriments ou si elle a des dégâts dans son ADN, la sestrine interrompt la machinerie cellulaire pour empêcher la cellule de se multiplier «  souligne Hans-Guido Wendel dans un communiqué de presse du centre de traitement et de recherche sur le cancer du Memorial-Sloan Kettering.

A savoir ! Une prolifération cellulaire hors de contrôle est à l’origine de l’apparition d’une tumeur cancéreuse au sein d’un tissu normal de l’organisme.

En plus de l’identification du gène sestrine 1, les scientifiques ont démontré que l’activation de la molécule Sestrine 1 entraîne également une destruction des tumeurs in vivo.

Actuellement, une étude clinique est en cours aux Etats-Unis pour montrer l’efficacité thérapeutique d’un nouveau médicament restaurant la fonction du gène sestrine 1 dysfonctionnel.

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Julie P., Journaliste scientifique

– The gene behind follicular lyphoma. Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne – Eurekalert. Le 28 juin 2017.
– Lymphome non hodgkinien. Société canadienne du cancer. – Consulté le 31 août 2017.
– When loss is a gain : new tumor suppressor gene identified in follicular lymphoma. Site internet du Memorial Sloan Kettering Cancer Center. Le 03 juillet 2017.
  • Gabriel Escalmel says:

    Quand j’ai eu mon lymphome autour de l’année 2001, la littérature médicale disait justement que le LNH était indolent et incurable ! Et vous faites encore la même affirmation en septembre 2017 ! Pourtant, 18 ans plus tard, je suis toujours vivant ; mon médecin hématologue-oncologue juge que le suivi annuel n’est plus nécessaire. Entretemps, il y a eu un risque de cancer du colon, un cancer de la prostate, et, paraît-il, il y a un risque de myélodysplasie, un désordre dans la production de cellules souches, causé très probablement par les nombreux traitements que j’ai reçus. Incurable ?

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    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Merci de faire confiance à Santé sur le Net pour trouver des informations sur votre santé. Nous ne sommes pas en mesure de vous aider. Seul un médecin ayant connaissance de l’intégralité de votre dossier médical pourra vous proposer des solutions.
      Nous vous souhaitons une bonne journée.
      L’équipe Santé sur le net.

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