Les troubles de l’humeur, comme les troubles bipolaires ou la dépression, occupent une place de plus en plus importante dans la santé des Français. Ils constituent également un champ d’études particulièrement intéressant pour les spécialistes de la médecine prédictive, que nombreux décrivent comme la médecine de demain. Une récente étude fait le point sur les avancées de cette médecine prédictive face aux troubles de l’humeur.
Prédire les troubles de l’humeur par des tests sanguins
La médecine prédictive s’attache à être capable de prédire à l’avance, grâce à différents tests, les maladies et affections qu’une personne pourra présenter à l’avenir, mais aussi la réponse de l’organisme à différents traitements d’une même maladie. Cette nouvelle forme de médecine est d’ores et déjà utilisée dans plusieurs disciplines médicales, notamment en cancérologie. Mais elle pourrait également s’avérer très prometteuse dans les troubles de l’humeur, tels que :
- La dépression et l’anxiété ;
- Les troubles bipolaires ;
- Les conduites suicidaires.
Récemment, une étude s’est penchée sur les réalités et perspectives apportées par la médecine prédictive dans ce domaine. Les enjeux portent sur plusieurs aspects :
- La mise au point de tests génétiques ou sanguins capables de prédire quelles personnes pourraient présenter tel ou tel trouble de l’humeur, et ainsi mettre en place une surveillance et une prévention adaptées ;
- La mise au point de tests sanguins capables de déterminer si telle ou telle thérapie sera ou non efficace chez un patient donné, afin de développer des recommandations de prise en charge non plus à l’échelle de la population, mais à l’échelle individuelle.
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Et déterminer les thérapies les plus efficaces pour chaque patient
Les études menées jusqu’ici ont notamment permis de développer des tests sanguins pour prédire les troubles de l’humeur, des tests validés lors d’essais cliniques. Récemment, des chercheurs ont étudié l’intérêt de plusieurs biomarqueurs sanguins impliqués dans la dépression sévère, la manie sévère ou encore les troubles bipolaires. Ils ont mis en évidence que ces biomarqueurs étaient associés à plusieurs mécanismes physiologiques, notamment :
- Le rythme circadien ;
- Le développement neurologique ;
- Les fonctions de différenciation cellulaire.
Sur l’ensemble des biomarqueurs évalués, plusieurs seraient intéressants pour dépister et tracer les troubles de l’humeur à différents stades de leur développement. Ces biomarqueurs seraient également de bons indicateurs de la réussite des traitements. Ils pourraient ainsi être utilisés pour évaluer de nouvelles thérapies contre les troubles de l’humeur.
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Vers la médecine des 4P
Ces travaux, qui font écho à ceux de chercheurs français travaillant sur la prédiction de la réponse au lithium chez les patients atteints de troubles bipolaires, s’inscrivent dans la construction de la médecine de demain. Au-delà de la médecine prédictive, il s’agit d’évoluer vers la médecine des 4P pour :
- Prédictive, basée sur des biomarqueurs identifiés pour différentes pathologies ;
- Préventive, pour que la prévention permette de réduire l’incidence et la prévalence des maladies ;
- Personnalisée, afin que chaque patient bénéficie d’un traitement adapté à sa maladie et à son patrimoine génétique et métabolique ;
- Participative, replaçant le patient au centre de son diagnostic et de sa prise en charge.
Les premiers principes de base de cette médecine de demain ont émergé en cancérologie depuis quelques années et pourraient rapidement s’étendre à l’ensemble des disciplines médicales.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Médecine prédictive et personnalisée dans les troubles bipolaires. Fondation Fondamental. fondation-fondamental.org. Consulté le 13 avril 2021.