Entre 300 000 et 400 000 accidents cardiovasculaires surviennent chaque année en France, dont un tiers sont mortels. Comment mieux prédire le risque cardiovasculaire ? Si plusieurs facteurs de risque sont identifiés, quelles sont les interactions entre ces facteurs ? Une équipe de l’INSERM a tenté de répondre à ces questions.
Maladies cardiovasculaires et facteurs de risque
Les maladies cardiovasculaires, principalement les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et les infarctus du myocarde, sont la deuxième cause de mortalité en France. La liste des facteurs de risque cardiovasculaire est malheureusement longue :
A savoir ! Qu’est-ce qu’une dyslipidémie ? Les dyslipidémies regroupent l’ensemble des troubles des lipides (des graisses) sanguins. Les spécialistes parlent de dyslipidémies dès que les taux sanguins de certains lipides (cholestérol, triglycérides) s’écartent des valeurs normales observées chez les personnes en bonne santé.
Jusque-là, ces différents facteurs étaient généralement étudiés indépendamment les uns des autres. L’existence d’interactions entre ces facteurs n’était pas prise en compte dans les études. Le risque cardiovasculaire global était évalué en combinant simplement les différents facteurs de risque.
Une équipe de recherche de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) a entrepris une vaste étude pour rechercher et décrire les interactions possibles entre les facteurs de risque cardiovasculaire. Ils ont ainsi mis en évidence des interactions très complexes, qui pourraient révolutionner dans les années à venir les stratégies de prévention.
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Le risque cardiovasculaire : un réseau complexe de facteurs
Une cohorte de 10 736 individus d’âge moyen (35-50 ans), hommes et femmes, a été suivie sur 20 ans. Majoritairement d’origine caucasienne, les participants sont répartis sur l’ensemble du territoire français. L’existence ou l’apparition des facteurs de risque cardiovasculaire ont été évaluées par des questionnaires et des suivis médicaux ponctuels à différents moments de l’étude. Au cours de 20 ans, 1 694 accidents cardiovasculaires sont survenus.
Les résultats de l’étude indiquent que plusieurs facteurs de risque peuvent être prédits par d’autres facteurs de risque. Chacun des facteurs est étroitement lié à plusieurs autres facteurs, avec des interactions complexes. Au total, 47 interactions se sont avérées significatives et 22 très significatives. Les 12 facteurs de risque constituent ainsi un véritable réseau de facteurs de risque cardiovasculaire.
En fonction de ces interactions, les chercheurs ont pu mettre en évidence 4 groupes de facteurs de risque :
- Des « facteurs non modifiables » (le sexe, l’âge et les antécédents familiaux) : ils prédisent d’autres facteurs, mais ne peuvent pas être prédits par d’autres facteurs.
- Des « facteurs liés au mode de vie » (le tabagisme, la sédentarité, l’alcoolisme) : ils prédisent beaucoup d’autres facteurs (sauf les facteurs non modifiables), mais sont très peu prédits par d’autres facteurs.
- Des « facteurs cliniques en amont » (les troubles du sommeil, l’obésité, la dépression) : ils prédisent beaucoup d’autres facteurs et sont eux-mêmes prédits par de nombreux facteurs.
- Des « facteurs cliniques en aval» (l’hypertension artérielle, les dyslipidémies, le diabète) : ils prédisent très peu de facteurs, mais sont en revanche prédits par beaucoup de facteurs.
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Optimiser les stratégies de prévention
L’analyse exhaustive des interactions entre les facteurs de risque cardiovasculaire a dévoilé un réseau complexe, qui pourrait être pris en compte dans les stratégies de prévention. En effet, les stratégies actuelles montrent de nombreuses limites et une efficacité souvent insuffisante.
Selon les chercheurs, prévenir le risque cardiovasculaire en se basant sur un seul facteur de risque, en occultant les autres facteurs et leurs interactions, serait inefficace voire contre-productif dans certains contextes. En effet, la mise en place de mesures diététiques ou d’un traitement médicamenteux pour réduire un facteur peut échouer si l’on ne tient pas compte d’autres facteurs qui pourraient prédire son apparition. C’est le cas par exemple de la lutte contre le tabagisme chez des fumeurs simultanément obèses et dépressifs. Ou encore du traitement du diabète chez des patients obèses, fumeurs et dépressifs.
Des études complémentaires sont désormais nécessaires pour évaluer le réseau d’interactions entre les facteurs de risque cardiovasculaire sur une population plus large. L’impact des résultats de cette étude sur les stratégies de prévention devra également être étudié, avant de pouvoir remodeler profondément et durablement ces stratégies. Une stratégie de prévention personnalisée, basée sur les facteurs de risque et leurs interactions, pourrait bientôt voir le jour.
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie
Sources :
INSERM. Prévention du risque cardiovasculaire : il faut intégrer les facteurs. 17 octobre 2016.
Meneton, P. et al. A global view of the relationships between the main behavioural and clinical cardiovascular risk factors in the GAZEL Prospective Cohort. 2016. PLoS ONE 11(9): e0162386. doi:10.1371/journal.pone.0162386
Bonjour
Il serait intéressant pour les sociétaires Mgen que la mutuelle santé prenne en charge l’achat des tensiomètres pour les personnes à risque élevés ou en ALD ou le mette en possiblité avec le forfait dédié aux médecines alternatives afin que l’on puisse prendre du matériel de qualité.
Merci par avance
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