Près de 55 000 enfants naissent prématurés chaque année en France selon SOS Préma. Et si la prématurité était associée à des risques accrus pour la santé à l’âge adulte ? C’est ce que suggère une récente étude sur la prématurité et l’insuffisance pondérale à la naissance. On fait le point.
Qu’est-ce que la prématurité ?
La prématurité désigne la naissance d’un enfant survenant avant 35 semaines de grossesse. Il existe différents stades de prématurité (très grande, grande ou moyenne) et en fonction, les organes et les fonctions physiologiques du bébé seront plus ou moins immatures. Ce degré d’immaturité impactera alors sur la durée des soins de réanimation néonatale et du suivi hospitalier avec un risque de conséquences à long terme sur la santé de l’enfant.
A l’échelle mondiale, la prématurité représente un phénomène préoccupant comme le souligne un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef qui la qualifient « d’urgence silencieuse ». Elle représente en effet la première cause de mortalité infantile et tue un enfant sur cinq avant l’âge de 5 ans. Et en France, ce sont près de 55 000 enfants qui naissent prématurés chaque année selon SOS Préma.
D’où l’importance de se pencher sur les risques sanitaires à long terme associés aux naissances prématurées. Dans ce contexte, une équipe de chercheurs français a récemment conduit une étude sur les risques de la prématurité et de l’insuffisance pondérale à la naissance pour la santé à l’âge adulte.
Quels liens entre prématurité, insuffisance pondérale à la naissance et pathologies à l’âge adulte ?
Dans le cadre de cette étude, les scientifiques se sont intéressés aux participants de la cohorte française « Constances », inclus de février 2012 à octobre 2020, et nés de naissances uniques ou multiples.
À savoir ! La cohorte « Constances » désigne un échantillon national d’environ 220 000 volontaires âgés de 18 à 69 ans au départ et vivant dans 20 départements de France métropolitaine.
Les données ont été recueillies dans la cohorte principalement au moment de l’inscription par le biais de questionnaires et d’examens cliniques et paracliniques réalisés dans un centre médical dédié. Puis au cours du suivi, chaque participant a rempli annuellement un questionnaire afin de mettre à jour les données de base et recueillir des données supplémentaires.
S’agissant des données sur l’âge gestationnel, elles ont été recueillies exclusivement à partir à partir des déclarations des participants après consultation de leur carnet de santé (systématiquement fourni à la naissance en France depuis 1945). Mais vu la précision variable de cette donnée, les scientifiques ont considéré uniquement deux classes :
- La classe des naissances prématurées (<37 semaines d’aménorrhée)
- La classe des naissances non prématurées (≥37 semaines d’aménorrhée).
Les chercheurs ont ensuite eu recours à des méthodes de modélisation pour évaluer les associations entre les naissances prématurées, le poids à la naissance et plusieurs symptômes et pathologies observables à l’âge adulte.
Des risques accrus pour la santé à l’âge adulte
De cette étude dénombrant 5,15 % de naissances prématurées, il en ressort qu’une naissance prématurée est associée à l’âge adulte à des risques plus élevés de :
- Maladies métaboliques (syndrome métabolique, obésité, stéatose hépatique, etc.)
- Dyslipidémies.
- Symptômes allergiques et atopiques.
A savoir que le risque accru d’hypertriglycéridémie et de syndrome métabolique est significativement plus élevé pour les femmes, et que le risque accru de symptômes allergiques et atopiques est quant à lui significativement plus élevé chez les hommes.
Quant au faible poids à la naissance chez les bébés non prématurés, il est associé à l’âge adulte à des risques de :
- Prédiabète
- Hypertension artérielle.
Mais étrangement, les scientifiques n’ont pas observé d’association entre le faible poids de naissance sans prématurité et l’obésité, contrairement à ce qui avait pu être observé dans une précédente étude sur la cohorte Constances. Pour les chercheurs, cette nouvelle étude démontre ainsi que cette association dépend de la cause de l’insuffisance pondérale (prématurité ou retard de croissance intra-utérin).
Publiés dans la revue Pediatric Research, ces résultats mettent en lumière les relations entre prématurité, poids de naissance et pathologies de l’adulte. Ce faisant, les auteurs de l’étude estiment que le poids et le terme de naissance devraient plus souvent être pris en compte dans les mesures de dépistage et de prévention des maladies du jeune adulte.
Déborah L., Dr en Pharmacie
– Long-term health in individuals born preterm or with low birth weight: A cohort study. Pediatric research. www.nature.com. Consulté le 22 juillet 2024.