Prévention de la maladie d’Alzheimer : les bénéfices d’un régime riche en graisses pendant la vie in-utero

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Rédigé par Julie P. et publié le 11 septembre 2019

Pour mieux comprendre les mécanismes expliquant la survenue de la maladie d’Alzheimer, les chercheurs travaillent à mieux cerner les facteurs de risque et les facteurs de protection. Sur cette piste, une équipe américaine vient de montrer, chez la souris, qu’un régime riche en gras pendant la gestation pourrait diminuer le risque que les souriceaux développent, à l’âge adulte, la maladie neurodégénérative. Décryptage des travaux parus dans la revue Molecular Psychiatry.

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Transmission maternelle de la maladie : l’importance des facteurs environnementaux

On sait déjà que, chez l’homme, il existe une forme de transmission maternelle de la maladie d’Alzheimer (MA). Ainsi, les personnes dont la mère développe la MA après 65 ans ont un risque accru de développer également la maladie dans les mêmes âges. Cependant, jusqu’à aujourd’hui, aucun gène qui pourrait expliquer la transmission maternelle n’a été identifié.

Ainsi, les spécialistes de la maladie d’Alzheimer avancent que cette transmission serait davantage causée par des facteurs environnementaux qu’héréditaires. L’une des causes les plus probables serait l’hygiène de vie adoptée par la mère pendant la grossesse.

Pour explorer cette piste, l’équipe de chercheurs encadrés par le Docteur Praticò de la faculté de médecine Lewis Katz de l’université de Temple à Philadelphie, ont décidé d’étudier dans quelles mesures un régime riche en gras pendant la gestation influence-t-il le risque de survenue de la MA pour la progéniture.

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Des souriceaux protégés de la maladie à l’âge adulte

Pour mieux comprendre cette relation, les chercheurs ont réalisé leurs expériences sur des souris conçues pour développer la maladie d’Alzheimer.

À savoir ! Les chercheurs ont utilisé un modèle bien connu de souris prédisposées à être atteintes de la maladie d’Alzheimer : le modèle triple transgénique. Ces rongeurs développent trois caractéristiques clés de la maladie: une altération de la mémoire, des plaques amyloïdes et des enchevêtrements neurofibrillaires

Pendant la gestation, deux groupes de souris ont été formés : le premier bénéficiant d’un régime riche en graisses et le deuxième, d’un régime alimentaire classique. Après la naissance et pendant la période de lactation, toutes les mères ont bénéficié d’un régime alimentaire normal. Les souriceaux ont également étaient nourris, après leur naissance,  avec un régime alimentaire normal.

À l’âge de 11 mois (stade adulte), les chercheurs ont comparé les deux groupes de progéniture.

Les souris ayant bénéficié d’un régime riche en graisses pendant leur vie in utero présentaient :

  • De meilleures capacités d’apprentissage et de mémoire (mémoire spatiale et mémoire de travail) ;
  • Une meilleure connexion au niveau de leurs synapses (zone de communication entre les neurones) ;
  • Des taux plus bas de protéines bêta-amyloïde.

À savoir ! e peptide (petite protéine) bêta amyloïde est une petite protéine présente de manière naturelle dans le cerveau, mais aussi, dans la circulation sanguine. Il est montré que sa présence baisse la fluidité de la communication entre certains neurones au niveau de leur point de jonction, appelé synapse. Pendant le développement de la MA, cette petite protéine va s’accumuler à l’extérieur des neurones et former des amas, toxiques pour les cellules nerveuses, appelées plaques amyloïdes ou plaques séniles. La présence de ces plaques additionnées de la présence de la protéine Tau phosphorylée aboutirait à la dégénérescence des neurones chez le malade.

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Une désactivation des gènes impliqués dans la maladie d’Alzheimer

En explorant le profil génétique des deux populations de souris, les chercheurs ont mis en évidence que les descendants des mères ayant bénéficié d’un régime riche en graisses pendant la gestation n’exprimaient pas trois gènes connus pour être impliqués dans la MA.

Et notamment, le gène codant pour la bêta-sécrétase, le gène codant pour la protéine Tau (Tubulin-associated unit) et enfin, celui responsable de la synthèse de la protéine CDK5 impliquée dans la régulation de la protéine Tau.

À savoir ! a protéine tau est responsable des enchevêtrements neurofibrillaires. Des structures soupçonnées de contribuer au dysfonctionnement des cellules nerveuses du cerveau et responsables de certains symptômes de la MA.

Pour aller plus loin et comprendre les mécanismes expliquant cette désactivation génétique, l’équipe du Dr Praticò a réalisé des séquençages de génome dès les premiers stades de développement des souris. Résultats ? Les trois gènes étaient désactivés chez la progéniture, car le régime riche en graisses augmentait l’activité inhibitrice de la protéine FOXP2, un facteur de transcription.

« Nos résultats suggèrent que, pour être efficace, la prévention de la maladie d’Alzheimer doit probablement commencer très tôt dans la vie. Et notamment, pendant la gestation » a déclaré le Dr Praticò dans un communiqué de presse de l’université de Temple.

Désormais, l’équipe projette de comparer, toujours sur le modèle murin de la MA, les effets d’un régime riche en graisses à ceux d’autres régimes, notamment les régimes riches en sucres et en protéines et un régime semblable au régime méditerranéen.

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Julie P., Journaliste scientifique

High-Fat Diet In Utero Protects Against Alzheimer’s Disease Later in Life Molecular Psychiatry. Consulté le 16 Juillet 2019.
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