Le syndrome de Hutchinson-Gilford ou progeria est une maladie génétique extrêmement rare provoquant un vieillissement prématuré et une espérance de vie n’excédant pas 13 ans. Deux équipes de chercheurs, espagnole et américaine, viennent de réaliser une avancée importante en réussissant, chez la souris, à supprimer la séquence d’ADN responsable de la mutation génétique.
Quelques mots sur la maladie
Le syndrome de Hutchintson-Gilford, nommé également progéria, est une maladie rare touchant un enfant sur 4 à 8 millions. Aujourd’hui, une centaine d’enfants dans le monde sont atteints.
A partir de sa naissance, l’enfant touchée par cette maladie vieillit de 10 ans en une année. Il souffre d’alopécie (perte des cheveux) et d’une peau très fine et fragile. Il ressent rapidement des douleurs articulaires et des problèmes cardiaques. En revanche, ses capacités cognitives ne sont pas touchées par la mutation génétique.
C’est en effet une mutation spontanée (non présente chez les parents) au niveau du gène LMNA sur le chromosome 1 qui provoque tous ces troubles.
C’est en 2003 qu’une équipe française dirigée par Nicolas Lévy de la faculté de médecine Timone à Marseille a découvert la version mutée du gène que l’on retrouve dans 90 % des cas connus de progéria. Ce gène est notamment responsable de la synthèse des protéines lamines A et C présentes dans la membrane des noyaux des cellules.
Quand le gène est muté, la protéine est incomplète et se nomme progérine. Elle reste ancrée dans la membrane nucléaire et son accumulation provoque une déformation du noyau et des dysfonctionnements cellulaires.
À savoir ! La progérine s’accumule normalement dans l’organisme autour de 50 et 60 ans.
Cette maladie appartient aux laminopathies, un ensemble de pathologies caractérisées par des troubles musculaires, cardiaques, neurologiques, osseux ou cutanés.
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L’espoir de l’outil biomoléculaire Crispr-Cas 9
Aujourd’hui, les traitements médicaux concernant cette maladie consistent essentiellement à soulager les symptômes et réduire les douleurs ressenties. Des pistes sont en cours d’étude sur l’utilisation d’agent pharmacologique permettant de « décrocher » la progérine de la membrane nucléaire des cellules (mise sur le marché du lonafarnib) ou l’inhibition de la production de lamines.
Cependant, et grâce à de nouvelles méthodes biotechnologiques, tout un espoir renait pour aller modifier le gène muté.
De manière inédite, deux équipes de chercheurs de l’Institut Salk de la Jolla en Californie et d’Oviedo en Espagne ont réussi, chez le modèle murin, à ralentir l’évolution de la maladie grâce à l’utilisation des ciseaux génétiques Crispr-Cas 9.
À savoir ! CRISPR-CAS9 est une technique d’édition génétique permettant de remplacer, à moindre coût et efficacement, une portion d’ADN par une autre à un endroit précis du génome. Elle a été mise au point en 2012 par un duo franco-américain réunissant Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna. Aujourd’hui, le nombre de travaux utilisant cette technique explose : modification génétique des anophèles pour lutter contre le paludisme, essais sur des embryons humains, recherche sur la myopathie de Duchenne et autres maladies génétiques.
Avec ces ciseaux génétiques, les biologistes ont réussi à corriger la mutation génétique sur la souris. Ensuite, en analysant les conséquences de cette modification génétique, les chercheurs se sont aperçus que l’espérance de vie du rongeur s’est considérablement rallongée, autour de 50%, même avec 2 à 10% des cellules corrigées.
La route est encore longue avant de proposer un tel traitement à l’homme. Pour l’instant, les chercheurs vont poursuivre les travaux pour s’assurer de l’innocuité de ce traitement sur le modèle animal.
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Julie P., Journaliste scientifique
– Progéria (syndrome de Hutchinson-Gilford)- Comprendre la maladie rarissime des « enfants-vieillards ». Dossier INSERM. Consulté le 13 mars 2019.