Psychologie : quels sont les mécanismes de l’emprise ? 

En amour et en amitié, au travail et dans la famille…l’emprise psychologique peut survenir dans toutes les formes de relations. Quels sont les signes indiquant une forme d’emprise ? Comment se sortir de cette relation de domination et se reconstruire ? Eclairage. 

Comment définir l’emprise ? 

L’emprise psychologique est un processus d’influence contraignante par lequel un individu amène une autre personne à se soumettre, à douter d’elle-même, voire à perdre toutes possibilités d’agir selon sa volonté.  

La victime, enfermée dans sa souffrance, rencontre des difficultés à identifier cette forme de domination. Tout d’abord parce que l’emprise est insidieuse, invisible et progressive et surtout parce qu’elle est alimentée paradoxalement par de la fascination et de la peur. Une peur qui peut pétrifier et faire obstacle au raisonnement et aux actions. 

En résumé, on peut assimiler l’emprise à une forme d’aliénation qui affecte l’intégrité psychique de la victime et sa capacité de jugement. 

Dans le quotidien, la personne victime d’emprise psychologique est soumise à :  

• Un isolement familial, social, et/ou professionnel ;  

• Des dévalorisations par la culpabilisation, l’humiliation et la critique ;  

• Un harcèlement de toutes sortes ;  

• Des intimidations par des menaces ;  

• De la peur pour elle-même ou ses proches :  

• Un sentiment d’insécurité ou de terreur ; 

• Un brouillard mental et des contradictions se matérialisant par des mensonges, des doubles discours et la remise en question par le manipulateur de sa parole et de sa santé mentale ;  

• Une dépendance affective ou matérielle ;  

• Une perte de liberté dans ses choix et ses pensées. 

 Cette emprise psychologique peut apparaitre dans le cadre de violences conjugales ou intrafamiliales, de relations toxiques au travail ou dans la sphère amicale, dans les sectes et dérives sectaires, dans les organisations autoritaires et dans les manipulations narcissiques. 

A la différence de la manipulation psychologique, l’emprise psychologique est une influence néfaste qui dure dans le temps, progresse par paliers et reste souvent inconsciente par la victime. 

Quelles conséquences pour les victimes ? 

Ce qu’il faut retenir, c’est que la personne sous emprise psychologique est une personne qui vit en permanence dans le stress et l’anxiété. Ses pensées et ses émotions ne sont pas contrôlables et on observe souvent une hyper réactivité émotionnelle. Ce talon d’Achille est exploité par son prédateur qui va remettre en question sa santé mentale, on parle alors de « gaslighting ». La victime perd son estime d’elle-même et sa confiance. Progressivement, une dépression peut s’installer, conduisant potentiellement à des idées suicidaires. 

Les victimes de l’emprise psychologique présentent donc :  

• Un sentiment de confusion et de vide ;  

• Une perte de confiance en soi ;  

• Une anxiété quasi permanente pouvant évoluer en état dépressif et en dépression sévère ;   

• Des troubles de l’identité ou du comportement (impulsivité, tristesse importante) ; 

• Des difficultés à rompre le lien toxique. 

Comment se sortir d’une relation d’emprise ? 

Qualifié de complexe et long, le processus visant à s’extirper d’une relation d’emprise est possible grâce à une prise de conscience et un réseau de soutien et de bienveillance.  

Première étape : prendre conscience de l’emprise. Une étape qui est d’autant plus difficile que la victime doute d’elle-même et qu’elle a idéalisé son bourreau. Pour se rendre compte de cette emprise, il est recommandé d’identifier les mécanismes de domination, de reconnaitre que la relation n’est pas saine même si elle n’est pas forcément violente physiquement et de s’informer auprès d’autres victimes. Ecouter les témoignages des autres victimes permet en effet de relever des similitudes et de mettre en mot ce que l’on a vécu. 

Deuxième étape : rompre le silence et en parler autour de soi, auprès d’une personne de confiance, d’un professionnel de la santé mentale (psychologue, psychiatre) et/ou contacter des associations spécialisées. 

Pour se sortir de la relation, il est aussi indispensable de préparer sa rupture, au grand jour ou en discrétion, en se sécurisant. Prévoir ainsi de rassembler ses ressources matérielles indispensables (document administratif, économies) et de s’assurer d’être hébergé. Si des violences physiques sont possibles, il est nécessaire de ne pas confronter directement son prédateur et de mettre en place des mesures de protection. Par exemple, contacter ses proches pouvant assurer une forme de sécurité et/ou le 3919 (ligne pour les violences conjugales). 

Après la rupture du lien, il faut, en troisième étape, se reconstruire. En effet, un conditionnement psychologique à l’œuvre pendant plusieurs mois ou années provoque des peurs, une culpabilité et une estime de soi érodée. Plusieurs méthodes permettent de retrouver ses aptitudes : thérapie, atelier de parole et reprise des activités personnelles (sport, formation, loisirs). 

Ces étapes ne sont pas forcément linéaires et retomber sous emprise est une possibilité. Plusieurs tentatives sont parfois nécessaires pour se libérer de cette aliénation psychologique.