En 2017, 8 214 décès par suicide ont été recensés en France. Chaque année, environ 200 000 tentatives de suicide sont recensées. Le risque suicidaire est ainsi un enjeu majeur de santé publique. Pourtant la prévention reste majoritairement secondaire. Une équipe de l’INSERM a développé un site internet et une application mobile, dédiés à la prévention primaire du risque suicidaire.
Informer pour combattre le mal-être
La France présente un taux de suicides parmi les plus élevés d’Europe, faisant du risque suicidaire un enjeu majeur de santé publique. Pourtant, les moyens de prévention déployés jusqu’ici concentraient leurs efforts sur la prévention secondaire, c’est-à-dire les personnes ayant déjà évoqué des idées suicidaires ou ayant déjà réalisé une tentative de suicide.
Pour élargir les moyens de prévention primaire, une équipe de recherche de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) a développé un site internet et une application mobile qu’ils ont baptisés Stopblues. Ces nouveaux outils s’adressent à l’ensemble de la population, pour combattre le mal-être, et ainsi prévenir ses conséquences parfois graves, que sont :
- La dépression et les troubles dépressifs majeurs
- Les conduites suicidaires.
Le premier objectif de Stopblues est d’informer et de sensibiliser sur le mal-être, car de nombreuses personnes sont incapables de reconnaître leur propre souffrance psychologique.
Stopblues en pratique
L’outil Stopblues regroupe plusieurs fonctionnalités complémentaires, qui peuvent être utilisées de manière totalement indépendante les unes des autres.
La première rubrique rassemble une mine d’informations sur le mal-être, encore appelé le blues ou la déprime. Ces informations se déclinent sous la forme de vidéos explicatives de professionnels et de témoignages de patients sur leur expérience. L’objectif est de sensibiliser le plus grand nombre sur quatre thématiques associées au mal-être :
- Les signes associés à la souffrance psychologique ;
- Les multiples causes du mal-être ;
- L’implication de tous, car la souffrance psychologique peut frapper n’importe quelle personne à un moment donné de sa vie ;
- Les mécanismes reliant les idées noires, les pensées suicidaires, la crise suicidaire et le suicide.
Parallèlement d’autres outils sont mis à disposition des utilisateurs de Stopblues :
- « Où j’en suis ? » : des quizz pour évaluer l’état psychologique et suivre l’évolution du moral en quelques clics ;
- Des explications sur les solutions existantes face au mal-être :
- L’intérêt de parler avec l’entourage, le médecin, des professionnels ou des associations ;
- Les bénéfices de la psychothérapie et/ou des traitements médicamenteux ;
- Des actions simples à mettre en place au quotidien pour aller mieux ;
- Une carte des ressources disponibles (médecins, psychologues, associations, lieux d’écoute…) dans un environnement proche, grâce à une fonction de géolocalisation ;
- Un plan de soutien à renseigner pour gérer au mieux les passages difficiles ;
- Des trucs et astuces pour se sentir mieux, tels que des jeux, de la musique, des exercices de relaxation, etc. ;
- Un bouton d’urgence, qui permet en un seul clic d’être en contact avec une aide préalablement renseignée (proches, médecin, services d’urgence).
Bientôt une évaluation après un déploiement national
Pour faciliter la diffusion de Stopblues, pas moins de 42 villes à travers toute la France ont accepté de promouvoir l’application mobile, grâce à de l’affichage, des panneaux électroniques ou des flyers chez les commerçants. Les médecins généralistes s’impliquent également dans ce déploiement, avec des affiches et des prospectus distribués dans leurs cabinets.
A terme, l’objectif des créateurs de Stopblues est de toucher directement 4 à 5 millions de personnes et de susciter l’implication de tous autour de la prévention du risque suicidaire.
Pour estimer l’efficacité de ce nouveau dispositif, un programme d’évaluation est mis en place pour mesurer l’impact de Stopblues. Les réponses aux quizz seront notamment prises en compte pour évaluer l’efficacité de l’application mobile. Si les utilisateurs donnent expressément leur accord, leurs données pourront être utilisées après avoir été rendues strictement anonymes.
Les résultats de cette évaluation devraient permettre d’améliorer Stopblues, mais aussi de créer d’autres outils de prévention du mal-être et de ses conséquences. Les chercheurs envisagent notamment de développer des applications spécifiques dédiées à la prévention du suicide chez les 15-25 ans ou encore à la souffrance psychologique au travail.
Financé par Santé Publique France, Stopblues est disponible depuis le 15 janvier 2018 et permet à chacun de mieux cerner où il en est par rapport au mal-être et de trouver des solutions pour soi ou pour un proche, en vue de réduire significativement le suicide en France.
Estelle B., Docteur en Pharmacie