Rubéole : une nouvelle maladie à déclaration obligatoire

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Rédigé par Estelle B. et publié le 13 août 2018

La France s’est engagée en 2010 à éliminer la rougeole et la rubéole. Mais à la différence de la rougeole, la rubéole n’a jusqu’ici pas fait l’objet d’un suivi épidémiologique au sein de la population générale. Suite à un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique de janvier 2017, la rubéole a rejoint en mai 2018 la liste des maladies à déclaration obligatoire.

rubéole déclaration obligatoire

Le suivi des infections materno-fœtales par le réseau RENARUB

Saisi par le Directeur Général de la Santé à la fin de l’année 2016, le Haut Conseil de la Santé Publique a récemment étudié l’intérêt d’intégrer la rubéole dans la liste des maladies à déclaration obligatoire en France.

Dès 2010, à l’image de nombreux pays, la France s’est engagée dans un processus d’éradication de la rubéole. Or en France, il n’existait pas de système de surveillance de cette maladie au sein de la population générale. Pourtant, la notification individuelle des cas est une étape nécessaire dans le processus d’élimination d’une maladie.

Compte-tenu de la gravité des infections materno-fœtales de la rubéole, une surveillance épidémiologique de ces cas spécifiques est assurée depuis 1976 par le réseau RENARUB, qui est basé sur environ 150 laboratoires d’analyses, publics et privés, en lien avec le centre national de référence rubéole et Santé Publique France.

D’après les données recueillies par le réseau RENARUB, le nombre annuel d’infections maternelles depuis 2006 est inférieur à 15, le nombre connu de grossesses interrompues suite à une rubéole contractée au cours de la grossesse est inférieur ou égal à 3, le nombre d’infections congénitales inférieur ou égal à 5 et le nombre de nourrissons atteints de rubéole congénitale malformative inférieur ou égal à 3.

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De nombreux arguments en faveur d’une déclaration obligatoire de la rubéole

Au niveau de la population générale, les seules données disponibles sont celles de la couverture vaccinale par le vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole (ROR), avec les chiffres suivants :

  • A 24 mois, une couverture de 91 % pour la première dose et de 77 % pour la seconde dose ;
  • A 6, 11 et 15 ans, une couverture de plus de 96 % pour la première dose et de plus de 83 % pour la seconde dose.

Ces chiffres devraient évoluer à la hausse dans les prochaines années, la vaccination par le vaccin ROR étant devenue obligatoire depuis le 1er janvier 2018 chez tous les nourrissons nés à compter de cette date.

Quels sont les arguments avancés par le Haut Conseil de la Santé Publique en faveur d’une déclaration obligatoire de la rubéole ? La mise en place d’un tel dispositif est soutenue par plusieurs éléments, notamment :

  • La nécessité d’une surveillance active de la maladie dans le cadre du processus d’éradication de la rubéole ;
  • Le nombre très faible de cas observés associé à une forte couverture vaccinale qui semblent montrer que la France est dans une situation proche de l’élimination de la maladie ;
  • La nécessité de confirmer par des examens biologiques le diagnostic de cette maladie, bénigne dans la population générale, mais grave chez la femme enceinte ;
  • L’existence de disparités au niveau régional, avec l’existence possible de petites épidémies localisées ;
  • Le risque d’une circulation du virus chez les hommes, globalement moins vaccinés que les femmes contre la rubéole;
  • Une amélioration du suivi des infections rubéoleuses pendant la grossesse.

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Désormais sur la liste des maladies à déclaration obligatoire

Le dispositif de déclaration obligatoire de la rubéole repose sur un système de surveillance spécifique de la maladie, intégrant les éléments suivants :

  • La collecte systématique et continue des informations sanitaires ;
  • La validation des données épidémiologiques ;
  • L’analyse de ces données ;
  • Une rétro-information aux différents intervenants.

A partir de l’ensemble de ces informations, des stratégies ciblées de promotion de la vaccination pourront être menées.

Pour pouvoir déclarer les cas de rubéole, les médecins devront avoir la confirmation du diagnostic de la maladie, grâce à des examens biologiques réalisés à partir d’un prélèvement sanguin ou salivaire. La confirmation du diagnostic de la rubéole est nécessaire chez les personnes non correctement vaccinées ou sans preuve d’immunité antérieure et présentant les signes cliniques suivants :

  • Une éruption maculo-papuleuse avec ou sans fièvre ;
  • Au moins un symptôme parmi les signes suivants : un gonflement des ganglions (adénopathies), des douleurs articulaires ou une inflammation des articulations.

Chez les femmes enceintes, la déclaration obligatoire reste renforcée avec une confirmation biologique du diagnostic nécessaire dans les cas suivants :

  • Une femme enceinte ayant reçu moins de deux doses de vaccin, présentant une éruption maculo-papuleuse avec ou sans fièvre et ayant un prélèvement sanguin positif ;
  • Une femme enceinte présentant une séroconversion pour la rubéole entre la 12ème et la 20ème semaine d’aménorrhée.

De même, les cas de rubéole congénitale devront être systématiquement confirmés.

Suite à la publication du rapport du Haut Conseil de la Santé Publique en janvier 2017, un décret de mai 2018 a intégré la rubéole à la liste des maladies à déclaration obligatoire. Une étape clé dans le processus d’éradication de cette maladie.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Mise en place d’une déclaration obligatoire de la rubéole. Rapport du Haut Conseil de la Santé Publique. 20 janvier 2017.
– Décret n° 2018-342 du 7 mai 2018 complétant la liste des maladies faisant l’objet d’une transmission obligatoire de données individuelles à l’autorité sanitaire. JORF n°0107 du 10 mai 2018. Texte n° 16. NOR: SSAP1808986D.