Rugby, quel suivi pour les commotions cérébrales ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 2 octobre 2023

La coupe du monde de rugby 2023 bat son plein depuis le 8 septembre dernier. Le rugby est un sport de contact et d’évitement dans lequel les chocs subis par les joueurs peuvent donner lieu à des commotions cérébrales, une forme de traumatismes crâniens. A cette occasion, l’INSERM fait le point sur les enjeux de ces commotions pour la santé à court, moyen et long terme des joueurs. Explications.

Commotions cérébrales rugby

Rugby et commotions cérébrales

Les commotions cérébrales sont considérées comme des traumatismes crâniens légers, mais elles n’en demeurent pas moins des traumatismes crâniens, susceptibles d’avoir des conséquences sur la santé des patients, immédiatement, dans les semaines suivantes ou des années plus tard. Parmi les facteurs de risque de commotion cérébrale, se trouve la pratique de certains sports de contact, comme le rugby.

La survenue d’une seule commotion cérébrale pose généralement peu de problèmes. Avec quelques jours de repos, les symptômes cessent sans séquelles dans 90 % des cas. Dans les sports à risque comme le rugby, le principal enjeu posé par les commotions cérébrales est leur répétition dans le temps, parfois à un rythme assez rapide, qui ne laisse pas le temps au cerveau de totalement récupérer entre deux commotions. Face à ce problème, des dispositifs réglementaires ont été mis en place pour prendre en charge les commotions cérébrales des joueurs et encadrer leur retour à la pratique sportive après une totale guérison.

Un repérage des commotions en direct pendant le match

Malgré l’existence de tels dispositifs, certains spécialistes s’inquiètent de la répétition des commotions cérébrales et de leurs conséquences sur la santé des joueurs de rugby. Les travaux des scientifiques et des médecins ont permis de faire progresser le diagnostic précoce des commotions cérébrales, pendant le match de rugby. Les outils de supervision vidéo permettent de repérer en direct pendant le match les signes évocateurs d’une commotion cérébrale :

  • Le joueur paraît assommé, très fatigué ;
  • Le joueur titube ;
  • Le joueur semble confus ;
  • Le joueur montre une faiblesse musculaire au niveau des épaules.

Le repérage de ces signes permet d’immédiatement faire sortir le joueur du terrain pour des examens complémentaires pour diagnostiquer la commotion cérébrale. Une fois diagnostiquée et prise en charge, à quel moment le joueur peut-il reprendre le chemin du stade ? Les spécialistes rencontrent plusieurs difficultés à ce niveau, car ils manquent d’examens pertinents pour s’assurer de la guérison totale de la commotion. Rapidement, les symptômes disparaissent, et plus aucun signe n’est visible au scanner.

Quel suivi pour les amateurs et les jeunes ?

Les chercheurs tentent d’identifier des marqueurs sanguins, qui leur permettraient de suivre la récupération du joueur après une commotion cérébrale. L’un des marqueurs utilisés chez les joueurs de football américain (très exposés au risque de commotion cérébrale), S100-B, se révèle pertinent chez les joueurs de rugby mais difficile à utiliser en pratique. Ce marqueur est également augmenté si le joueur a reçu des coups à d’autres endroits du corps et il varie d’un joueur à l’autre en fonction de différents paramètres (âge, poids, origine ethnique, …). Chaque joueur a donc un taux de S100-B différent avant le match, tous les joueurs ont un taux augmenté pendant 36 à 48 heures après le match, et seuls les joueurs atteints de commotion ont un taux qui reste élevé après 48 heures.

Une alternative est l’imagerie médicale et en particulier l’IRM fonctionnelle (Imagerie par Résonance Magnétique), qui a montré son intérêt dans une récente étude. Ces approches permettent de mieux suivre les joueurs dans les jours et semaines qui suivent la commotion. Mais reste le problème du suivi à long terme, notamment en cas de répétition des commotions cérébrales. Différentes études s’intéressent à cette question et ont déjà suggéré la possibilité de troubles de l’humeur ou d’atteintes neurodégénératives sévères. Enfin, si le suivi des joueurs professionnels s’est largement renforcé, les joueurs amateurs, les jeunes et les joueuses ne bénéficient pas à ce jour du même suivi !

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Source
– Commotions au rugby : un casse-tête pour la recherche. www.inserm.fr. Consulté le 11 septembre 2023.