Santé au travail : une hausse de la reconnaissance des accidents de travail liés aux troubles psychiques !

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Rédigé par Julie P. et publié le 21 septembre 2019

Insomnies, stress et anxiété, surmenage… le travail peut mettre la santé mentale à rude épreuve. Selon une étude de la revue mensuelle Prescrire, les troubles psychiques reconnus comme accidents de travail ou maladie professionnelles sont en hausse. Même si les 10 000 cas de troubles pyschiques reconnus comme accidents de travail en 2016 ne représentent que 1,6 % des accidents de travail toutes causes confondues, ils sont 60% plus importants qu’en 2011.

Troubles psychiques au travail : une tendance à la hausse

En 2016, 10 000 cas de troubles psychiques (dépressions, troubles anxieux, états de stress post-traumatique ou burn out) ont été reconnus au titre des accidents du travail, et 600 au titre des maladies professionnelles.

L’étude de la revue Prescrire sur des professionnels du secteur privé montre que :

  • 58% des cas concernent les femmes, une population plus exposée aux risques psychosociaux ;
  • Les risques psycho-sociaux au travail sont retrouvés majoritairement dans les secteurs professionnels de la médecine et du social, des transports de voyageurs et dans le commerce de détail ;
  • Les arrêts de travail sont de 112 jours pour les troubles psychiques reconnus comme accidents du travail (deux fois plus longs que pour la moyenne de tous les accidents du travail) et de 400 jours pour ceux reconnus comme maladie professionnelle ;
  • Le coût pour l’Assurance Maladie associé est de 230 millions d’euros.

Même si ces chiffres permettent de mettre en avant une tendance à la hausse de la reconnaissance des troubles psychiques en lien avec le travail, ils ne permettent pas d’avoir une vision exhaustive de la souffrance psychique associée aux conditions professionnelles.

Plusieurs raisons expliquent ce manque de précision: la difficulté de faire reconnaitre les troubles psychiques comme maladies ou accidents du travail (opposition de l’employeur, craintes de l’employé et/ou procédure administrative complexe) et le statut menacé des médecins du travail en charge de la reconnaissance du lien.

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Evolution des risques psychosociaux entre 2013 et 2916

Dans une étude sur les conditions de travail en 2016, la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du Ministère du Travail) a interrogé 27 000 personnes travaillant dans le secteur privé et public.

En comparant les résultats de cette étude statistique à ceux obtenus en 2013, les experts de la DARES montrent que :

  • Le travail dans l’urgence continue à augmenter et notamment pour les femmes travaillant dans les emplois administratifs et les employés de commerce et de service ;
  • Les normes de production à satisfaire en une journée tendent à augmenter tout comme le rythme de travail (compression des délais) ;
  • Le travail tend à devenir légèrement plus répétitif (43% des sondés en 2016 contre 41% en 2013 et 27% en 2005) ;
  • Une augmentation de 3% entre 2013 et 2016 de la nécessité de devoir abandonner une tâche pour une autre plus urgente chez les femmes ;
  • L’impossibilité de quitter son travail des yeux (hausse de 4% entre 2013 et 2016) ;
  • Un nombre croissant de salariés qui est en contact avec le public (62% en 1998 contre 73% en 2016, principalement dans la fonction publique d’Etat et la fonction publique hospitalière) les oblige, pour 46% d’entre eux, à devoir côtoyer des personnes en situation de détresse et pour 54% d’entre eux devoir être obligé de calmer des individus.

Cependant, entre 2013 et 2016, les trois facteurs de risques psychosociaux que sont la charge mentale, les exigences émotionnelles et les conflits de valeur sont en légère baisse. La DARES explique notamment que « le recul de ces risques peut résulter d’une plus grande attention des managers et des salariés aux conflits interpersonnes au travail dans le cadre d’une sensibilisation médiatique et politique du harcèlement moral et aux risques psychosociaux ».

Cependant, il est difficile d’expliquer aujourd’hui pourquoi le nombre de troubles psychiques reconnus comme accident du travail ou maladies professionnelles est en augmentation de 60% entre 2011 et 2016.

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte (augmentation des risques psychosociaux, recul de l’inhibition chez les salariés pour faire reconnaitre leur trouble psychique, encouragement des employeurs, reconnaissance plus importante du lien) et leur influence relative sur le phénomène de la reconnaissance des troubles psychiques dans le travail reste encore à élucider.

En France, ce sont aujourd’hui les lombalgies et les troubles musculo-squeletiques qui sont reconnus majoritairement comme accidents ou maladies liés au travail. Chaque année, leur coût associé est de 1,8 milliard d’euros pour l’Assurance maladie.

Reste à savoir dans quelles mesures ces troubles physiques peuvent aussi être accompagnés, en amont de leur reconnaissance comme maladies ou accidents professionnels, par des troubles psychiques.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Quelles sont les évolutions récentes des conditions de travail et des risques psychosociaux ? DARES-Ministère du travail. Consulté le 16 Septembre 2019.
– Troubles psychiques d’origine professionnelle Prescrire.org. Consulté le 16 Septembre 2019.