La scolarité d’un enfant HPI : un parcours pas toujours simple à vivre

Par |Publié le : 20 juin 2025|Dernière mise à jour : 17 juin 2025|3 min de lecture|

Précoces, curieux, empathiques… mais souvent incompris. À l’école, les enfants à haut potentiel intellectuel (HPI) peuvent vite se retrouver en décalage. Résultat : ennui, isolement, harcèlement, perte de confiance. Comment mieux les comprendre et les accompagner ? Éléments de réponse avec Christel Petitcollin, spécialiste de la surefficience mentale et autrice de Mon enfant pense trop (Éd. Guitre et Daniel).

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Un enfant est considéré comme HPI lorsque son QI dépasse 130. Mais tous ne sont pas « détectés ». « Certains ont un profil hétérogène : ils ne rentrent pas dans les cases, mais fonctionnent tout de même comme des HPI, avec une pensée arborescente et très complexe », explique Christel Petitcollin.

Ce sont souvent les parents qui repèrent ces différences. « Ils voient que leur enfant est curieux, très éveillé, en avance… Mais tant que tout va bien à l’école, il n’y a pas vraiment lieu de le faire tester. » Les difficultés surviennent lorsque l’enfant commence à ne plus « rentrer dans le moule » scolaire.

Des élèves qui bousculent les codes

À l’école, ces enfants peuvent sembler déroutants. Ils ont tendance à traiter les adultes comme des égaux, à refuser les jeux collectifs ou à contester les règles. « Ils ne captent pas les implicites sociaux, ce qui les rend difficiles à comprendre pour les enseignants. »

Ils peuvent aussi paraître « insolents », simplement parce qu’ils ne saisissent pas qu’un ordre a été donné. Ajoutez à cela des intérêts très différents de ceux de leurs camarades, et le décalage s’accentue. « Ils sont parfois vus comme “à part”, avec leurs passions pour les dinosaures ou le corps humain, quand les autres parlent de jeux ou de séries à la mode. »

L’ennui, un problème central

« Lors d’un atelier, des enfants HPI m’ont dit : “Je m’ennuie à hurler.” » Et pour les adultes qui ont du mal à se représenter cette souffrance, Christel Petitcollin utilise une image parlante : « C’est comme si vous passiez vos journées enfermés dans une réunion de copropriété. »

Pour ces enfants, l’école peut vite devenir un lieu de frustration. « Ils ont un cerveau qui mouline en permanence. S’ils ne sont pas stimulés, ils décrochent. »

Harcèlement, anxiété, suradaptation : les risques invisibles

Souvent incompris, ces enfants se suradaptent. « Ils deviennent trop gentils, s’oublient, développent un faux self pour être acceptés. » Cette hyperadaptation finit par générer de l’anxiété et une perte de confiance.

Et quand ils ne se suradaptent pas, ils deviennent parfois la cible des autres. « Le harcèlement commence dès la grande section de maternelle, et peut se poursuivre jusqu’à la fac. Dans mon cabinet, 100 % des HPI adultes ont été harcelés. »

Un accompagnement encore trop lacunaire

Le test de QI, souvent coûteux, permet un diagnostic, mais n’est pas toujours suivi d’un réel accompagnement. « Beaucoup d’enseignants disent : ‘Il est surdoué, il n’a pas besoin de moi’. Or, ces enfants ont un besoin vital d’être nourris intellectuellement. »

Christel Petitcollin insiste : « Quelques aménagements simples suffiraient : leur expliquer le programme, proposer des recherches supplémentaires, leur donner du sens. » Certaines associations l’AEHPI (Association pour l’Épanouissement des Hauts Potentiels Intellectuels) sensibilisent les équipes pédagogiques à ces besoins.

Des enfants qui ont besoin de sens… et de lien

Pour qu’un enfant HPI s’épanouisse à l’école, deux conditions sont indispensables : « Il faut que la matière ait du sens, et que l’enseignant soit charismatique. » Sans cela, il se désengage. Ce sont aussi des enfants qui apprennent par défi : « Il faut leur proposer des challenges positifs, constructifs. Sinon, ils sont capables de relever les plus absurdes, y compris dangereux, pour exister. »

Comprendre leur fonctionnement est essentiel. « Ce sont des enfants qui ont un cerveau qui complique ce qui est simple et simplifie ce qui est complexe. Il faut leur apprendre à en prendre conscience, à apprivoiser cette intelligence. Une fois qu’ils ont la permission d’être eux-mêmes, ils s’apaisent. »

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.