Se protéger contre la bronchiolite, c’est désormais possible !

La bronchiolite, provoquée par le virus respiratoire syncitial (VRS), touche chaque année en France 30 % des nourrissons de moins de 2 ans. Le virus peut aussi provoquer des infections respiratoires parfois graves chez les personnes âgées. Depuis quelques années, les efforts de recherche et de développement portent leurs fruits pour mettre à disposition des vaccins contre les infections à VRS. Dès cet automne, l’ensemble des nourrissons pourraient être protégés par l’arrivée sur le marché d’un nouvel anticorps ! Explications.

Un vaccin contre le VRS pour les femmes enceintes et les personnes âgées

Face aux infections provoquées par le VRS, plusieurs solutions préventives ont été développées ces dernières années et sont progressivement autorisées sur le marché américain et européen. Ces solutions sont des vaccins ou des anticorps monoclonaux (ciblant spécifiquement des protéines du virus), qui sont destinés :

• soit aux nourrissons touchés par des épidémies hivernales de bronchiolite ;
• soit aux personnes âgées, qui peuvent également développer des infections graves.

Commençons par présenter les vaccins. Un premier vaccin a reçu un avis favorable de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) le 20 juillet 2023. Ce vaccin est le premier vaccin anti-VRS qui pourrait être disponible en Europe, une fois que la Commission Européenne aura donné son autorisation. Ce vaccin, administré en une dose intramusculaire, permet d’immuniser :

• les personnes âgées d’au moins 60 ans pour la prévention des infections des voies respiratoires inférieures (pneumonies) provoquées par le VRS ;
• les femmes enceintes et donc par immunisation passive les nourrissons de la naissance à 6 mois. En vaccinant les femmes enceintes, les anticorps maternels passent dans le sang placentaire et permettent de protéger le nourrisson pendant les premiers mois de sa vie.

Un, puis deux anticorps monoclonaux contre la bronchiolite

Parallèlement aux vaccins, les chercheurs ont développé des anticorps monoclonaux ciblant spécifiquement des protéines du virus pour protéger les nourrissons de la bronchiolite. Dès 1999, un premier anticorps monoclonal (palivizumab) neutralisant le VRS a été mis sur le marché européen, mais il était réservé aux nourrissons prématurés (nés avant 35 semaines de grossesse) ou aux nourrissons présentant un risque élevé de forme grave de l’infection par le VRS :

• Les nourrissons de moins de 2 ans ayant nécessité un traitement pour dysplasie bronchopulmonaire (pneumopathie chronique du nouveau-né faisant souvent suite au recours à une ventilation prolongée) au cours des 6 derniers mois ;
• Les enfants de moins de 2 ans atteints d’une cardiopathie congénitale avec un retentissement hémodynamique.

Depuis la fin de l’année 2022, ce premier anticorps monoclonal avait été rejoint par un second (nirvesimab), indiqué cette fois dans la protection de l’ensemble des nourrissons durant leur première d’année d’exposition au virus. Disposant d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne, cet anticorps attendait le feu vert des autorités sanitaires françaises pour être disponible avant le début de la prochaine épidémie hivernale. La Direction Générale de la Santé avait annoncé une décision pour cet été 2023, et la Haute Autorité de Santé (HAS) vient justement de publier son avis favorable le 2 août 2023. Cet anticorps sera donc disponible dès le mois de septembre 2023 pour protéger les nourrissons de la bronchiolite.

Vers la fin des épidémies de bronchiolite ?

Dans son avis, la HAS distingue deux situations :

• Les nourrissons à haut risque d’infection grave, qui étaient déjà éligibles au premier anticorps disponible : la HAS recommande d’utiliser prioritairement le nouvel anticorps au cours de leur première année d’exposition au VRS ;
• Les nourrissons sans risque particulier, qui jusque-là ne pouvaient pas être protégés contre le VRS : la HAS recommande le nouvel anticorps chez tous les nourrissons au cours de leur première année d’exposition au VRS pour prévenir la bronchiolite.

Ce nouvel anticorps devrait être disponible dès le mois de septembre dans les pharmacies et il sera réévalué au bout d’un an par les autorités sanitaires en fonction de son impact sur l’épidémie hivernale de bronchiolite 2023-2024. En pratique, l’anticorps est injecté en intramusculaire en une seule fois et protège le nourrisson pendant au moins 5 mois. Les nourrissons qui naîtront entre octobre 2023 et mars 2024 pourront recevoir la dose avant de quitter la maternité. Les nourrissons de moins d’1 an nés avant octobre 2023 pourront recevoir la dose chez le médecin ou le pédiatre. Pour en savoir plus, demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien. L’impact de ces nouvelles modalités de prévention des infections à VRS sur l’épidémie hivernale de bronchiolite sera bien sûr étroitement surveillé…

Estelle B., Docteur en Pharmacie