Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : 10 idées reçues passées au crible

Par |Publié le : 3 juin 2025|Dernière mise à jour : 30 mai 2025|5 min de lecture|

Le SOPK est un trouble hormonal chronique qui toucherait environ une femme sur dix en âge de procréer. Mal compris, il entraîne souvent un retard de diagnostic et une errance médicale, d’autant qu’il ne se manifeste pas toujours de la même manière. Le Dr Audrey Ménard, gynécologue à la Polyclinique Méditerranée (Elsan) à Perpignan, reprend les idées reçues les plus courantes.

Le SOPK touche uniquement les femmes en surpoids.❌ Faux

Le Syndrome des Ovaires Polykystiques est souvent associé à une prise de poids, mais il peut aussi concerner des femmes très minces. « Il existe aussi un SOPK chez les patientes maigres, et c’est parfois plus difficile à prendre en charge », explique le Dr Ménard. Le lien entre le SOPK et le surpoids vient du fait que ce syndrome est fréquemment associé à une résistance à l’insuline, c’est-à-dire une difficulté du corps à gérer correctement le sucre, ce qui favorise la prise de poids. Cependant, le poids n’est pas un critère de diagnostic en soi. Toute femme présentant des troubles hormonaux ou menstruels doit pouvoir bénéficier d’un bilan adapté.

Avoir des ovaires polykystiques signifie forcément avoir le SOPK.❌ Faux

On peut présenter des ovaires d’apparence polykystique à l’échographie sans pour autant être atteinte du syndrome. « On peut très bien observer des ovaires gros, avec de nombreux petits follicules, sans qu’il y ait de trouble hormonal ni de perturbation du cycle », précise la gynécologue. Ces ovaires, dits multifolliculaires (car contenant de nombreux follicules immatures), sont parfois observés chez des femmes jeunes ou sous stress. Ce n’est pas un signe suffisant pour poser un diagnostic.

Le SOPK est un facteur d’infertilité.✅ Vrai

Le SOPK est l’une des premières causes d’infertilité féminine. « Ce dérèglement hormonal provoque des cycles anovulatoires, donc sans ovulation, ce qui rend plus difficile l’obtention d’une grossesse », rappelle le Dr Ménard. L’ovulation étant irrégulière voire absente, il peut être nécessaire d’avoir recours à un traitement stimulant la fonction ovarienne. « Il existe néanmoins des possibilités de grossesse spontanée ; sinon, les équipes de PMA sont parfaitement habituées à leur prise en charge ».

Le SOPK disparaît après la ménopause.❌ Faux

La fin des règles ne signifie pas la fin du syndrome. « Les troubles métaboliques comme la résistance à l’insuline ou les problèmes de pilosité peuvent persister bien après la fin des cycles », souligne le Dr Ménard. Même si les règles s’arrêtent, le déséquilibre hormonal et les risques associés, notamment métaboliques, subsistent. Un suivi reste donc important, même après la ménopause.

Un dérèglement hormonal est au cœur du SOPK.✅ Vrai

Le SOPK résulte d’un déséquilibre entre deux hormones clés, la FSH et la LH, toutes deux sécrétées par « une petite glande située dans le cerveau (l’hypophyse). « Chez les femmes atteintes de SOPK, le taux de LH reste élevé tout au long du cycle, au lieu de monter uniquement au moment de l’ovulation », explique la spécialiste. Ce mécanisme empêche une ovulation normale, perturbe les cycles et entraîne une production excessive d’androgènes, des hormones masculines.

Une alimentation équilibrée peut aider à mieux vivre avec le SOPK.✅ Vrai

Une alimentation pauvre en sucres rapides comme les produits sucrés industriels, associée à une activité physique régulière, peut significativement améliorer les symptômes. « Il faut surveiller son alimentation toute la vie, car la résistance à l’insuline favorise la prise de poids et augmente le risque de diabète », insiste le Dr Ménard. Perdre quelques kilos peut suffire à rétablir une ovulation chez certaines patientes.

Toutes les femmes atteintes du SOPK ont de l’acné et une pilosité excessive.❌ Faux

Ces symptômes sont dus à un excès d’androgènes, mais ils ne sont pas systématiques. « L’acné et la pilosité excessive sont dus à un excès d’androgènes, mais certaines femmes peuvent ne présenter aucun de ces symptômes », précise la gynécologue. D’autres peuvent au contraire souffrir d’une perte de cheveux ou d’une peau grasse. Les signes visibles varient beaucoup d’une femme à l’autre, et peuvent même évoluer au fil du temps.

Le SOPK augmente le risque de diabète de type 2.✅ Vrai

C’est l’une des complications les plus redoutées du SOPK. « La résistance à l’insuline, très fréquente dans le SOPK, est un facteur majeur de prédiabète, puis de diabète de type 2 », indique le Dr Ménard. C’est pourquoi un suivi métabolique régulier est indispensable, même chez les jeunes femmes, afin de prévenir les complications sur le long terme.

Il existe des traitements pour guérir définitivement le SOPK.❌ Faux

Aujourd’hui, il n’existe aucun traitement curatif du SOPK. « On peut agir sur les symptômes, mais on ne traite pas la cause. Il n’y a pas de traitement disponible actuellement qui guérit la cause du syndrome,», confirme le Dr Ménard. Certains traitements, comme les inducteurs d’ovulation ou la pilule, visent à soulager les manifestations du syndrome, mais pas à en supprimer l’origine.

La pilule contraceptive est souvent prescrite dans le SOPK.✅ Vrai

C’est l’un des traitements de première intention. « La pilule permet de régulariser les cycles et de stabiliser les taux hormonaux, ce qui réduit l’acné et la pilosité», explique la gynécologue. Elle permet également de réduire le risque d’hyperplasie de l’endomètre, un épaississement de la muqueuse utérine qui peut survenir lorsque les cycles sont irréguliers.

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.