Stérilet : types, efficacité et idées reçues à l’occasion de la Journée mondiale de la contraception

Par |Publié le : 24 septembre 2025|Dernière mise à jour : 22 septembre 2025|6 min de lecture|

À l’occasion de la Journée mondiale de la contraception, le 26 septembre, zoom sur le stérilet (ou dispositif intra-utérin, DIU). Longtemps entouré d’idées reçues, il représente pourtant l’une des méthodes contraceptives les plus efficaces et adaptées à de nombreux profils féminins. Le Dr Geoffroy Robin, secrétaire général du CNGOF et maitre des conférences-praticien hospitalier en gynécologie médicale et médecine de la reproduction au CHU de Lille, répond aux questions les plus fréquentes.

Depuis une vingtaine d’années, l’offre en France reste stable, avec deux grands types de DIU. Le premier est le stérilet au cuivre, qui agit en créant une réaction inflammatoire locale dans l’utérus. Cette inflammation rend le milieu toxique pour les spermatozoïdes, les empêchant de féconder l’ovule. Contrairement à une idée reçue persistante, il ne bloque pas l’implantation d’un embryon déjà conçu, mais empêche bien la fécondation.

Ce point est essentiel car certains assimilent encore le DIU au cuivre à une méthode abortive, ce qui est faux. « C’est bien une méthode contraceptive, qui empêche la fécondation, c’est-à-dire la rencontre entre l’ovule et le spermatozoïde », insiste le Dr Robin. En pratique, les patientes continuent à avoir des cycles naturels, avec parfois des règles un peu plus abondantes ou douloureuses. La plupart des modèles sont efficaces 5 ans, certains jusqu’à 10 ans.

Le second type est le stérilet hormonal, qui libère localement un progestatif (lévonorgestrel). Celui-ci assèche la muqueuse utérine (environnement défavorable pour la survie des spermatozoïdes) et épaissit la glaire cervicale (obstacle pour les spermatozoïdes). Différents modèles existent, comme le Mirena® (et son générique Donasert®), efficace jusqu’à 8 ans, le Kyleena® (5 ans) ou encore des dispositifs de 3 ans, aujourd’hui retirés du marché.

Choisir son stérilet selon son profil

Le choix entre cuivre et hormonal dépend essentiellement du profil gynécologique de la patiente. Le cuivre est généralement proposé aux femmes ayant des règles peu abondantes et non douloureuses, car il peut accentuer les saignements et les douleurs menstruelles.

À l’inverse, le DIU hormonal tend à réduire l’abondance et la douleur des règles. Plus de la moitié des femmes deviennent aménorrhéiques (sans règles). « Plus de la moitié des femmes utilisant un DIU hormonal n’ont quasiment plus de règles. Cette aménorrhée est sans danger et peut même être bénéfique », souligne le spécialiste.

Pour les patientes souffrant de règles abondantes et douloureuses, ce type de stérilet est particulièrement indiqué. Le Dr Robin souligne aussi la tendance actuelle : « Beaucoup de femmes expriment une réticence vis-à-vis des hormones. Pourtant, les DIU hormonaux soulagent les symptômes menstruels et offrent une grande fiabilité contraceptive. »

Le stérilet n’est pas réservé aux mères

Longtemps considéré comme contre-indiqué chez les femmes n’ayant pas eu d’enfant, le stérilet est aujourd’hui accessible à toutes, dès le début de la vie sexuelle. Cette ouverture, officialisée en 2005 en France, était déjà la règle dans la plupart des autres pays.

« Pendant des années, la France a été l’un des seuls pays à interdire le stérilet aux femmes sans enfant. Ailleurs, il a toujours été proposé dès le début de la vie sexuelle », rappelle le Dr Robin.

Si cette réticence a disparu du corps médical, elle subsiste encore parfois dans l’opinion. Certaines jeunes femmes se voient dissuadées par leur entourage ou par des informations obsolètes. « On entend encore des mères dire à leur fille que le stérilet n’est pas possible avant une première grossesse. Ce n’est plus vrai », insiste le spécialiste.

Le seul point de vigilance concerne les infections sexuellement transmissibles (IST). Chez les femmes ayant plusieurs partenaires, le préservatif masculin doit rester associé au DIU afin de protéger vis à vis du risque d’IST et des potentielles conséquences néfastes pour la fertilité. Dans un couple stable, en revanche, cela n’est pas nécessaire.

Idées reçues à déconstruire

Malgré les recommandations officielles, certaines fausses croyances persistent. Le DIU ne rend pas stérile et peut parfaitement convenir à une femme nullipare. Autre exemple : la crainte que la prise ponctuelle d’anti-inflammatoires comme l’ibuprofène réduise l’efficacité du stérilet au cuivre. « Les données sont rassurantes : une prise ponctuelle d’ibuprofène ne change rien à l’efficacité du stérilet au cuivre », confirme le Dr Robin.

Le spécialiste regrette également que des manuels scolaires véhiculent encore des informations erronées. « Quand je vois encore dans certains manuels scolaires qu’un stérilet “empêche l’implantation”, je me dis qu’on continue à véhiculer des messages faux et culpabilisants », regrette-t-il.

Pour lui, la solution passe par une meilleure formation des professionnels de santé (médecins, sage-femmes, pharmaciens) et une information claire dès le collège ou le lycée.

Innovations et perspectives

La recherche continue d’améliorer la tolérance et l’ergonomie des DIU. Un modèle récemment commercialisé en France (Ballerine®) est formé de petites billes de cuivre reliées les unes aux autres . Plus facile à poser ce dispositif a toutefois montré des limites lors du retrait, certaines billes pouvant rester coincées. « La recherche vise à rendre les DIU plus faciles à poser, mieux tolérés et efficaces encore plus longtemps », explique le Dr Robin.

D’autres projets visent à associer cuivre et anti-inflammatoire, afin de limiter les règles abondantes et douloureuses parfois induites par le cuivre. Du côté hormonal, des pistes explorent de nouveaux progestatifs, plus puissants, qui pourraient prolonger l’efficacité au-delà de 8 ans et réduire encore les effets secondaires.

La balance bénéfices-risques

Au-delà des aspects techniques, le Dr Robin rappelle un principe fondamental : « En médecine, il n’y a jamais de bénéfice sans potentiel risque. Même un simple Doliprane® peut induire de potentiels effets indésirables. L’important, c’est d’évaluer la balance bénéfices-risques individuelle et d’accompagner les patientes dans un choix éclairé. »

Ainsi, la grossesse non désirée représente un risque bien plus élevé qu’une éventuelle complication liée à une contraception. La Journée mondiale de la contraception est l’occasion de redonner confiance aux femmes dans cet outil d’émancipation et de leur rappeler que la meilleure contraception est celle qu’elles choisissent, en accord avec leur praticien et bien évidemment dans le respect des éventuelles contre-indications.

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.