Accès à la contraception féminine : Les inégalités françaises

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Rédigé par Deborah L. et publié le 15 décembre 2023

En France, les autorités de santé publique veillent constamment à faciliter l’accès de toutes les femmes aux moyens de contraception. Preuves en sont les récentes mesures de prise en charge intégrale de la contraception pour les femmes de moins de 26 ans. Or, il semblerait que malgré tout, les inégalités persistent dans l’accès à la contraception féminine, même remboursée. C’est ce que suggère une étude de l’Institut national d’études démographiques en collaboration avec l’Inserm. On fait le point.

Accès contraception féminine

La contraception : un droit fondamental pour toutes les femmes

Depuis près de 60 ans, les femmes françaises bénéficient d’un droit fondamental : le droit à la contraception. Permettant d’éviter une grossesse non désirée, les moyens de contraception ont vu leur offre se développer au fil des années afin de mieux répondre aux besoins de toutes les femmes. Avec l’aide des professionnels de santé, chaque femme peut ainsi trouver la méthode contraceptive la plus adaptée à son profil, en fonction de son âge et de son mode de vie.

Les autorités de santé publique veillent d’ailleurs à faciliter toujours plus l’accès de toutes les femmes aux moyens de contraception. Preuves en sont par exemple les récentes mesures de prise en charge intégrale de la contraception pour les femmes de moins de 26 ans.

Pourtant, il semblerait que toutes les femmes ne soient pas égales dans leur accès à la contraception, même remboursée. C’est ce que suggère une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) selon laquelle les femmes ayant de faibles revenus utilisent moins de contraceptifs que les autres, malgré la prise en charge totale des soins de santé dont elles bénéficient.

Des inégalités dans l’accès à la contraception féminine

Pour mener à bien cette étude, l’Ined s’est appuyé sur les données fournies par l’Assurance Maladie et relatives à 14,8 millions de femmes françaises âgées de 15 à 49 ans en 2019. Parmi elles, 11 % étaient bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire du fait de leurs faibles revenus. Dans cette étude ont été pris en compte les principaux contraceptifs remboursés, à savoir l’implant, le DIU (stérilet) au cuivre, le DIU hormonal et les pilules remboursées.

Publiés dans le journal Contraception, les résultats de cette étude soulignent une disparité dans le recours aux contraceptifs remboursés parmi les femmes françaises. Malgré le fait qu’ils soient remboursés, seulement 36% des femmes aux faibles revenus utilisent des contraceptifs, contre 46 % des femmes affichant des revenus plus élevés. Ce constat s’observe quel que soit l’âge des femmes concernées.

Autre différence notable entre les deux groupes : le type de contraceptifs utilisés. Les femmes à faibles revenus âgées de 20 à 24 ans utilisent moins les contraceptifs oraux que celles ayant des revenus moyens ou élevés (23% contre 38%). Elles privilégient davantage le recours aux implants. Avec l’âge, les femmes à faibles revenus utilisent moins fréquemment un DIU hormonal. 6% des femmes de 45 à 49 ans l’utilisent contre 14% des femmes aux revenus supérieurs.

Identifier les obstacles à l’utilisation des contraceptifs

D’après les résultats de cette étude, le coût financier ne serait pas le seul obstacle à l’utilisation des contraceptifs pour les femmes à faibles revenus. D’autres freins pourraient également intervenir comme la difficulté d’accès aux médecins prescripteurs de contraceptifs ou la difficulté de maintenir administrativement leur couverture maladie. Confrontées à la difficulté d’obtenir un rendez-vous avec un gynécologue par exemple, les femmes à faibles revenus renonceraient ainsi à utiliser un DIU hormonal.

Ainsi, si le remboursement des contraceptifs permet la levée d’une barrière financière dans un souci d’équité pour toutes, il ne suffit pas à gommer d’autres difficultés dans l’accès des femmes à la contraception. D’où l’importance de comprendre précisément quels obstacles empêchent le recours aux contraceptifs par ces femmes aux faibles revenus. Une fois ces obstacles identifiés, il sera alors plus aisé de les accompagner et de les conseiller dans leurs choix de contraception ou de grossesse.

Déborah L., Dr en Pharmacie

Sources
– Contraception : des disparités d’utilisation entre les femmes selon le niveau de revenu. www.ined.fr. Consulté le 29 novembre 2023.
-Contraception : malgré les aides financières, un accès toujours inégal en France.www.lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 29 novembre 2023.