Suicide et automutilation : des données rassurantes sur l’utilisation de l’aripiprazole

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Rédigé par Estelle B. et publié le 19 mars 2024

L’aripiprazole fait partie des neuroleptiques les plus modernes, mis au point pour réduire les effets secondaires des neuroleptiques classiques. Mais très vite, l’utilisation de ce nouveau médicament a été mise en cause dans l’aggravation des troubles psychiatriques de certains patients, avec notamment un risque de suicide ou d’automutilation. De données cliniques, publiées dans la revue scientifiques JAMA Psychiatry, semblent plutôt rassurantes sur l’utilisation de ce médicament.

L'aripiprazole, un neuroleptique atypique antipsychotique

Aripiprazole et aggravation des troubles psychiatriques

L’aripiprazole est un médicament de la classe des neuroleptiques atypiques. Antipsychotique, il est indiqué dans les contextes suivants :

Depuis sa commercialisation, plusieurs cas d’aggravation des troubles psychiatriques ont été notifiés chez des patients déjà traités par d’autres médicaments antipsychotiques. Face à ce constat, de nombreux prescripteurs se sont détournés de l’aripiprazole, qui pourtant présente des effets indésirables moins marqués que les neuroleptiques classiques.

Récemment, une nouvelle étude semble indiquer que l’aripiprazole n’exposerait pas les patients à un sur-risque d’hospitalisation en psychiatrie, de suicide ou d’automutilation.

Plus de 3 000 patients suivis sur une période de 10 ans

Cette étude toulousaine a été menée sur 1 643 patients, âgés d’au moins 13 ans et ayant été traité par l’aripiprazole entre 2005 et 2015, soit en complément de leur traitement habituel, soit comme nouveau traitement. Les données cliniques de ces patients ont été comparées avec celles de 1 643 patients, traités par un autre antipsychotique oral.

Au cours du suivi, 391 échecs thérapeutiques ont été enregistrés, correspondant aux trois situations suivantes :

  • Une hospitalisation en psychiatrie ;
  • Une automutilation ;
  • Un suicide.

D’une manière générale, l’initiation d’un traitement avec l’aripiprazole n’entraînait pas un taux d’échec significativement plus important, par rapport à d’autres antipsychotiques. Plus précisément, aucune association significative n’a pu être mise en évidence entre l’initiation de l’aripiprazole et :

  • Une hospitalisation en psychiatrie ;
  • Une automutilation ;
  • Un suicide.

Des résultats rassurants… mais qui restent à confirmer

Les patients atteints de schizophrénie ne présentaient pas plus de risques d’échec thérapeutique avec l’aripiprazole que l’ensemble des patients traités.

Ces nouveaux résultats constituent des données rassurantes sur l’utilisation de l’aripiprazole. Mais ils doivent encore être confirmés à grande échelle et sur le long terme.

En attendant les résultats de ces études complémentaires, les chercheurs préconisent une surveillance médicale rapprochée des patients nouvellement traités par l’aripiprazole, pour détecter au plus vite une éventuelle dégradation de leurs symptômes psychiatriques.

Le risque suicidaire reste encore aujourd’hui un risque à prendre en compte chez les patients traités par ce médicament.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Association of Aripiprazole With the Risk for Psychiatric Hospitalization, Self-harm, or Suicide. Montastruc, F. and al. 2019. JAMA psychiatry. doi:10.1001/jamapsychiatry. 2018.4149.