Le 2 juin était la journée mondiale des troubles du comportement alimentaire (TCA). Anorexie, boulimie, hyperphagie boulimique… autant de troubles que l’inconscient collectif associe plus souvent à la population féminine que masculine. Et pourtant, de plus en plus d’études révèlent que les hommes sont également confrontés à ces problèmes alimentaires. Ils nécessitent ainsi un repérage et une prise en charge spécifiques.
Les hommes et les TCA
Les troubles du comportement alimentaire (TCA), dont les plus connus sont l’anorexie et la boulimie, touchent selon les estimations entre deux et trois fois plus de femmes que d’hommes. Pourtant, de plus en plus de données soulignent l’augmentation des cas masculins de TCA.
Récemment, une nouvelle étude britannique a confirmé cette tendance. En comparant les années 2020-2021 et 2015-2016, les scientifiques ont observé une augmentation de 84 % du nombre d’hospitalisations pour des TCA. Cela représente plus de 11 000 admissions à l’hôpital supplémentaires. Les jeunes sont les plus touchés, avec une augmentation des hospitalisations de plus de 35 % en un an.
Une hausse des cas graves nécessitant une hospitalisation
Chez les garçons et les jeunes hommes, cette tendance a bondi de 128 % d’hospitalisations entre 2015-2016 et 2020-2021. Les admissions sont ainsi passées de 280 à 637 en seulement 5 ans. Les adultes ne sont pas épargnés avec une hausse des cas de 80 % en 5 ans.
Cette évolution des chiffres des TCA est très inquiétante. Mais, les chercheurs sont aussi préoccupés de la gravité de ces troubles, qui conduit de plus en plus d’hommes et de femmes à être hospitalisés. Ils constatent que le repérage des premiers symptômes n’est pas suffisant, entraînant une aggravation progressive de la situation qui mène vers une hospitalisation. Pour expliquer cette insuffisance de diagnostic précoce, les chercheurs évoquent un manque de formation des professionnels de santé et une absence de recommandations professionnelles.
Un manque récurrent de structures adaptées
Repérer les troubles du comportement alimentaire dès les premiers stades éviterait l’aggravation progressive des troubles et d’en limiter les conséquences à court, moyen et long terme sur la santé des patients. Une prise en charge adaptée et précoce permettrait aux patients de retrouver une alimentation normale et de préserver leur santé. De plus, elle réduit le risque suicidaire associé notamment à l’anorexie mentale.
Suite à cette étude, le Royal College of Psychiatrics a élaboré de nouvelles recommandations à destination des professionnels de santé britanniques pour le repérage et la prise en charge des hommes et des femmes atteints de troubles du comportement alimentaire. En France, depuis le début de la pandémie de Covid-19, les professionnels s’inquiètent également de l’augmentation des cas de TCA en particulier chez les jeunes. Ils sont aussi inquiets de l’insuffisance de structures adaptées pour accueillir les patients les plus en difficulté.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Medical emergencies in eating disorders (MEED). Guidance on recognition and management. rcpsych.ac.uk. Consulté le 7 juin 2022.