Anorexie mentale


Rédigé par Charline D. et publié le 29 mars 2017

L’anorexie mentale, considérée comme une addiction sans substance, est un trouble du comportement alimentaire.

Cette maladie qui se manifeste essentiellement chez les adolescentes, est caractérisée par une privation alimentaire volontaire.

anorexie mentale : jeune femme se privant de nourriture

L’anorexie mentale touche surtout les adolescentes

On estime que 20 % des adolescentes adoptent à un moment ou un autre dans leur vie une conduite de restriction alimentaire voire de jeûne. Cependant, peu d’entre elles vont par la suite développer un trouble anorexique. Ainsi, une enquête de 2008 menée auprès d’adolescents de 18 ans, estimait le taux d’anorexie mentale dans la population française à 0.5 % pour les filles et à 0.03 % chez les garçons. Des données qui coïncident avec nos voisins étrangers.

Ce trouble débute généralement entre 14 et 17 ans, avec un pic maximal à 16 ans. Et, il peut toucher toutes les classes sociales. Plus rarement, l’anorexie mentale peut survenir plus tôt (à partir de 8 ans) ou même plus tard (après 18 ans).

À savoir ! L’anorexie est une perte d’appétit, plus ou moins longue, suite à une maladie ou à un état d’anxiété À différencier donc de l’anorexie mentale qui est une maladie psychiatrique liée à une obsession de son poids.

Symptômes

Il n’est pas toujours évident de détecter un trouble alimentaire qui débute. L’obsession s’installe progressivement, souvent suite à un régime amaigrissant, avec la volonté de perdre toujours plus de poids, et en mangeant de moins en moins. De plus, l’adolescent à une vision altérée de son propre corps. Il le perçoit trop gros ou mal fait en dépit de la maigreur évidente.

3 symptômes sont typiques de l’anorexie mentale : le refus de s’alimenter, l’amaigrissement et l’absence ou l’arrêt des règles. Ainsi, les signes suivant chez une adolescente doivent retenir l’attention des parents :

  1. Le port de vêtements amples pour camoufler la perte de poids ou au contraire des tailles de vêtement de plus en plus petites ;
  2. Absence ou arrêt des règles (aménorrhée) ;
  3. Surinvestissement dans les études ;
  4. Pratique sportive intense ;
  5. Invention de stratégies pour éviter de s’alimenter, ou mise à l’écart des aliments trop riches ;
  6. Tendance à vouloir faire manger les autres en les resservant voire même en cuisinant.

À savoir ! Les garçons représentent 10 % des personnes atteintes d’anorexie mentale. Ils manifestent généralement plus d’hyperactivité que d’hyper investissement intellectuel et leur IMC initial est plus élevé. De plus, leur anorexie est souvent couplée à des crises de boulimie.

Diagnostic

anorexie : docteur pesant une jeune patienteLe diagnostic repose sur la présence chez un ou une adolescente de l’ensemble des critères suivants :

Chez l’adolescent,

  1. Consultation pour perte de poids ou trouble de l’alimentation ;
  2. Retard pubertaire ;
  3. Absence de règles ou cycles menstruels irréguliers chez l’adolescente autrefois réglée (depuis 2 ans) ;
  4. Hyperactivité physique ;
  5. Hyper investissement intellectuel.

Chez les adultes,

  1. Perte de poids supérieure à 15 % ;
  2. IMC inférieur à 18.5 kg/m2 ;
  3. Refus ou peur de prendre du poids malgré un IMC bas ;
  4. Aménorrhée (absence de règle) secondaire chez les femmes ;
  5. Baisse de la libido et trouble de l’érection chez les hommes ;
  6. Hyperactivité physique ;
  7. Hyper investissement intellectuel ;
  8. Infertilité.

À savoir ! On parle d’aménorrhée primaire lorsque les premières règles n’ont pas encore eu lieu, et d’aménorrhée secondaire en cas d’interruption des menstruations chez une femme déjà réglée.

Chez l’enfant, le diagnostic est plus complexe et repose sur la détection d’un ralentissement dans la courbe de croissance et dans la courbe de corpulence, ainsi que de nausées ou douleurs abdominales.

Traitements et prévention

Une prise en charge pluridisciplinaire (médecin ou pédiatre et psychiatre ou pédopsychiatre) de l’anorexie mentale est indispensable. En fonction de la gravité de la maladie, la prise en charge peut être soit ambulatoire (privilégiée au maximum) soit hospitalière.

Ainsi, la prise en charge thérapeutique regroupe plusieurs aspects. Tout d’abord nutritionnels et diététiques, dont les objectifs sont l’atteinte et le maintien d’un poids adapté ainsi que le retour à un comportement alimentaire normal (à savoir, régulier, spontané, diversifié et sans sensation d’anxiété). Ensuite, une prise en charge psychologique comprenant une thérapie individuelle, en groupe ou familiale, permet au patient de comprendre et d’accepter la réhabilitation de son comportement alimentaire. D’une manière plus globale, la psychothérapie est utile pour améliorer les relations sociales et travailler sur la confiance en soi du patient.

À savoir ! Il n’existe pas de traitement médicamenteux spécifique de l’anorexie mentale. Des compléments nutritionnels, tels que des vitamines, peuvent éventuellement être prescrits en cas de dénutrition trop importante.

Quelques mesures individuelles peuvent aider à prévenir les troubles du comportement alimentaire :

  1. Valoriser l’identité de chacun ;
  2. Ré-évaluer sa propre notion de poids « idéal » ;
  3. Se méfier des médias ;
  4. Privilégier le plaisir dans la nourriture et les activités ;
  5. Fuir toutes restrictions caloriques ;
  6. Éviter les remarques concernant l’apparence d’un individu ;
  7. Accepter et valoriser la diversité des êtres.

Complications et séquelles

Les complications de l’anorexie mentale découlent de la dénutrition et des comportements associés, type vomissements, du patient. Ainsi, plusieurs troubles, le plus souvent réversibles peuvent être observés, notamment hématologiques (anémie par exemple), neurologiques, métaboliques (du cholestérol ou glucose) et rénaux. Perte de cheveux, constipations et infertilité sont également fréquents.

À long terme, les séquelles sont essentiellement de type osseuses (ostéoporose) et dentaires (usure des dents provoquée par les vomissements répétés). Sur le plan mental, l’anorexie entraîne à terme un appauvrissement de la vie sociale et bien souvent un ralentissement scolaire ou professionnel.

Charline D., Pharmacienne

– Anorexie mentale. Inserm. Juin 2014.
– Troubles du comportement alimentaire : anorexie et boulimie. Ameli sante. Le 9 février 2016.
– Recommandations anorexie mentale. HAS. Juin 2010.

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