Un nouvel étiquetage obligatoire pour les protections intimes périodiques

Actualités Gynécologie

Rédigé par Deborah L. et publié le 8 avril 2024

De nos jours, les femmes sont de plus en plus désireuses de connaître la composition des protections intimes périodiques qu’elles utilisent ainsi que les risques potentiels associés. Face à ces interrogations légitimes, les recommandations de l’Anses ont été prises en compte à travers la publication d’un nouveau décret relatif à l’étiquetage des protections féminines. L’objectif étant de renforcer la protection et l’information des consommatrices. On fait le point.

Les protections intimes : des produits variés destinés aux femmes

Les protections intimes désignent un éventail varié de produits absorbant le flux menstruel et les fuites urinaires. Utilisables dès l’apparition des premières règles, on en distingue deux catégories :

  • Les protections intimes externes(qui ne sont pas insérées dans le vagin). Il s’agit des serviettes hygiéniques, des protège-slips (composés de cellulose, de substances synthétiques et de super-absorbant) et des culottes menstruelles.
  • Les protections intimes internes(à insérer dans le vagin). Il s’agit des tampons hygiéniques à usage unique (composés de dérivés du coton et de produits synthétiques) ou des coupes menstruelles réutilisables (composées d’élastomère thermoplastique ou de silicone de qualité médicale).

En 2017, une enquête a été menée auprès d’un échantillon représentatif de femmes françaises. L’objectif était triple :

  1. Dresser un état des lieux de leurs pratiques en matière de protection intime.
  2. Comprendre les principaux facteurs déterminant le choix de telle ou telle protection.
  3. Analyser les perceptions des éventuels risques associés à leur utilisation.

Il en ressort que 91 % des femmes utilisaient des serviettes et protège-slips en association avec un autre type de protection. L’utilisation exclusive des serviettes hygiéniques ne concernait que 21% des femmes. Les tampons étaient davantage utilisés par les femmes de plus de 25 ans. Quant aux mesures d’hygiène, elles n’étaient pas suffisamment respectées qu’il s’agisse du lavage des mains ou de la durée de port maximale de la protection. A titre d’exemple, 79 % des utilisatrices de tampons déclaraient ainsi le garder toute la nuit quand la durée maximale préconisée est seulement de 4 à 8 heures.

Une étude française en date de 2022 est venue étayer ces conclusions avec des durées de port de tampons en journée supérieures à 5 heures pour 10,7 % des femmes interrogées et à 8 heures pour 1,7 % d’entre elles.  Quant aux coupes menstruelles, leur durée de port en journée dépassait les 5 heures quotidiennes pour 39,7 % des répondantes. S’agissant de la perception des risques liés à l’utilisation des protections intimes, si 81 % des participantes à l’enquête considéraient qu’il existait un risque pour au moins un type de protection, peu d’entre elles connaissaient précisément la nature de ce risque. Les risque infectieux et d’irritation, de sécheresse ou de prurit ont été cités pour toutes les protections intimes. Quant au risque de syndrome de choc toxique menstruel, il était majoritairement associé aux tampons et aux coupes menstruelles.

À savoir ! Le syndrome du choc toxique menstruel désigne une affection rare causée par la libération de toxines par certaines souches de bactéries comme les staphylocoques dorés. Il associe plusieurs symptômes comme une forte fièvre, une éruption cutanée, une baisse de la tension artérielle et la défaillance d’un ou de plusieurs organes. Le syndrome du choc toxique est souvent lié aux règles puisque certaines protections périodiques comme le tampon ou la coupe menstruelle font stagner le sang dans le vagin, favorisant ainsi la multiplication des bactéries productrices de toxines dangereuses pour l’organisme.

Une étude pour évaluer la sécurité des protections intimes

C’est en 2017 que plusieurs études ont révélé la présence de diverses substances chimiques dans les protections intimes :

  • Substances parfumantes ajoutées intentionnellement.
  • Substances issues de la contamination des matières premières ou au procédé de fabrication (substances cancérogènes comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques, substances reprotoxiques comme les phtalates).

L’Anses a donc conduit en 2020 une étude de sécurité afin d’évaluer les risques sanitaires liés à la présence de ces substances dans les serviettes hygiéniques, protège-slips et tampons à raison d’une utilisation de 6 protections intimes ou de 4 coupes menstruelles par jour. Les risques ont été évalués en tenant compte du poids des femmes adultes et des jeunes adolescentes. Il se trouve qu’après analyse, l’Agence n’a pas mis en évidence de dépassement de seuils sanitaires et de risque pour la santé des femmes exposées.

S’agissant du risque de syndrome du choc toxique, il semble davantage lié aux conditions d’utilisation des protections intimes qu’à leur composition. Dans l’objectif de limiter au maximum les risques, l’Anses rappelle donc aux utilisatrices de coupes et de tampons menstruels l’importance de respecter les recommandations d’utilisation de ces protections et de les changer régulièrement. Ainsi, il conviendra de se laver les mains avant et après changement d’une protection intime. Quant aux tampons, ils ne doivent pas être utilisés hors période de règles.

Un décret renforce la protection et l’information des consommatrices

L’Agence recommande par ailleurs aux fabricants de protections intimes internes de mentionner clairement sur leurs emballages et notices d’utilisation l’existence du risque de syndrome du choc toxique.  Elle les exhorte également à supprimer ou réduire autant que possible la présence de substances à risque dans la composition des protections intimes (nommant les substances cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques, les perturbateurs endocriniens et les sensibilisants cutanés). L’Anses plaide enfin pour une règlementation européenne plus stricte afin de limiter la présence des substances chimiques dans les protections féminines.

A l’heure où la composition exacte des protections intimes est encore trop rarement mentionnée sur les emballages, les pouvoirs publics ont publié un décret visant à renforcer la protection et l’information des consommatrices. Depuis le 1er avril 2024, les fabricants ont donc l’obligation de mentionner sur l’emballage et/ou la notice de leurs produits les informations suivantes :

  • La composition des protections intimes
  • Les précautions d’utilisation
  • Les risques sanitaires associés à la composition ou à l’utilisation de ces produits.
  • Des informations sur le risque de développer un syndrome de choc toxique menstruel pour les protections intimes internes et des recommandations d’usage pour diminuer ce risque.

À savoir ! Les recommandations d’utilisation des protections intimes internes devront mentionner qu’il ne faut pas dépasser une durée de port de 6 heures et ne pas les pas utiliser la nuit. Face à l’apparition de symptômes du syndrome de choc toxique menstruel, il faudra enlever la protection et consulter immédiatement un médecin.

Nul doute que ces nouvelles mesures relatives à l’étiquetage des protections intimes périodiques permettront de mieux informer et protéger les femmes.


Déborah L., Dr en Pharmacie

– Les protections intimes sont-elles sans danger pour les femmes ?www.anses.fr. Consulté le 2 avril 2024.