Maladie chronique la plus fréquente de l’enfant, l’asthme affecte plus de 10% des jeunes Français. Dans une population de plus en plus urbanisée, nombreux sont les enfants vivant protégés d’une exposition directe aux milieux extérieurs de peur qu’il ne tombent malade. Que penser de ceux qui vivent en pleine campagne, exposés aux animaux, au foin, aux poussières ? Pourtant, les personnes vivant en zone rurale semblent bien moins affectées par des maladies liées au système immunitaire contrairement à leurs homologues urbains. Et si la nature nous rendait plus résistants au stress et protégeait nos défenses naturelles… ?
Ville et campagne, quels enjeux ?
Vivre en ville, rien de mieux pour avoir un quotidien en effervescence où tout est à proximité. Aujourd’hui, 80% des français préfèrent vivre en zone urbaine. Par ailleurs, il est désormais connu de tous que l’environnement a un impact direct sur notre santé. Vivre en ville implique une forte exposition à la pollution automobile, aux gaz acides des usines, aux fumées de tabacs, aux produits chimiques et autres éléments nocifs.
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S’ajoute à cela une faible exposition aux bactéries à cause d’un excès d’hygiène. D’ailleurs, dans la plupart des études comparant des populations urbaines et rurales, il a été démontré que les maladies allergiques telles que l’asthme étaient plus fréquentes chez les citadins. Cette maladie chronique toucherait plus de 4 millions de français et 10% des jeunes.
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Mère nature protège nos défenses naturelles
Nombreux sont ceux qui pensent que les animaux de ferme sont sources d’allergie, d’asthme ou d’autres maladies. Ils préfèrent alors minimiser l’exposition à des sources de bactéries pour écarter tout risque de tomber malade. Pourtant, certaines études suggèrent qu’un environnement trop stérile peut nuire à la santé des enfants dès leur plus jeune âge. D’autres études ont même montré que le contact avec les animaux favoriserait le développement de nos défenses naturelles.
Dans cette optique, une récente étude publiée dans la revue « Proceedings of the National Academy of Sciences, PNAS » s’est intéressée à la santé mentale et physique de sujets vivant à la ferme ou en ville, entourés ou non d’animaux. Pour ce faire, les chercheurs ont évalué trois facteurs : le stress, les processus inflammatoires et l’activité des défenses naturelles. Les résultats révèlent que les personnes vivant en ville sont plus exposées au stress par rapport à celles vivant dans un environnement rural. En outre, les auteurs ont montré que les citadins avaient une réponse inflammatoire importante comparés à leurs homologues ruraux. Des résultats qui pourraient s’expliquer par une réactivité plus importante du système immunitaire chez les personnes vivant en ville. Une suractivation persistante de celui-ci peut laisser place à des maladies telles que l’allergie ou l’asthme voire, certaines perturbations psychiques.
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Les animaux, des alliés santé !
Depuis une quarantaine d’années, plusieurs études ont démontré l’impact sur la santé du côtoiement des animaux sur notre humeur. En effet, une étude publiée en 1980 a montré qu’avoir un animal de compagnie (un chien par exemple) réduisait la fatigue psychologique, les troubles psychiatriques et favoriserait également le bon fonctionnement du système cardiovasculaire, en particulier chez les seniors.
Par ailleurs, la récente étude parue cette année dans le PNAS a mis en lumière un lien étroit entre un environnement dont la diversité microbienne est pauvre et une suractivation des processus inflammatoires. Des effets qui exposent l’organisme a un stress excessif souvent nuisible. Dans cette même optique, les chercheurs ont comparé l’effet du stress sur des sujets vivant en ville et n’ayant pas d’animaux à des sujets vivant à la campagne, régulièrement en contact avec des animaux de ferme. Les résultats suggèrent que les sujets qui vivent en ville depuis leur plus jeune âge, sans animaux, étaient plus vulnérables au stress et plus à risque de développer des troubles psychiques que les sujets vivant à la campagne. Enfin, l’étude a mis en avant un effet bénéfique possible induit par une exposition aux paysages naturels chez les sujets vivant à la campagne. Des résultats qui seraient bénéfiques en seulement 90 min, chez les personnes qui ont l’habitude de vivre en ville, suite à une immersion en pleine nature. Prônez donc le naturel, il vous veut du bien !
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Lina R., Journaliste scientifique
– Exposure to pet and pest allergens during infancy linked to reduced asthma risk. NIH.
– Castan, L., Colas, L., Bouchaud, G., Bodinier, M., Barbarot, S., and Magnan, A. (2016). Hypothèse hygiéniste : où en est-on ? Compte rendu de l’atelier « Allergies » du DHU 2020 « Médecine personnalisées des maladies chroniques ». ScienceDirect. Rev. Fr. Allergol. 56, 364–371.
– Böbel, T.S., Hackl, S.B., Langgartner, D., Jarczok, M.N., Rohleder, N., Rook, G.A., Lowry, C.A., Gündel, H., Waller, C., and Reber, S.O. (2018). Less immune activation following social stress in rural vs. urban participants raised with regular or no animal contact, respectively. Proc. Natl. Acad. Sci. 201719866. PNAS.