Le volume du cerveau impacté par les antipsychotiques !

Neuroplasticité

Rédigé par Estelle B. et publié le 17 avril 2020

Depuis quelques années, les médicaments antipsychotiques sont de plus en plus prescrits pour différents troubles psychiatriques. Selon une récente étude canadienne, ces médicaments pourraient directement impacter la structure cérébrale, et en particulier le volume du cerveau. Les chercheurs ont publié leurs résultats dans la revue scientifique JAMA Psychiatry.

antipsychotiques

Des antipsychotiques de plus en plus utilisés

Les médicaments antipsychotiques ont initialement été développés pour le traitement de la schizophrénie. Puis, l’arrivée sur le marché des médicaments antipsychotiques de seconde génération s’est accompagnée d’un élargissement des indications thérapeutiques de ces médicaments :

  • Les dépressions majeures ;
  • Des troubles psychiatriques chez les personnes âgées ;
  • Les troubles du spectre de l’autisme chez les enfants.

Plusieurs études scientifiques, menées chez l’animal et chez l’homme, ont abouti à des données préliminaires inquiétantes sur l’impact de ces médicaments sur le cerveau. Pour en savoir plus, des chercheurs canadiens ont mené un premier essai contrôlé randomisé pour étudier les effets des antipsychotiques sur la structure cérébrale.

Un impact sur la structure cérébrale chez les patients en rémission

Dans cet essai, ont été inclus 72 participants, âgés de 18 à 85 ans et atteints de dépression psychotique. Tous les participants ont reçu un traitement à base d’olanzapine et de sertraline pendant une période de 12 à 20 semaines

jusqu’à rémission de leurs symptômes psychotiques et dépressifs. Ensuite, ils ont été aléatoirement répartis en deux groupes :

  • Un groupe recevant toujours de la sertraline (un antidépresseur) et de l’olanzapine (un antipsychotique) pendant les 36 semaines suivantes ;
  • Un groupe recevant de la sertraline et un placebo pendant les 36 semaines suivantes.

Une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) cérébrale était réalisée au début et à la fin de l’essai. A l’issue de l’essai, les données ont révélé que l’épaisseur cérébrale était réduite en moyenne de 1,2 % chez les patients traités par antipsychotique, par rapport au groupe témoin. Il faut noter que physiologiquement l’épaisseur cérébrale chute de 0,35 % au cours de la vie chez un adulte sain. Par ailleurs, la surface cérébrale et les volumes sous-corticaux n’étaient pas impactés par le traitement.

Un intérêt confirmé en cas de maladie active

En analysant uniquement les données sur les patients en rémission durable, l’olanzapine était associée à une réduction significative de l’épaisseur du cortex cérébral dans les deux hémisphères, par rapport au placebo. L’effet était majoré chez les patients de plus de 50 ans. Par ailleurs, une réduction du volume de cortex a été observée chez les patients en rechute et sous placebo, par rapport à ceux recevant de l’olanzapine.

Ces nouvelles données montrent que chez les sujets atteints de dépression psychotique et en rémission, l’olanzapine peut réduire le volume cérébral sur une durée de 36 semaines. Selon les auteurs, ce résultat doit être pris en compte lors de la prescription, pour rechercher d’éventuelles alternatives thérapeutiques, en particulier chez les personnes âgées. En revanche, les données observées chez les sujets en rechute orientent vers l’intérêt d’un maintien de l’olanzapine tant que la maladie psychiatrique reste active.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Effects of Antipsychotic Medication on Brain Structure in Patients With Major Depressive Disorder and Psychotic Features: Neuroimaging Findings in the Context of a Randomized Placebo-Controlled Clinical Trial. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Consulté le 5 avril 2020.
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