Lorsqu’un enfant souffre de troubles de santé mentale ou comportementaux, est-t-il plus susceptible de développer des addictions lors de sa vie d’adulte ? En explorant cette piste, des chercheurs néerlandais ont montré que les enfants ayant des troubles psychiques ont, en effet, plus de risque de céder au piège d’une addiction aux substances à partir de leurs 18 ans. Explications en détails de l’étude publiée dans la revue Child and Adolescent Psychiatry.
Pas tous égaux face aux risques de l’addiction
Pour mener à bien leurs recherches, l’équipe d’Annabeth Groenman, de l’université libre d’Amsterdam et du centre universitaire médical de Groningen, a passé en revue 37 publications scientifiques, parues entre 1986 et 2016, ayant pour sujet le comportement addictif d’adultes ayant eu un passé d’enfants avec des troubles de santé mentale.
Parmi l’ensemble de ces participants, les chercheurs ont recensé :
- 22 029 participants atteints de Troubles de Déficit de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH);
- 434 participants atteints de trouble oppositionnel avec provocation ou de trouble des conduites ;
- 1 433 participants souffrant de troubles anxieux ;
- Et enfin, 2 451 participants souffrant de dépression.
À savoir ! Un enfant souffrant de trouble oppositionnel avec provocation possède de faibles capacités de tolérance aux frustrations, un manque de souplesse face aux situations nouvelles et au-delà d’un certain seuil, une perte totale ou partielle de contrôle avec explosion de colère et d’agressivité. Un enfant souffrant de trouble de conduites possède un trouble de la personnalité caractérisé par un manque anormal d’empathie.
Quels sont les résultats qui se dégagent de cette analyse de données ?
Globalement, les chercheurs ont trouvé que le risque addictif aux substances psychoactives (nicotine, alcool, médicaments et drogues) est maximisé chez les enfants souffrant de trouble oppositionnel avec provocation ou de trouble de conduites. Viennent après les enfants avec un TDAH puis ceux souffrant de dépression.
En revanche, les troubles anxieux vécus pendant l’enfance ne semblent pas constituer un facteur aggravant le risque d’addiction aux substances à l’âge adulte.
« Nous savons maintenant que les enfants ayant des problèmes de santé mentale courent le risque de développer des troubles liés à l’utilisation de substances, mais ce ne sont pas tous les enfants atteints de troubles de santé mentale qui développent ces problèmes. Nous espérons trouver une distinction entre ceux qui développent des troubles liés à l’utilisation de substances et ceux qui n’en développent pas », selon la chercheuse Annabeth Groenman
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Une étude au cœur d’un enjeu de santé publique
En mettant en évidence que certains troubles de santé mentale ou comportementaux vécus pendant l’enfance constituent un facteur de vulnérabilité par rapport à l’addiction aux substances psychoactives à l’âge d’adulte, les autorités publiques pourront renforcer spécifiquement la prévention auprès de cette population.
Au regard des données d’évaluation publiées par les autorités sanitaires, quatre catégories d’intervention peuvent être mises en place pour prévenir la majorité des jeunes face aux risques de la consommation de substances psychoactives :
- Des programmes interactifs visant le développement des compétences psychologiques (résistance à l’influence des autres, estime et affirmation de soi) et des connaissances sur les risques de l’addiction ;
- Des interventions d’aide à l’arrêt ou à la diminution de la consommation des substances psychoactives avec un travail conjoint avec les parents et d’autres acteurs de la prévention (citoyens, associations, institutions, etc.) ;
- Des campagnes médias de « démarketing» pour le tabac et l’alcool ;
- Des interventions réglementaires visant à limiter l’accès aux produits pour l’alcool et le tabac (âge minimum pour l’achat, situation géographique du point de vente etc.).
Reste désormais à adapter et renforcer ces interventions de prévention auprès des jeunes enfants et pré-adolescents souffrant de troubles psychiques ou comportementaux.
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Julie P., Journaliste scientifique
Bonjour Julie
Je suis chirurgien-dentiste, tabacologue et instructeur en méditation de pleine conscience et très axée sur la prévention et les facteurs de risque, et je trouve vos articles d’une grande qualité, bravo!
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