Trop d’alcool précipite la survenue de la démence

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Rédigé par Julie P. et publié le 13 mai 2018

On connait les impacts de l’alcoolisme sur la survenue d’un nombre important de maladies telles que des cancers, des problèmes hépatiques, des pathologies cardiovasculaires, des pancréatites ou encore la dépression sévère. Mais, est-ce qu’une consommation excessive de cette substance psychoactive pendant de longues années influence la survenue de certaines démences ? Pour répondre à cette question, une équipe internationale a mené l’enquête.

démence et troubles mentaux

L’alcool à haute dose triple le risque de survenue de démence

Pour mener à bien cette étude, des chercheurs de l’INSERM en collaboration avec des chercheurs canadiens et allemands ont analysé en détails les données des hospitalisations en France métropolitaine entre 2008 et 2013 des personnes âgées de plus de 20 ans.

Parmi les 31,6 millions de personnes hospitalisées pendant cette période, les chercheurs ont relevé 950 000 individus ayant une consommation excessive d’alcool et 1,3 millions de personnes souffrant de démences.

À savoir ! Les démences touchent 5 à 7% de la population de plus de 60 ans. C’est une cause de dépendance après 65 ans. Sur un plan clinique, un syndrome démentiel est caractérisé par des troubles de la mémoire et un déclin cognitif, le plus souvent associés à des troubles comportementaux. Il évolue en entrainant une perte progressive d’autonomie.

En croisant ces données, les chercheurs se sont aperçus que 57% des démences précoces et 8% de celles survenues après l’âge de 65 ans étaient retrouvées chez des personnes ayant une consommation excessive d’alcool.

Comparativement, et sur l’ensemble des personnes hospitalisées, les proportions de femmes alcoolodépendantes était de 1,5% contre 6,2% chez les hommes.

Les résultats à retenir ? La consommation excessive d’alcool multiplie par trois le risque de développer une démence et par deux celui de voir survenir la maladie d’Alzheimer.
À savoir ! Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, une consommation excessive d’alcool correspondant à six verres ou plus (60 grammes d’alcool pur) par jour pour les hommes et quatre pour les femmes (40 grammes d’alcool pur) ou plus. 10 grammes d’alcool pur correspondent à 25 cl de bière à 6 degrés ou 12,5 cl de vin ou champagne à 11 degrés ou encore 3 cl d’alcool à 40 degrés.

Pour les chercheurs, les démences incluses dans cette étude incluent :

  • Le syndrome de Korsakoff ;
  • Les démences vasculaires résultant par exemple d’Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC);
  • Les démences neurodégénératives de type maladie d’Alzheimer.

À savoir ! Le syndrome de Korsakoff se définit par une perte importante de matière grise (neurones) au niveau du cerveau. Cette altération est causée par un déficit important en vitamine B1 qui est une vitamine essentielle au fonctionnement neuronal et qui est utilisé en grande quantité pour éliminer l’alcool au niveau du foie.

Après avoir pris en compte les autres facteurs de risque de démence, les chercheurs estiment que la surconsommation d’alcool est un facteur de risque modifiable qui doit être considéré tout autant, voire davantage, que le tabagisme et l’hypertension artérielle.

Lire aussiLa dépression plus sévère chez les dépendants à l’alcool !

Les autres études à mener

« Nous pensons que l’alcool pourrait précipiter la survenue de ces maladies et accélérer leur progression en augmentant les dommages structurels et fonctionnels dans le cerveau. Mais les mécanismes possibles sont nombreux et restent à clarifier. Cette étude interpelle donc une nouvelle fois sur les dangers de l’alcool, suggérant que des mesures préventives supplémentaires pourraient contribuer à réduire le risque de démences et leur coût financier et sociétal », clarifie Carole Dufouil, directrice de recherche INSERM, dans un communiqué de presse.

Pour les chercheurs, il reste désormais à poursuivre les investigations pour :

  • Déterminer le seuil précis de consommation d’alcool qui précipite la survenue de démence ;
  • Rechercher comment l’alcool perturbe les mécanismes cérébraux et engendre la démence ;
  • Evaluer si la perte cognitive peut être totalement ou partiellement réversible avec l’arrêt de la consommation d’alcool.

De plus, les chercheurs soulignent que la consommation d’alcool peut contribuer à la survenue de la démence de plusieurs manières car elle est associée à d’autres risques comme le tabagisme, l’hypertension artérielle, le diabète, le niveau d’éducation, la dépression ou encore la perte auditive.

Lire aussiL’alcool : première cause d’hospitalisation en France

Julie P., Journaliste scientifique

– Largest study of its kind finds alcohol use biggest risk factor for dementia. Science Daily. Consulté le 2 mai 2018.
– Contribution of alcohol use disorders to the burden of dementia in France 2008–13 : a nationwide retrospective cohort study. The Lancet Public Health. M. Schwarzinger et al. Consulté le 3 mai 2018.
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