Etre exposé aux microbes présents dans l’environnement peut jouer un rôle protecteur pour lutter contre la survenue de l’asthme allergique. Des chercheurs de l’Université de Liège viennent de découvrir, chez le modèle murin, que l’injection d’allergènes, sous forme d’ADN bactérien, provoquait la synthèse de cellules immunitaires pulmonaires les protégeant de l’asthme. Résumé de l’étude.
La théorie dite « de l’hygiène » en quelques mots
Comme son nom l’indique, l’asthme allergique est lié à des réactions allergiques des voies respiratoires à l’encontre d’allergènes aériens (poussières, déjections d’acariens), de polluants, d’aliments, de médicaments ou d’exercices physiques intenses.
Ces dernières années, l’incidence de l’asthme allergique chez les adultes et les enfants est en constante augmentation dans les pays développés. En cause : la croissance excessive du niveau d’hygiène nous obligeant finalement à vivre dans des environnements très aseptisés.
Ce mode de vie va à l’encontre des études scientifiques qui ont montré qu’une exposition à un milieu dit « non-hygiénique », c’est-à-dire riche en microbes, favorise la diminution des réactions allergiques comme l’asthme.
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Découverte de cellules immunitaires clés
Pour aller plus loin dans cette théorie dite « de l’hygiène », les chercheurs belges ont observé les réactions du système immunitaire, le système de défense de l’organisme, de souris lorsque celles-ci sont exposées à des bactéries ou simplement à du matériel génétique (ADN) bactérien.
Ici les bactéries ou son matériel génétique représente l’allergène, l’élément déclencheur de l’allergie.
Avec surprise, les chercheurs ont observé que l’ADN bactérien, injecté seul, favorisait, chez la souris, la multiplication des macrophages interstitiels pulmonaires, situés dans l’interstitium du poumon, le tissu de soutien situé entre les alvéoles pulmonaires.
A savoir ! Les macrophages sont des cellules appartenant au système immunitaire (SI). Ils sont localisés dans les tissus pouvant être soumis à des infections ou des accumulations de débris à éliminer (foie, poumon, etc.). Les macrophages possèdent 3 fonctions principales : ingestion des microbes et débris cellulaires, sécrétion de molécules clés du SI et coopération cellulaire avec d’autres cellules du SI.
Ensuite, en isolant ces macrophages et en les réinjectant dans les poumons d’une souris receveuse n’ayant jamais été en contact avec des acariens, celle-ci ne développe pas d’asthme à l’encontre d’extraits de cet allergène.
A savoir ! Les acariens sont des arachnides de très petites tailles, voire microscopiques. On en dénombre pas moins de 5000 variétés. Les acariens domestiques se logent dans les endroits chauds et humides tels que les matelas, les tapis, les couettes ou les rideaux. Les débris d’acariens morts et ses déjections sont responsables de 40 à 50% des allergies.
De manière similaire, si les macrophages pulmonaires sont transférés à une souris asthmatique, elle ne développe plus de symptômes caractéristiques de l’asthme.
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Et avant l’application thérapeutique ?
Jusqu’ici les expériences ont été réalisées sur des souris. Pour les chercheurs, d’autres étapes sont encore nécessaires pour mettre en place une thérapie cellulaire chez l’Homme.
Ils envisagent notamment de :
- Former des macrophages pulmonaires interstitiels à partir de monocytes (les cellules sanguines précurseurs de macrophages) de patients asthmatiques ;
- Réinjecter ces macrophages dans les poumons de ces mêmes patients, lors de bronchoscopie (examen endoscopique servant à visualiser l’intérieur de l’arbre bronchique) réalisée par des pneumologues ;
- Evaluer le potentiel thérapeutique de ces cellules.
Les chercheurs viennent de déposer un brevet afin de protéger leurs résultats et espèrent réaliser des études cliniques très prochainement.
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Julie P., Journaliste scientifique