Une avancée capitale contre la maladie d’Alzheimer

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Rédigé par Estelle B. et publié le 2 mai 2018

Chaque année, plus de 220 000 nouveaux cas de la maladie d’Alzheimer sont diagnostiqués en France. Une maladie neurodégénérative qui ne cesse de gagner du terrain et qui pourrait comptabiliser 1 200 000 malades à l’horizon 2020. De récents travaux de recherche ont permis pour la première fois de réparer les dégâts provoqués par l’un des facteurs de risque génétique. Une avancée capitale dans la lutte contre cette pathologie.

risque génétique

Maladie d’Alzheimer et facteurs de risque génétiques

Dans la très grande majorité des cas, la maladie d’Alzheimer a une origine multifactorielle, faisant intervenir l’âge du patient et plusieurs facteurs déterminants. Parmi ces facteurs, plusieurs facteurs de risque génétiques ont pu être identifiés par les chercheurs :

  • L’allèle (variante génétique) 4 du gène APOE, principal facteur de risque génétique ;
  • Le gène TREM2, important mais très rare ;
  • Le gène CLU ou APOJ ;
  • Le gène PICALM ;
  • Le gène CR1 ;
  • Le gène BIN1.

Le facteur de risque génétique APOE est le plus important et le plus répandu dans la population générale. Les études ont mis en évidence que la présence d’un allèle 4 sur le gène APOE multiplie par 2 à 3 le risque de développer la maladie d’Alzheimer. Le risque est multiplié par 12 chez les personnes porteuses de deux allèles 4 sur ce gène.

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Des cellules souches à la place des souris de laboratoire

Récemment, des chercheurs ont concentré leurs efforts sur ce gène APOE et son allèle 4, déterminant dans le développement de la maladie d’Alzheimer. Ce gène code pour une protéine, qui combinée avec des acides gras, aide au transport et à la régulation des taux de cholestérol dans la circulation sanguine. La variante génétique 4 de ce gène apparaît comme particulièrement néfaste pour le cerveau. Mais quels dégâts occasionne-t-elle réellement ? La question, pourtant déjà étudiée sur des modèles de souris, restait à élucider.

Pour la première fois, ces chercheurs ont mis en évidence l’effet dévastateur sur les cellules cérébrales d’APOE 4, par rapport à la variante génétique normale APOE 3. Pour s’affranchir des modèles animaux pour lesquels les résultats sont parfois difficilement transposables à l’Homme, ils ont utilisé les dernières technologies sur les cellules souches pour reprogrammer des cellules humaines de la peau en cellules cérébrales. Les cellules cutanées avaient été prélevées chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et des personnes en bonne santé.

Grâce à cette technique, ils ont trouvé que la protéine APOE4 avait une forme anormale, l’empêchant de fonctionner normalement et entraînant différents problèmes à l’origine de la maladie. Elle participerait ainsi à l’accumulation de protéines anormales et à la formation de plaques dans les cellules cérébrales, les deux principaux mécanismes pathologiques de la maladie d’Alzheimer.

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Vers une thérapie anti-Alzheimer ?!

Forts de cette importante découverte, les chercheurs n’en sont pas restés là. Ils ont ensuite mis en évidence que la présence d’APOE 4 est bien responsable de la maladie d’Alzheimer. La perte de l’autre variante génétique, APOE 3, n’est pas en cause.

Pour aller encore plus loin, les scientifiques ont examiné des moyens de réparer le gène fautif. Ils ont alors développé un « correcteur de structure » pour APOE 4. Ce correcteur est capable de modifier la forme d’APOE 4, pour qu’elle se comporte comme la forme normale et inoffensive d’APOE 3.

En appliquant ce correcteur de structure sur des neurones porteurs d’APOE 4, les chercheurs ont observé plusieurs phénomènes consécutifs :

  • Le retour d’APOE 4 à une forme normale (type APOE 3) ;
  • Une disparition des signes cellulaires de la maladie ;
  • Une restauration des fonctions cellulaires normales ;
  • Une survie prolongée des cellules cérébrales.

Une telle approche pourrait s’avérer une approche thérapeutique envisageable pour traiter la maladie d’Alzheimer. Une avancée considérable pour les scientifiques et un formidable espoir pour toutes les personnes touchées par cette pathologie.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Gain of toxic Apolipoprotein E4 effects in Human iPSC-Derived Neurons Is Ameliorated by a Small-Molecule Structure Corrector. Chengzhong, Wang and al. 2018. Nature Medicine. DOI: 10.1038/s41591-018-0004-z.
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