Un nouveau modèle animal de la pathologie Alzheimer

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Rédigé par Lucie B. et publié le 25 octobre 2017

Malgré l’ampleur que prend la maladie d’Alzheimer (225 000 nouveaux cas chaque année), beaucoup de questions restent encore en suspens. Les plus concernés, soit les patients, demeurent toujours dans l’attente d’un meilleur traitement. Aujourd’hui, des travaux publiés dans la célèbre revue Cerebral Cortex marquent le début d’une avancée prometteuse dans le traitement de cette maladie. Un nouveau modèle animal, plus pertinent et plus proche de l’Homme, va permettre de développer de nouveaux tests de diagnostic précoce !

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Une maladie silencieuse pendant plus de 20 ans

Le nombre de cas touchés par la maladie d’Alzheimer ne fait que progresser ; d’ici 2020, les autorités sanitaires prévoient dans le monde 52 millions de personnes diagnostiquées (contre 45 millions aujourd’hui). Bien que les enjeux soient majeurs, aucun traitement ne permet de guérir complètement de la pathologie. A l’heure actuelle, les thérapies médicamenteuses disponibles permettent uniquement de ralentir les symptômes cliniques caractéristiques de la maladie.

Ces symptômes concernent les fonctions cognitives (troubles du langage, gestes), mnésiques (troubles de la mémoire) et comportementales humaines (agitation, troubles du sommeil).

InfographieMaladie d’Alzheimer en France

Dans toutes les recherches menées sur Alzheimer, la mise au point de thérapies efficaces est rendue difficile en raison des incompréhensions qui perdurent sur la longue période silencieuse précédant l’apparition des symptômes Alzheimer.

Or, comprendre cette phase silencieuse est capitale ! D’une part, parce que c’est lors de cette phase que les lésions typiques de la maladie commencent à se développer (accumulation de la protéine bêta-amyloïde et hyperphosphorylation de la protéine Tau). Puis, d’autre part, cette compréhension permettrait d’agir bien en amont de la maladie, avant que les atteintes ne deviennent irréversibles.

Jusqu’à présent, aucun modèle animal ou in vitro (observation en éprouvette ou sur culture cellulaire) n’a permis d’élucider les mécanismes cellulaires impliqués dans cette phase silencieuse. Il s’avérait alors impossible de pouvoir diagnostiquer la maladie d’Alzheimer à des stades très précoces.

A force de persévérance, une équipe de chercheurs a réussi à fournir « ce » modèle animal tant attendu… et les résultats sont très surprenants !

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Un grand pas entamé dans la recherche sur Alzheimer

« Le » modèle parfait pour représenter la physiopathologie Alzheimer !

Vu le travail remarquable mené sur l’élaboration de ce modèle animal depuis 2013, il n’est pas étonnant de voir sa publication paraître dans la célèbre revue Cerebral Cortex.

En forçant chez le rat la production des précurseurs des protéines bêta-amyloïde humaines et leurs clivages successifs, les chercheurs (du CEA, de l’Inserm, des universités Paris-Sud et Paris-Descartes et du CNRS) ont permis, pour la première fois, de reproduire tous les caractéristiques de la pathologie et ce à des stades très précoces !

Mais ces résultats ne s’arrêtent pas là !

En modifiant uniquement la production de ces protéines bêta-amyloïdes, « ce » rat est aussi capable de développer toute la cascade de signalisation pathogène, conduisant au déclin cognitif des rongeurs.

À savoir ! Ce modèle animal a fait l’objet d’un dépôt de brevet en novembre 2013 sur le continent européen et qui a été ensuite diffusé à l’international.

Ainsi, les chercheurs comptent bien utiliser ce modèle de rongeur, désormais appelé AgenT, pour mettre au point de nouvelles stratégies de recherche :

  1. Mieux comprendre la phase précoce de la maladie, pendant laquelle les lésions resteraient encore réversibles ;
  2. Développer des tests de diagnostic précoce de la maladie, par exemple sous forme de marqueurs sanguins ;
  3. Tester de nouvelles molécules potentielles lors de la phase précoce.

Des résultats qui aboutissent à la création d’une start-up en 2018

Plein d’ambition, Jérôme Braudeau (inventeur du modèle) et Baptiste Billoir (Diplômé HEC de Paris) ont décidé de fonder leur propre start-up pour exploiter tout le potentiel de ce modèle animal.

Cette création va ainsi permettre de réaliser différents tests en collaboration avec les laboratoires pharmaceutiques ou de recherche, mais surtout, d’atteindre leur objectif principal : pouvoir dépister la maladie au moins 10 ans avant la date du diagnostic actuel !

Ainsi, en développant un outil permettant de remplir cet objectif, il sera désormais possible de détecter à quelle phase se trouve un patient atteint par la maladie d’Alzheimer et de lui fournir le traitement le plus adéquat.

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Lucie B., Biologiste spécialisée en E-santé

– βAPP Processing Drives Gradual Tau Pathology in an Age-Dependent Amyloid Rat Model of Alzheimer’s Disease. Cerebral Cortex.Le 18 octobre 2017. DOI 10.1093/cercor/bhx260.
– Communiqué de presse : Un modèle animal inédit pour accélérer la lutte contre la maladie d’Alzheimer. CNRS. François Legrand. Le 11 octobre 2017.

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