Cancer du sein : un nouveau gène identifié!

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Rédigé par Florence D-L. et publié le 12 avril 2021

Un nouveau gène dans le cancer du sein? Environ une femme sur neuf est ou sera concernée par le cancer du sein au cours de sa vie. De nombreux traitements sont actuellement disponibles, permettant de s’adapter à la situation de chaque patiente. En parallèle, la recherche avance pour mieux comprendre le cancer du sein et envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques. En voici un exemple.

Cancer du sein

Le cancer du sein, une maladie hétérogène

 Le cancer du sein est une tumeur maligne prenant naissance dans le sein et pouvant parfois s’étendre à d’autres organes. Cependant, tous les cancers du sein ne se ressemblent pas. Ils se distinguent essentiellement selon :

  • Leur lieu de développement : cancers lobulaires (lobules = lieux de production du lait maternel), cancers canalaires (canaux = lieux d’acheminement du lait maternel) ;
  • Leur stade évolutif : cancers in situ, cancers infiltrants, cancers métastasés ;
  • Leur agressivité, c’est-à-dire leur capacité à se développer et à résister aux traitements ;
  • La présence ou l’absence de certains marqueurs tumoraux : les cancers hormono-sensibles ou hormono-dépendants expriment les récepteurs aux différentes hormones féminines (œstrogènes, progestérone) et se développent sous l’action de ces hormones, les cancers HER2+ expriment la protéine HER2 (Human Epidermal Growth Factor Receptor 2) impliquée dans la croissance des cellules cancéreuses, tandis que les cancers « triple négatifs » n’expriment aucun récepteur.

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Découverte d’un nouveau gène impliqué dans le cancer du sein

Des chercheurs australiens, membres de l’Institut de recherche médicale Harry Perkins ont concentré leurs recherches sur un sous-groupe de cancers hormono-dépendants particulièrement agressifs et meurtriers. Dans ce sous-groupe, les tumeurs sont plus grosses, elles ont tendance à s’étendre plus facilement aux ganglions lymphatiques voisins et entrainent le décès de la patiente dans un cas sur deux, alors même que la plupart des cancers hormono-dépendants se soignent bien, notamment depuis le développement de l’hormonothérapie.

Dans ce contexte, les chercheurs ont identifié un gène codant pour la protéine AAMDC (Adipogenesis associated Mth938 domain containing) sur le chromosome 11. Cette protéine ne ressemble à aucune autre protéine humaine et semble dériver d’une protéine bactérienne. Ses fonctions semblent également tout à fait singulières. En effet, la protéine AAMDC permet aux cellules cancéreuses de survivre et même de continuer à se multiplier dans des conditions défavorables, et notamment en cas d’hormonothérapie qui les prive de leur principal carburant, les oestrogènes.  La surexpression de la protéine AAMDC, présente chez environ 10% des cancers du sein hormono-dépendants, permet aux cellules cancéreuses de contourner les difficultés et joue le rôle d’un « kit de survie » d’après les scientifiques à l’origine de cette découverte.

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Prochaine étape : le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques

Les travaux sur le gène et la protéine AAMDC surexprimés dans certains cancers du sein hormono-dépendants viennent d’être publiés dans la revue Nature Communications et pourraient déboucher sur d’importantes innovations thérapeutiques pour l’avenir. En effet, il semble possible de bloquer la protéine AAMDC afin d’une part de tuer les cellules cancéreuses et d’autre part de rétablir l’efficacité des traitements d’hormonothérapie. Certains médicaments sont déjà à l’étude car ils bloquent la voie PI3K-AKT-mTOR, une voie de signalisation intimement liée à la voie AAMDC. D’autres médicaments  « anti-AAMDC » devront sans doute être mis au point.

La voie AAMDC est également présente dans d’autres cancers, comme le cancer de l’ovaire, le cancer de la prostate ou encore le cancer du poumon. Les travaux des chercheurs australiens pourraient donc à terme profiter à de nombreux patients en situation d’impasse thérapeutique.

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Florence D.-L., Docteur en pharmacie

Sources
– The oncogene AAMDC links PI3K-AKT-mTOR signaling with metabolic reprograming in estrogen receptor-positive breast cancer. nature.com. Consulté le 8 avril 2021.
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