Immunothérapie


Rédigé par Charline D. et publié le 5 juin 2018

ImmunothérapieLe principe de l’immunothérapie repose sur le traitement du cancer en utilisant notre propre système immunitaire. L’objectif est de permettre aux défenses de l’organisme de s’attaquer efficacement aux cellules cancéreuses.

Qu’est-ce que le système immunitaire ?

L’organisme peut se défendre contre les agressions extérieures (bactéries, virus) en activant son système immunitaire. Les mécanismes mis en jeu lors de sa mobilisation sont complexes puisqu’il est capable de faire appel à divers types de cellules et produire différentes molécules de défense.

On peut comparer le système immunitaire à une véritable armée comprenant deux lignes de défense. La première appelée « immunité innée », dépourvue de mémoire, qui veille en permanence afin de détecter la moindre anomalie (cellules anormales, tumorales ou infectées par un virus). La seconde appelée « immunité adaptative » nécessite plus de temps pour se mettre en place. Elle est dirigée contre un ennemi spécifique. Une propriété qui impose une phase d’apprentissage de plusieurs jours au cours de laquelle les cellules de l’immunité vont apprendre à reconnaître la cible à éliminer. Cet apprentissage permet aux cellules de l’immunité adaptative de garder le profil de l’ennemi en mémoire afin d’agir immédiatement, lors d’une seconde attaque de ce même ennemi. Ce second type d’immunité se développe donc au fur et à mesure des années. Un fait qui explique que les jeunes enfants soient plus sensibles aux infections. Enfin, le principe de la vaccination repose sur la capacité du système immunitaire à mémoriser.

Pour aller plus loin sur l’immunothérapie …

Le processus d’apprentissage nécessaire au déclenchement d’une réponse immunitaire adaptative est long. Il est tout d’abord nécessaire de repérer l’ennemi et d’en isoler un fragment caractéristique, c’est-à-dire permettant de le reconnaître à tous les coups, appelé « antigène ». Cette mission est assurée par les cellules dendritiques. Ces dernières sont, en effet, capables de découper la cible en morceaux afin d’isoler l’antigène. Une fois trouvé, l’antigène est pris en charge par le complexe majeur d’histocompatibilité présent à la surface des cellules dendritiques afin de présenter l’antigène au système immunitaire. Lorsque les cellules dendritiques présentent un antigène à leur surface, elles se dirigent vers les ganglions lymphatiques (quartier général des cellules du système immunitaire). L’antigène présenté permet d’apprendre aux cellules immunitaires (lymphocytes T ou lymphocytes B) à reconnaître l’ennemi à éliminer. Lorsqu’un lymphocyte T est en contact pour la première fois avec un antigène, une réaction de multiplication et d’activation de celui-ci est déclenchée. Une fois plusieurs lymphocytes T formés, ils se dirigent vers la cible à abattre. Les lymphocytes B, quant à eux peuvent sécréter des anticorps dirigés spécifiquement contre l’antigène et qui servent à le neutraliser.

Ainsi, en près de 48h, le système immunitaire de l’organisme est capable d’éliminer tout intrus (bactérie, virus, etc.) sans aucune aide extérieure. Cependant, il peut parfois rencontrer quelques difficultés et échouer. C’est le cas avec les cellules tumorales.

Cancer et système immunitaire

Un cancer est toujours initié par l’altération du matériel génétique d’une des cellules de l’organisme. En effet, celle-ci perd progressivement le contrôle de sa prolifération, devient immortelle, et se multiplie de façon anarchique dans l’organisme. Pourquoi les cellules immunitaires ne réagissent pas efficacement face aux cellules tumorales ?

L’incapacité du système immunitaire à reconnaître une cellule cancéreuse a longtemps était expliquée par le fait que celui-ci est programmé pour ne pas attaquer les cellules du soi afin d’éviter tout risque d’autodestruction. On parle d’auto-immunité. Or, les cellules tumorales sont des cellules du soi présentant une anomalie. Cependant, il a été découvert plus tard que les cellules cancéreuses présentaient à leur surface des antigènes spécifiques qui semblent pouvoir parfois être découvert par le système immunitaire. De nombreuses pistes ont été explorées sur les antigènes, sans succès.

Par ailleurs, les cellules cancéreuses ont également la capacité de pouvoir se camoufler afin de faire croire au système immunitaire de l’organisme qu’elles ne représentent aucune menace. Parfois, les cellules cancéreuses sont capables de prendre l’initiative de bloquer l’action des défenses immunitaires.

Les cellules tumorales échappent au système immunitaire et c’est en comprenant comment elles y parviennent qu’une thérapie pourra éduquer le système immunitaire afin qu’il parvienne à dénicher et éliminer les cellules cancéreuses.

Qu’est-ce que l’immunothérapie ?

L’immunothérapie repose sur l’utilisation du système immunitaire afin d’éliminer les cellules cancéreuses de l’organisme, comme il le fait d’ordinaire pour les bactéries ou les virus. Cette thérapie apprend au système immunitaire à reconnaître et détruire les cellules tumorales.

L’immunothérapie représente un espoir majeur dans la lutte contre le cancer. Bien que des améliorations soient encore nécessaires, les nombreuses études concernant l’immunothérapie obtiennent de très bons résultats. Plusieurs traitements sont d’ores et déjà disponibles. A l’heure actuelle, cette thérapie n’est jamais utilisée seule en première intention, mais peut cependant aider à éradiquer la tumeur.

Depuis plusieurs années, diverses pistes ont été explorées pour stimuler le système immunitaire :

  • L’injection du vaccin anti-tuberculose qui est connue pour stimuler l’immunité ;
  • Le prélèvement de lymphocytes, leur multiplication en laboratoire et leur réinjection au patient ;
  • L’injection de cytokines (messagers chimiques) capables de stimuler le système immunitaire. En revanche, elles peuvent engendrer de fortes fièvres.

Des études ont également été réalisées sur la modification des cellules cancéreuses. Celles-ci étaient rendues inoffensives par irradiation en laboratoire puis réinjectées au patient. La difficulté était de modifier suffisamment la cellule pour stimuler l’immunité sans trop la modifier afin qu’elle ne diffère pas trop des autres cellules cancéreuses pour qu’elles restent reconnaissables du système immunitaire.

En pratique, on distingue l’immunothérapie locale et l’immunothérapie générale.

L’immunothérapie locale est utilisée pour le cancer de la vessie qui a tendance à récidiver suite à l’intervention chirurgicale. Elle repose sur l’injection du vaccin anti-tuberculose dans la vessie.

L’immunothérapie générale consiste en l’injection de substances (interféron et interleukine 2) normalement sécrétées par les lymphocytes en cas d’agression. Ces substances sont produites par génie génétique. En cancérologie, l’interféron est employé pour traiter le cancer du rein, les leucémies, les lymphomes, le myélome ou le mélanome. L’interleukine 2 est plutôt utilisée dans deux cancers chimio résistants : le cancer du rein métastatique ou le mélanome métastatique.

Par ailleurs, les anticorps monoclonaux (substances dirigées spécifiquement contre les antigènes des cellules tumorales) sont utilisés dans certains cancers comme le lymphome malin résistant à la chimiothérapie ou dans certaines formes du cancer du sein évolué.

Depuis la fin des années 90, plusieurs anticorps monoclonaux sont utilisés en cancérologie (dans l’ordre chronologique) :

  • Rituximab, pour les lymphomes non-hodgkiniens ;
  • Trastuzumab, pour le cancer du sein ;
  • Gemtuzumab, pour les Leucémies myéloïdes aiguës ;
  • Alemtuzumab, pour les Leucémies lymphoïdes chroniques ;
  • Tosimumomab, pour les lymphomes non-hodgkiniens résistants au Rituximab ;
  • Ibritumomab, pour les lymphomes non-hodgkiniens résistants ;
  • Cetuximab, pour les cancers du côlon métastatique ;
  • Bevacizumab, pour les cancers du côlon métastatique ;
  • Panitumab, pour les cancers du côlon métastatique ;
  • Catumaxomab pour les ascites malins ;
  • Ofatumumab, pour les Leucémies lymphoïdes chroniques ;
  • Ipilimumab, pour les mélanomes ;
  • Brentuximab, pour les Lymphomes de Hodgkin et les lymphomes anaplasiques ;
  • Pertuzumab, pour les cancers du sein métastatiques ;
  • Denosumab, pour les métastases des cancers solides ;
  • Nivolumab, pour le mélanome et le cancer du poumon.

Charline D., Docteur en pharmacie

– L’immunothérapie. Institut Curie. Consulté le 31 mai 2018.
– L’immunothérapie. La ligue contre le cancer. Consulté le 31 mai 2018.
– Immunothérapie. Fondation contre le cancer. Consulté le 31 mai 2018.

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