Cancer du pancréas : pourquoi est-il si difficile à détecter ?

Par |Publié le : 6 juin 2025|Dernière mise à jour : 2 juin 2025|4 min de lecture|

Le cancer du pancréas est l’un des cancers les plus redoutables en raison de son diagnostic tardif. Longtemps silencieux, il progresse souvent sans symptôme perceptible jusqu’à un stade avancé. Pourquoi est-il si difficile à dépister ? Quels sont les signes évocateurs ? Existe-t-il des examens précoces fiables ? Décryptage des obstacles actuels au diagnostic du cancer pancréatique et des espoirs de la recherche.

header article cancer pancréas

Une maladie longtemps asymptomatique

Des symptômes peu spécifiques et tardifs

Dans la majorité des cas, le cancer du pancréas se développe sans symptômes durant plusieurs années. Lorsqu’ils apparaissent, les signes cliniques sont souvent généraux et peu évocateurs : fatigue, perte d’appétit, amaigrissement inexpliqué, douleurs abdominales ou dorsales. La jaunisse (ou ictère) est un symptôme plus caractéristique, mais elle survient seulement quand la tumeur comprime les voies biliaires.

Ces éléments d’alerte se manifestent le plus souvent trop tardivement pour permettre une prise en charge chirurgicale. Selon l’Institut Gustave Roussy, plus de 90 % des cancers du pancréas sont diagnostiqués à un stade non opérable. Pourtant c’est cette option thérapeutique qui offre aujourd’hui les meilleures chances de guérison.

Une localisation anatomique discrète

Le pancréas est situé profondément dans l’abdomen, derrière l’estomac. Cette position rend difficile la détection d’une tumeur lors d’un examen clinique simple. Il est donc rare que le médecin puisse palper une masse suspecte. Cette particularité anatomique contribue également au retard du diagnostic.

À noter ! Cancer du pancréas : chiffres clés
– C’est le 2ème cancer digestif le plus fréquent et la 4ème cause de décès par cancer.
– En 2023, 15 991 nouveaux cas ont été diagnostiqués (8 323 hommes pour 7 668 femmes).
– Son incidence progresse, en majorité chez les personnes de plus de 50 ans.
– Âge médian au diagnostic : 71 ans chez les hommes et 74 ans chez les femmes.
– 10 à 20 % des patients seulement sont diagnostiqués à un stade où la tumeur est résécable.

Un dépistage difficile du cancer pancréatique dans la population générale

Pas de test sanguin fiable à ce jour

Contrairement à d’autres cancers, il n’existe pas de test de dépistage simple et validé pour le cancer du pancréas. Certains marqueurs tumoraux, comme le CA 19-9, peuvent être élevés en cas de tumeur pancréatique, mais ils manquent de sensibilité et de spécificité. Ils peuvent être normaux chez des patients atteints, ou augmentés dans d’autres pathologies. Ils sont donc principalement utilisés pour le suivi de la maladie et l’évaluation de la réponse aux traitements.

La biopsie reste le seul moyen fiable pour poser un diagnostic formel, en analysant les cellules prélevées sur la lésion suspecte, généralement sous contrôle d’imagerie.

Une surveillance ciblée pour les personnes à risque

Un dépistage par imagerie (scanner, IRM, écho-endoscopie) peut être envisagé pour certaines populations à risque élevé : personnes ayant des antécédents familiaux de cancer du pancréas, mutations génétiques connues (BRCA, CDKN2A…), ou souffrant de pancréatite chronique. Mais ce suivi ne concerne qu’une minorité de patients.

Des projets pour améliorer la détection précoce du cancer du pancréas

Détecté à un stade précoce, le cancer du pancréas pourrait pourtant être guéri dans 80 % des cas. C’est pourquoi plusieurs équipes de recherche travaillent à développer des outils diagnostiques capables d’identifier la maladie bien avant l’apparition des symptômes.

Le projet PRISM, par exemple, vise à établir une signature moléculaire propre au cancer du pancréas. À terme, celle-ci pourrait être détectée dans une prise de sang ou un échantillon urinaire. Ce projet pourrait révolutionner la prise en charge, en rendant le diagnostic plus précoce, plus simple, et plus fiable. D’autres pistes complémentaires sont à l’étude : dans le but d’identifier de l’ADN tumoral circulant ou des cellules cancéreuses dans le sang.

L’imagerie médicale évolue aussi rapidement : certaines équipes développent des outils assistés par intelligence artificielle pour repérer des anomalies invisibles à l’œil humain.

L’analyse des déséquilibres métaboliques, des réponses immunitaires ciblées ou encore des signatures inflammatoires fait également l’objet de recherches prometteuses. L’objectif est clair : détecter plus tôt pour mieux soigner, avec l’espoir de guérir.

Le cancer du pancréas reste difficile à diagnostiquer car il progresse souvent de manière silencieuse, sans symptômes spécifiques. Aujourd’hui, seul un petit nombre de patients peuvent bénéficier d’un traitement curatif. Mais les efforts actuels en recherche, qu’il s’agisse de l’identification de nouveaux biomarqueurs, d’imagerie avancée ou de tests sanguins innovants, ouvrent des perspectives prometteuses.

Sources
– Dépister plus tôt le cancer du pancréas pour mieux le guérir. www.gustaveroussy.fr. Consulté le 26 mai 2025.
– Cancers du pancréas : les symptômes et le diagnostic. www.fondation-arc.org. Consulté le 26 mai 2025.
– Cancer du pancréas : Epidémiologie. www.arcagy.org. Consulté le 26 mai 2025.

Cet article vous a-t-il été utile ?

Merci pour votre avis !
Julie R.
Infirmière pendant 15 ans, dont 10 en pédiatrie, Julie R. est animée par une passion pour la santé, l'écologie et les sciences. Spécialisée en rédaction web SEO, alliant respect de notre charte HIC et approche humaine, elle met son expérience au service d’une meilleure compréhension de la santé pour le plus grand nombre