Chaque mois, sont publiées de nouvelles applications de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé. Cette nouvelle technologie se montre particulièrement pertinente dans le dépistage et le diagnostic médical. Mais jusqu’à quel point ? Santé Sur le Net s’est intéressé à cette question.
L’intelligence artificielle dans le diagnostic médical
Depuis quelques années, l’intelligence artificielle se fait une place croissante dans le domaine médical, au point de représenter pour certains une véritable révolution médicale. Des exemples d’utilisation dans le diagnostic et l’expertise médicale se multiplient dans diverses spécialités médicales (dermatologie, ophtalmologie, oncologie, …) et en particulier dans le domaine de l’imagerie médicale. L’intelligence artificielle pourrait-elle bientôt dépasser l’expertise humaine dans le diagnostic médical ?
D’après plusieurs études ayant comparé le diagnostic effectué par un spécialiste et par des outils d’intelligence artificielle, l’IA serait capable de détecter des pathologies invisibles à l’œil nu, mais aussi de prédire l’évolution de certaines pathologies dès le diagnostic contribuant à mieux définir la prise en charge du patient. L’IA possède deux atouts majeurs : une forte capacité d’analyse, basée sur l’intégration d’une quantité impressionnante de données, et des capacités d’apprentissage décuplées. Mais l’expertise humaine reste essentielle et incontournable d’après de nombreux spécialistes.
L’IA, un outil d’aide à la décision médicale
Les nouveaux outils basés sur l’intelligence artificielle n’ont pas pour vocation de remplacer l’expertise humaine en matière de diagnostic. Il s’agit plutôt d’outils d’aide à la décision diagnostique ou thérapeutique. Les résultats apportés par l’intelligence artificielle permettent aux médecins d’affiner leur diagnostic et de préciser le pronostic des patients pour une meilleure prise en charge. L’intelligence artificielle apparait alors plus comme un assistant qu’un expert. Le médecin reste bel et bien l’expert en charge du diagnostic.
Par ailleurs, les exemples d’application de l’intelligence artificielle ne manquent pas, mais leur utilisation soulève parfois des questionnements éthiques. Le médecin doit pouvoir s’opposer à la conclusion de l’outil d’IA s’il est persuadé que l’outil s’est trompé. Le patient doit être informé qu’un outil d’IA a été utilisé pour l’interprétation de ses données médicales afin de conduire au diagnostic. Et le patient peut refuser une décision médicale émanant de l’intelligence artificielle.
L’IA, un outil en plus pour le médecin
Pour chaque recours à l’IA dans le diagnostic médical, les experts en charge du développement de l’outil et les médecins utilisateurs de l’outil doivent avant tout définir le périmètre d’utilisation de l’IA :
- Dans quel contexte clinique ?
- Pour quels patients ?
- Pour rechercher quelle maladie ?
- A partir de quel type de données médicales ?
- Avec quels résultats attendus en termes de sensibilité et de spécificité ?
- Avec quelle contribution de l’IA par rapport à l’expertise humaine ?
L’IA n’apporte pas toujours la solution, elle peut ne pas savoir, échouer ou commettre des erreurs. Elle ne constitue donc pas un outil diagnostique absolu. Elle reste un outil d’aide à la décision médicale. Mise à la disposition de l’expertise médicale humaine, l’intelligence artificielle contribue en revanche à améliorer les techniques de diagnostic médical. L’intelligence artificielle, dans le diagnostic médical comme dans d’autres domaines, ne peut pas se passer de l’humain ! Mais l’humain peut avoir intérêt à utiliser l’intelligence artificielle pour améliorer ses performances.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Intelligence artificielle et santé : Des algorithmes au service de la médecine. www.inserm.fr. Consulté le 1er août 2023.