Réel danger pour la santé des populations, la sédentarité peut se révéler plus dommageable chez les seniors. Peu d’entre eux suivent les recommandations de santé publique qui leur sont destinées. Y’aurait-il une raison à cela ? C’est ce qu’ont cherché à savoir des chercheurs de l’Inserm et de l’Université Paris Cité. Ils ont étudié l’impact de facteurs individuels sur la pratique d’une activité physique quotidienne au cours du vieillissement.
Les risques de la sédentarité chez les seniors
Qualifié de «4e facteur de risque de mortalité prématurée » par l’Organisation mondiale de la santé, le manque d’activité physique représente un danger pour la santé des populations et particulièrement celle des seniors. D’où l’intérêt de prévenir l’installation d’une sédentarité délétère à travers la promotion de l’activité physique au sein de cette tranche d’âge.
Il faut dire qu’une activité physique adaptée selon l’âge est essentielle au maintien de l’organisme en bonne santé. Les recommandations actuelles préconisent de réaliser 21 minutes par jour d’activité physique modérée à intense. Par ailleurs, il est recommandé de réduire le temps passé assis.
C’est sans compter la réalité des faits. Peu de personnes suivent réellement ces recommandations, en particulier les personnes les plus âgées. Par ailleurs, force est de constater que les messages de santé publique destinés aux seniors prennent peu en compte les facteurs individuels susceptibles de limiter l’adoption d’un mode de vie actif. Dans ce contexte, des chercheurs ont voulu identifier quels facteurs individuels (socio-démographiques, comportementaux et de santé) influencent la sédentarité au cours du vieillissement.
Des facteurs individuels favorisant la sédentarité des seniors
Pour mener à bien leurs travaux, les scientifiques se sont appuyés sur les données issues de la cohorte britannique Whitehall II.
À savoir ! Mise en place entre 1985 et 1988, la cohorte Whitehall II se compose de 10 308 participants britanniques âgés de 35 à 55 ans (dont 67 % d’hommes).
Ainsi, 3896 participants âgés de 60 à 83 ans ont vu leurs données personnelles collectées sur une période de 20 ans entre 1991-1993 et 2012-2013. Ces données incluent des informations socio-démographiques, comportementales (consommation de tabac, d’alcool, de fruits et de légumes), de santé (indice de masse corporelle, qualité de vie, maladies chroniques) et d’activité physique. Puis, en 2012-2013, ces mêmes participants ont porté durant 9 jours un appareil de mesure appelé « accéléromètre ». En effet, cet outil était chargé d’enregistrer en continu l’intensité et à la durée de l’activité physique quotidienne. Trois types d’intensité d’activité physique ont été retenus par les chercheurs :
- La sédentarité traduite par une activité de faible intensité énergétique en position assise ou allongée ;
- L’activité physique d’intensité légère comme la marche lente ;
- L’activité physique d’intensité modérée à forte comme la natation ou le vélo.
Ainsi, les scientifiques ont pu obtenu les résultats suivants :
- Chez les hommes : plus de temps passé en activité sédentaire et en activité modérée à forte.
- Chez les femmes : plus de temps passé en activité légère.
- Impact de tous les facteurs comportementaux sur le temps passé dans les différentes intensités d’activité physique. Particulièrement pour les femmes et les hommes fumeurs de tabac.
- Augmentation significative du temps sédentaire associée à une mauvaise santé générale, aux maladies chroniques ainsi qu’à l’obésité. Ainsi au même âge, les personnes obèses sont sédentaires 50,7 minutes de plus par jour que les autres.
Vers une meilleure prévention des comportements sédentaires
Des freins à l’exercice physique chez les seniors étaient-ils présents plus tôt dans leur vie ? Les chercheurs répondent que oui. En effet, la solitude, le surpoids, l’obésité, les maladies chroniques, un affaiblissement physique et une mauvaise hygiène de vie sont impliquées. Présentés entre 50 et 60 ans, ils sont associés à un faible niveau d’activité durant la vieillesse. A noter un regroupement des facteurs de risque comportementaux. En effet, les personnes les plus sédentaires ont tendance à fumer et à moins consommer des fruits et légumes.
Les résultats de cette étude soulignent la complexité des freins individuels à l’activité physique chez les seniors. Prévenir la sédentarité dans cette tranche d’âge implique de tenir compte de ces facteurs individuels pour pouvoir mener des politiques de santé publique optimales et efficaces. Selon l’investigatrice de l’étude, il faudrait mettre en place des stratégies de prévention ciblées « en s’adressant le plus tôt possible aux personnes les plus susceptibles d’être peu actives en vieillissant. »
Déborah L., Docteur en Pharmacie