Volume consommé, habitude de consommation chez les jeunes et les adultes, recours aux hospitalisations, accidents de la route liés à l’alcool… le dernier rapport de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives) dresse un état des lieux complet sur le rapport des Français à l’alcool. Revenons sur les chiffres.
Le point sur la vente d’alcool en 2023
Les volumes d’alcool pur mis en vente ont de nouveau diminué en 2023, avec une baisse de 3,8% comparativement à 2022.
À savoir ! L’alcool pur est une substance composée uniquement de molécules d’éthanol, c’est-à-dire non mélangée à de l’eau (ou à d’autres composants). Dans une boisson alcoolisée, la quantité d’alcool pur est exprimée en volume d’alcool pur pour 100 ml de boisson, c’est-à-dire en pourcentage d’alcool (ou teneur) dans cette boisson, ce qui correspond au nombre de degrés affiché sur les contenants. Par exemple, un vin à 12 degrés contient 12 % d’alcool. Un verre standard, qui correspond au contenant adapté à chaque type de boisson, contient environ 10 g d’alcool pur.
Cette baisse des ventes est portée par un recul de consommation de vins et de spiritueux entre 2022 et 2023 au profit de la consommation de bière. Une tendance observée dans l’Hexagone depuis 20218.
En 2023, plus de la moitié des boissons alcooliques vendues sont des vins (52 %), suivis de loin par les bières (25 %) et les spiritueux (21 %).
Ainsi, le volume moyen d’alcool consommé par an par habitant âgé de plus de 15 ans est de 10,35 litres. Cela correspond en moyenne à une consommation de 2,27 verres standard d’alcool par jour.
Les habitudes de consommation des jeunes et des adultes
L’enquête de l’OFDT met en évidence que 19,4% des adolescents déclarent ne jamais avoir consommé d’alcool de sa vie en 2022, soit une part multipliée par 3 en 20 ans.
Comparativement à 2017, le recours à l’alcool par les jeunes de 17 ans est en baisse. Ils étaient 66,5% à avoir recours à l’alcool dans le mois en 2017 contre 58.6% en 2022. Pendant cette même période, le recul du recours quotidien à l’alcool est de 31% et de 14% pour le recours mensuel.
L’alcoolisation ponctuelle importante (API) est également en recul. En 2017, 44% des adolescents interrogés avaient vécu une API dans le mois contre 36.6% en 2022.
À savoir ! L’alcoolisation ponctuelle importante (API) désigne le fait d’avoir bu 6 verres standards ou plus, en une seule occasion chez l’adulte et 5 verres standards ou plus chez l’adolescent. L’API se différencie du binge drinking par l’absence d’intentionnalité et de condition quant à la durée de la session d’alcoolisation. Le binge drinking constitue un mode d’alcoolisation épisodique, mais répété, ce qui le rapproche plutôt des alcoolisations ponctuelles importantes répétées ou régulières.
Notons également que les garçons sont par deux fois plus nombreux que les filles à avoir bu 10 verres ou plus lors de la dernière occasion de consommation : 12,6% contre 6.8%.
Du côté de chez les adultes, les chiffres sont également en baisse. La diminution la plus marquée concerne la consommation quotidienne un recul de 13 % entre 2021 et 2023.
82.5% des adultes disent avoir consommé au moins une fois dans l’année en 2023 et 37% affirment avoir recours chaque semaine à l’alcool. L’usage quotidien concerne quant à lui 7 % des adultes.
Quel que soit le niveau d’usage, les chiffres sont systématiquement plus élevés chez les hommes même si un rapprochement des comportements d’alcoolisation a été observé ces dernières années. Les alcoolisations importantes (API) mensuelles concernent 22,1 % des hommes contre 8,1 % des femmes et les API hebdomadaires touchent 7,3 % des hommes contre 2 % des femmes).
Plusieurs tendances de consommation se dégagent selon les classes d’âges. Les API (mensuelles ou hebdomadaires) sont beaucoup plus fréquentes au sein des classes d’âges les plus jeunes.
Les mêmes gradients sont observables quant aux nombres de verres standard consommés lors d’un jour de consommation : 46.6% des 18 à 24 ans dépassent 2 verres standard par jour contre 18.3% chez les 65 et 75 ans.
Selon les rapporteurs de l’étude : « Ces dernières évolutions s’inscrivent dans la continuité d’un changement des rapports générationnels à l’alcool. Ces modifications traduisent le passage amorcé dans les années 2000 d’un mode de consommation dit « méditerranéen » (avec des usages quotidiens, essentiellement de vin, lors des repas et dans des quantités n’excédant pas quelques verres) à un mode dit « nordique » (usages moins fréquents, mais avec des quantités plus importantes et dans des contextes festifs), qui serait plus répandu chez les jeunes ».
Les conséquences sanitaires de la consommation d’alcool
Ces chiffres en baisse se traduisent notamment par une baisse de 7,5 % par rapport à 2022 du nombre de personnes tuées dans des accidents mortels impliquant l’alcool. Notons par ailleurs que les décès routiers en présence d’alcool ont donc chuté deux fois plus en proportion que l’ensemble de la mortalité routière.
Pour les hospitalisations en lien avec l’alcool, on note une progression de 4.1% des séjours et de 2.5% de patients en 2023 (près de 308 000 patients) par rapport à 2022.
Concernant majoritairement des hommes âgés en moyenne de 56 ans, ces séjours ont pour objet dans 41% des cas l’alcoolodépendance (où l’alcool est le problème de santé ayant motivé l’admission)et dans 59% des cas un diagnostic de comorbidité (diagnostic associé à l’alcool).
Depuis une dizaine d’années, les hospitalisations pour des intoxications alcooliques aiguës reculent, tandis que celles en lien avec la dépendance et le sevrage progressent.
Différents médicaments peuvent être utilisés pour aider à l’arrêt prolongé de l’usage chez les personnes dépendantes à l’alcool. Les médicaments ayant une autorisation de mise sur le marché sont l’acamprosate, la naltrexone, le disulfiram, le nalméfène et le baclofène.
– LA CONSOMMATION D’ALCOOL ET SES CONSÉQUENCES EN FRANCE EN 2023. www.ofdt.fr. Consulté le 05 décembre 2024.