COVID-19 et fatigue chronique

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Rédigé par Marine T. et publié le 8 juillet 2020

Les spécialistes craignent qu’une vague de fatigue chronique (phénomène fréquemment observé après une infection) apparaisse dans les prochains mois et handicape bon nombre de patients ayant été atteints par le COVID-19.

Femme fatiguée se tenant la tête dans la main

Qu’est-ce que le syndrome de fatigue chronique ?

Le syndrome de fatigue chronique (SFC), aussi appelé encéphalomyélite myalgique, se caractérise par l’apparition d’une fatigue persistante et invalidante chez un patient jusque-là en bonne santé et non dépressif.  Cette fatigue intense peut être accompagnée d’autres symptômes tels que des céphalées, des douleurs articulaires et musculaires, un état dépressif ou encore un sommeil non réparateur. La prévalence du SFC est estimée entre 1 personne sur 600 et 1 personne sur 2000 dans les pays industrialisés, il ne s’agit donc pas d’une maladie rare.

Le saviez-vous la prévalence correspond au rapport du nombre de cas d’un trouble morbide à l’effectif total d’une population, sans distinction entre les cas nouveaux et les cas anciens, à un moment ou pendant une période donnée.

Ce trouble encore partiellement méconnu est deux fois plus fréquent chez les femmes et touche principalement les jeunes adultes (entre 20 et 40 ans).

Même si les causes de ce syndrome restent encore inconnues, différentes études épidémiologiques démontrent que le SFC apparait souvent à la suite d’une infection bactérienne ou virale comme la grippe ou encore la mononucléose (une fois la maladie guérie, la fatigue persiste). En outre, le syndrome avait également été observé à la suite des précédentes épidémies de SARS (severe acute respiratory syndrome) et de MERS (Middle East respiratory syndrome), il est donc probable que nous soyons de nouveau confrontés à ce phénomène dans les mois à venir.

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Rétrospective sur le SARS en 2003 et lien avec la COVID-19

Le professeur Carmen Scheibenbogen, de l’Hôpital universitaire de la Charité de Berlin évoque l’impact du SFC à la suite des précédentes épidémies de MERS et de SARS.

En 2003, Toronto a connu une épidémie causée par un coronavirus de la même famille que le SARS-CoV-2 (coronavirus responsable de la pandémie de la COVID-19). Lors de cette épidémie, 273 personnes ont été infectées et 44 personnes sont décédées. En ce qui concerne les 229 survivants, 10% d’entre eux présentait une symptomatologie du syndrome de fatigue persistante trois ans après leur infection.

Des modélisations sont possibles à partir des résultats des études de Toronto. Le site américain “The Canary” estime qu’un an après la pandémie de COVID-19, 408 000 à 3 570 000 personnes pourraient souffrir de symptômes semblables à ceux du SFC aux Etats Unis.

Aux vues du nombre de patients infectés dans le monde, soit 11 418 475 cas confirmés en date du 6 juillet 2020, quel serait l’impact du SFC à l’échelle mondiale ?

Les chercheurs tirent la sonnette d’alarme et indiquent que les séquelles de la pandémie de la COVID-19 risque de perdurer pendant encore de long mois, raison pour laquelle ils préconisent une surveillance pour les patients infectés sur une période de 24 mois.

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Comment poser le diagnostic, quels sont les traitements ?

Nous savons d’ores et déjà que la convalescence pour les patients guéris de la COVID-19 est longue et nécessite un suivi plusieurs mois après l’éradication de l’infection. Toutefois, si la symptomatologie persiste 6 mois après l’infection, il faudra vérifier si on a affaire au syndrome de fatigue chronique.

Il n’existe aucun marqueur spécifique de la maladie, le diagnostic s’appuie donc uniquement sur la clinique.

Les différents symptômes pouvant évoquer un SFC sont les suivants :

  • Les plaintes sont présentes depuis au moins six mois.
  • Les patients éprouvent des difficultés à effectuer leur travail et leurs tâches privées, ainsi qu’à rester en contact avec d’autres personnes.
  • Une charge mentale ou physique légère suffit à leur donner l’impression d’être épuisé.
  • Présence de symptômes (pseudo-)grippaux, avec douleurs au niveau de la nuque et ganglions hypertrophiés
  • Troubles du sommeil, sommeil non réparateur
  • Tensions musculaires, membres douloureux, céphalées
  • Nausées et symptômes gastro-intestinaux
  • Modification du poids
  • Perte de la libido
  • Plaintes cardiovasculaires
  • Dyspnée
  • Résistance limitée à l’effort, avec aggravation de l’état
  • Troubles de l’humeur, anxiété, crises de panique
  • Troubles de la concentration et de la mémoire

A ce jour, il n’existe aucun traitement du syndrome de fatigue chronique. Si ce dernier est confirmé, la prise en charge du patient aura pour but d’améliorer sa qualité de vie en atténuant les symptômes, notamment à l’aide d’antalgiques ou d’une thérapie comportementale. La ME association (association caritative pour les patients atteints par le SFC) préconise d’adopter une routine quotidienne avec une alimentation équilibrée et une activité physique modérée et encourage le recours aux méthodes de relaxation.

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Marine T., Chargée d’information médicale et scientifique

– Le Syndrome de la fatigue chronique. ORPHANET. Consulté le 7 juillet 2020.
– Après l’épidémie de COVID-19, les spécialistes redoutent une vague de fatigue chronique. MEDSCAPE. Consulté le 7 juillet 2020.
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