L’exposition à la pollution atmosphérique, même à faible dose, constituerait l’un des principaux facteurs de risque évitables du déclin cognitif. C’est le résultat d’une récente étude française de cohorte, publiée dans la revue scientifique The Lancet Planetary Health. Résultats.
Pollution atmosphérique et déclin cognitif
Il est désormais établi scientifiquement que l’exposition à la pollution atmosphérique constitue un facteur de risque modifiable du déclin cognitif. Mais quels sont les polluants atmosphériques les plus dangereux ? A quelle dose ? Sur quelles fonctions cognitives agissent-ils ? Pour répondre à ces questions, des chercheurs français ont analysé les données de la cohorte CONSTANCES, composée de 220 000 adultes, âgés de 18 à 69 ans, recrutés aléatoirement.
Au sein de cette cohorte, les scientifiques se sont particulièrement intéressés à un sous-ensemble de 61 462 adultes, âgés d’au moins 45 ans, et ayant effectué des tests cognitifs pour évaluer :
- La mémoire épisodique verbale ;
- Les compétences linguistiques ;
- Les fonctions d’exécution.
À savoir ! Le déclin cognitif correspond à une altération d’une ou plusieurs fonctions cognitives, quel que soit le mécanisme mis en cause, son origine ou sa réversibilité. Les fonctions cognitives représentent l’ensemble des capacités nous permettant d’être en interaction avec notre environnement. Ce sont elles qui permettent de percevoir, se concentrer, acquérir des connaissances, raisonner s’adapter et interagir avec les autres.
Des effets variables selon les polluants
Pour évaluer l’exposition de la cohorte à la pollution atmosphérique, les chercheurs ont utilisé les relevés effectués sur l’air atmosphérique autour de leur zone géographique de résidence et pris en compte les polluants les plus émis par le trafic routier :
- Les particules fines d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres (PM2.5) ;
- La concentration en dioxyde d’azote (NO2) ;
- Le carbone suie.
A partir de l’ensemble des données analysées, les chercheurs ont mis en évidence que l’exposition au carbone suie et au dioxyde d’azote était significativement associée à une diminution des capacités cognitives, en particulier de la fluidité du langage et des fonctions exécutives (nécessaires à la planification, l’organisation ou l’élaboration de stratégies, entre autres). L’effet des polluants survient même à faible exposition. Mais, le déclin des performances cognitives est d’autant plus important que la pollution est forte.
Réduire le trafic routier pour préserver nos fonctions cognitives
En outre, l’effet sur les performances cognitives dépend du polluant atmosphérique. Pour le dioxyde d’azote et les particules fines, le test d’aisance sémantique est le plus affecté. Le carbone suie semble impacter préférentiellement les fonctions exécutives. Néanmoins, il reste à élucider quels sont les mécanismes qui expliquent l’action des polluants sur les capacités cognitives. Mais, ces données démontrent que les principaux polluants atmosphériques altèrent, même à faible dose, les capacités cognitives, et ce dès l’âge de 45 ans.
Ainsi, la pollution atmosphérique pourrait ainsi accélérer le déclin cognitif lié à l’âge et favoriser la survenue de pathologies telles que la maladie d’Alzheimer. Ces maladies pourraient devenir plus fréquentes, avec un âge d’apparition plus précoce. Les résultats de cette étude viennent appuyer les politiques de réduction d’émission des polluants atmosphériques, destinées à préserver l’environnement, mais aussi à protéger notre santé !
Estelle B., Docteur en Pharmacie