Dermatillomanie, qui est concerné ?

Par |Publié le : 26 mai 2025|Dernière mise à jour : 20 mai 2025|4 min de lecture|

Se triturer la peau sans pouvoir s’arrêter jusqu’à la survenue de lésions. Voici la souffrance que doivent vivre quotidiennement les personnes atteintes de dermatillomanie. Comment se caractérise ce trouble obsessionnel compulsif ? Eléments de réponses.

header pour article sur la dermatillomanie - homme et femme qui se gratte, avec des marques sur leur peau

Le diagnostic de la dermatillomanie

Touchant 1 à 2% de la population, la dermatillomanie survient en général à l’adolescence. Cependant, elle peut aussi apparaitre spontanément à l’âge adulte, souvent après un évènement psychotraumatique.

Ce trouble touche davantage la gent féminine puisque dans 75% des cas, la personne est une adolescente ou une femme. 

Les personnes souffrant de dermatillomanie se triturent ou se grattent la peau de manière compulsive. Les zones concernées sont en général saines. Les autres zones triturées peuvent être des callosités, des croûtes et des boutons d’acné. Quand elles durent dans le temps et sont répétées sur la même région du corps, les crises de dermatillomanie créent des lésions cutanées, parfois irréversibles.

À savoir !Lorsque le triturage de la peau est excessif, il peut provoquer des lésions, des infections, un saignement excessif, voire une grave infection de la circulation sanguine (septicémie).

Intégrée récemment au DSM-5, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques, la dermatillomanie est reconnue comme un trouble d’excoriation (curage de la peau).

Classée dans la nomenclature F42, la dermatillomanie fait partie des TOC ou Troubles Obsessionnels Compulsifs. C’est donc une affection psychiatrique et jusqu’à aujourd’hui ses bases neurobiologiques sont encore inconnues.

Lors du diagnostic, les symptômes évalués par un médecin ou un psychiatre sont :

  • L’action de se triturer la peau jusqu’à la création de lésions ;
  • Les tentatives répétées d’arrêter ou de limiter le triturage ;
  • La survenue d’une angoisse significative ou des difficultés croissantes à fonctionner en raison du comportement lié à la dermatillomanie.

Comment se manifeste ce trouble obsessionnel compulsif ?

Chaque personne concernée exprime son trouble obsessionnel compulsif à sa manière.

En général, elles ne se triturent pas devant autrui et tentent de dissimuler leurs lésions cutanées avec les vêtements ou le maquillage.

Certains dermatillomanes présentent de nombreuses plaies et zones de cicatrices tandis que d’autres n’en ont que très peu et moins marquées.

Certains se triturent la peau de manière presque automatique, sans y penser. D’autres sont plus conscients de leurs actes. Aussi, les zones choisies pour le triturage peuvent changer avec le temps.

Des formes de rituels peuvent accompagner le triturage de la peau. Il peut s’agir d’arracher une croûte avec les mains ou un objet spécifique comme une pince à épiler. Il ou elle peut aussi s’arracher les cheveux et les poils de façon répétée. Ou encore, se ronger les ongles et mordre l’intérieur de ses joues.

Ces comportements répétitifs et compulsifs centrés sur le corps vont de pair avec une anxiété, un état de stress ou une tension nerveuse. En effet, en se triturant ainsi la peau et les phanères (ongles, cheveux, poils), la personne ressent une forme d’apaisement. C’est un cercle vicieux et l’acte de se triturer devient addictif, car synonyme de relâchement des souffrances nerveuses. 

De plus, la perte de contrôle liée à la dermatillomanie engendre elle-même une forme d’angoisse. En effet, avant de consulter un médecin, bon nombre de personnes ont échoué dans leurs tentatives de contenir ou d’arrêter leurs TOCs.

Les traitements de la dermatillomanie

De nombreuses personnes souffrant de dermatillomanie présentent également d’autres troubles mentaux, tels qu’un trouble anxieux, un trouble obsessionnel compulsif, une trichotillomanie, et éventuellement une dépression.

À savoir !Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) se traduisent par des obsessions (pensées dérangeantes, répétitives et incontrôlables), causant une forte anxiété. Celle-ci est atténuée par la mise en place de comportements répétitifs, irraisonnés et incontrôlables (les compulsions). La trichotillomanie est l’arrachage compulsif des cheveux.

Chaque patient souffrant de dermatillomanie est unique et les symptômes varient généralement en intensité et en fréquence. La prise en charge du patient souffrant de dermatillomanie comporte un traitement médicamenteux et une thérapie cognitivo-comportementale (TCC).

Le traitement pharmaceutique peut être basé sur des antidépresseurs (utilisés pour leurs effets anti-obsessionnels) ou de la mémantine (rôle dans l’amélioration de la transmission des signaux nerveux et la mémoire). Ces molécules vont favoriser l’atténuation des symptômes.

La TCC de son côté, une thérapie courte sur une vingtaine de séances, va chercher à identifier les comportements déclencheurs du triturage de la peau, à modifier les pensées qui y sont attachées et à travailler sur la gestion des émotions comme la canalisation du stress et de l’angoisse.

Le thérapeute aide le patient à affronter progressivement les situations qu’il redoute, sans effectuer de rituel. Puis, dans son quotidien, le patient réalise par lui-même des exercices concernant ces situations, définis avec le thérapeute. Un travail cognitif complète ce traitement comportemental. Il consiste notamment à transformer les fausses croyances que la personne a pu développer, à propos d’elle-même ou de son environnement.

Sources
– Dermatillomanie (triturage pathologique de la peau). www.msdmanuals.com. Consulté le 12 mai 2025.
– Troubles obsessionnels compulsifs (TOC) : définition et facteurs favorisants . www.ameli.fr. Consulté le 12 mai 2025.
– Traitement des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) . www.ameli.fr. Consulté le 12 mai 2025.

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Julie P.
Journaliste scientifique
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