Dormir à une certaine heure pour protéger son cœur ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 18 novembre 2021

Et si dormir à une certaine heure permettait de protéger son cœur ? C’est ce que suggère une récente étude publiée dans l’European Heart Journal selon laquelle se coucher entre 22h et 23h serait associé à un risque plus faible de développer une maladie cardiaque. Zoom sur ces résultats pour le moins surprenants.

Protéger son cœur avec une bonne hygiène de sommeil

Lien entre horloge biologique et état de santé

Chacun de nous est doté d’une horloge biologique personnelle logée au cœur du cerveau. Cette horloge biologique (ou horloge interne) impose un cycle de 24 heures à l’organisme et joue un rôle crucial dans son bon fonctionnement.

À savoir ! Ce cycle de 24 heures, appelé rythme circadien, est un cycle pendant lequel un certain nombre de mécanismes biologiques et physiologiques se répètent au sein de l’organisme. C’est l’horloge biologique qui impose le rythme circadien à l’organisme.

Cependant, il arrive que la cadence de notre rythme circadien intrinsèque soit mise à mal. C’est le cas par exemple dans nos sociétés modernes avec des horaires de travail décalés, des prises alimentaires nocturnes ou un temps de sommeil réduit. Or, une simple dérégulation de ce rythme peut provoquer l’apparition de nombreuses maladies comme les maladies cardiovasculaires. 

Si la communauté scientifique a déjà analysé l’impact de la durée du sommeil sur le risque d’apparition de maladies cardiovasculaires, le lien entre l’heure d’endormissement et le risque de maladies cardiaques reste à ce jour peu étudié. Dans ce contexte, des chercheurs britanniques, de l’Université d’Exeter au Royaume-Uni, ont souhaité approfondir le sujet à travers une étude inédite.

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Heure d’endormissement et risque cardiovasculaire

Dans cette étude, les chercheurs britanniques ont recruté 88 026 personnes de la Biobank britannique entre 2006 et 2010. L’âge moyen des participants était de 61 ans et parmi eux, 58 % étaient des femmes.

Les données sur 7 jours de l’heure d’endormissement et de réveil des participants ont été recueillies à l’aide d’un accéléromètre porté au poignet.

À savoir ! Un accéléromètre désigne un instrument qui mesure l’accélération d’un mouvement.

Les participants ont ensuite rempli des évaluations et des questionnaires relatifs à leur style de vie et leur santé. Puis ils ont été suivis par des équipes médicales  pour surveiller l’apparition d’une maladie cardiovasculaire (de type crise cardiaque, insuffisance cardiaque, cardiopathie ischémique chronique, accident vasculaire cérébral ou accident ischémique transitoire).

Après un suivi moyen de 5 à 7 ans, les chercheurs ont pu observer les résultats suivants :

  • 3,6 % des participants ont développé une maladie cardiovasculaire
  • Incidence la plus élevée chez les personnes dormant à minuit ou plus tard
  • Incidence la plus faible chez les personnes dormant entre 22h00 et 22h59.

Les scientifiques ont ensuite ajusté les données selon différents critères (âge, sexe, durée du sommeil, tabagisme, indice de masse corporelle, diabète, tension artérielle, cholestérol sanguin etc).  Et ils ont pu faire des comparaisons avec un endormissement entre 22h00 et 22h59 :

  • Risque 25 % plus élevé de maladie cardiovasculaire pour un endormissement à minuit ou plus tard
  • Risque 12 % plus élevé pour un endormissement de 23h00 à 23h59
  • Risque augmenté de 24% pour un endormissement avant 22h00.

A noter ! Une analyse plus approfondie selon le sexe des participants a permis de révéler que l’association heure d’endormissement/risque cardiovasculaire accru était plus forte chez les femmes.

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De l’importance d’adopter une bonne hygiène de sommeil pour protéger son cœur

Pour Dr David Plans, auteur principal de l’étude, ces résultats suggèrent qu’une heure d’endormissement précoce ou tardive peut perturber l’horloge biologique interne d’un individu, avec des conséquences pour sa santé cardiovasculaire. S’agissant de l’association plus forte observée entre l’endormissement et les maladies cardiovasculaires chez les femmes, le chercheur explique que les raisons ne sont pas encore éclaircies : « Il se peut qu’il y ait une différence entre les sexes dans la façon dont le système endocrinien réagit à une perturbation du rythme circadien. »

Si le chercheur reconnaît que cette étude ne permet pas de fournir de lien de causalité direct entre l’horaire du coucher et le risque de maladie cardiovasculaire,  il estime néanmoins que l’heure d’endormissement est bel et bien un facteur de risque cardiaque potentiel et indépendant des autres facteurs de risque cardiovasculaires. Prochaine étape ? Confirmer ces résultats par de nouvelles études plus approfondies.

En attendant, le chercheur estime qu’informer le grand public sur les règles d’hygiène de base du sommeil pourrait constituer une solution de santé publique peu coûteuse en termes de prévention du risque de maladies cardiovasculaires.

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Bedtime linked with heart health. sciencedaily.com. Consulté le 16 novembre 2021.
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