Douleur chronique : une prise en charge à améliorer

Douleur Rhumatologie

Rédigé par Isabelle V. et publié le 18 octobre 2017

À l’occasion de la publication du Livre blanc de la SFETD (Société Française d’Étude et de Traitement de la Douleur), le constat est amer. La douleur chronique, qui touche pourtant 12 millions de nos concitoyens, est encore peu et mal prise en charge dans notre pays. Une situation intolérable pour les 60 spécialistes cosignataires de ce livre militant.

douleur chronique

La douleur : ce symptôme qui ne se voit pas

La douleur se définit comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en des termes évoquant une telle lésion » selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). On parle de douleur chronique lorsque la personne souffre depuis plus de 3 mois. Une douleur aiguë mal soignée peut faire le lit d’une douleur chronique.

De nombreuses maladies sont responsables de douleurs chroniques incluant à peu près tous les tissus du corps humain : arthrose, lombalgie, fibromyalgie, endométriose, migraine, syndrome du côlon irritable, et la plupart des cancers.

Or 70 % de ces patients ne bénéficient pas d’une prise en charge appropriée et seulement 3 % sont suivis dans des centres spécialisés.

Pourquoi cette désaffection pour le traitement d’un syndrome ayant de fortes répercussions, aussi bien au plan personnel (dégradation certaine de la qualité de vie) que collectif (coût économique de la douleur, au travers des arrêts de travail ou d’une moindre productivité) ?

Selon le Pr Perrot, rhumatologue et président de la SFEDT, les explications sont multiples.

D’abord, la douleur est mal reconnue. C’est un symptôme « qui ne se voit pas ». Pour la mettre en évidence, il faut qu’il y ait plainte de la part du patient. Et il faut que cette plainte soit entendue… La souffrance du sujet doit ensuite être quantifiée, ce qui n’est pas aisé.

Ensuite, les médecins sont mal formés à la gestion de la douleur (seulement 20 heures d’enseignement sur 6 années).

Alors que 40 % des patients cancéreux justifieraient d’un traitement à base de morphine, les soignants hésitent à prescrire un médicament compliqué à gérer (efficacité variable, nombreux effets secondaires), du fait, d’un manque de connaissances, et, surtout, de temps…

Lire aussiQuoi de neuf contre les douleurs de l’endométriose ?

Lutter contre la douleur chronique par tous les moyens

La prise en charge de la douleur est pluridisciplinaire. Elle fait intervenir des médecins, mais aussi des kinésithérapeutes ou encore des psychologues.

Du point de vue des médicaments, la SFEDT déplore un arsenal thérapeutique vieillissant, se réduisant encore du fait de nombreuses réglementations. Le Pr Perrot se déclare souvent obligé de prescrire des médicaments hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), c’est-à-dire qui ne sont pas indiqués dans sa spécialité ou pour tel type de patient. Certains médicaments nouveaux ne sont pas encore disponibles en France, comme le tapentadol utile dans les douleurs neuropathiques, ou encore des associations à base de cannabidiol.

Selon la SFDT, il est urgent d’intensifier la recherche médicale sur la douleur et ses traitements.

D’autres types d’approches qui ont fait leur preuve ne sont pas assez développés par manque de moyens, de connaissances ou de volonté politique. C’est le cas de la neuromodulation (stimulation nerveuse par des électrodes), des neurolyses ou de l’infusion intrathécale.

À savoir ! L’infusion intrathécale consiste à amener les antalgiques directement au contact de la moelle épinière (via un cathéter), décuplant leur efficacité tout en se prémunissant des effets secondaires liés à la voie générale. On l’utilise en cas de douleurs cancéreuses rebelles.

Enfin, les approches complémentaires, comme la kinésithérapie ou les psychothérapies, ou moins conventionnelles, telles l’hypnose ou la méditation, doivent être encouragées.

Lire aussiMal de dos chronique : le yoga aussi efficace que le kiné !

Éducation thérapeutique des patients (ETP) : une étape à ne pas négliger

Les programmes d’Éducation Thérapeutique des Patients (ETP) sont validés par l’ARS (Agence Régionale de santé). Il s’agit d’y aider les patients à gérer la douleur chronique au quotidien afin d’améliorer leur qualité de vie et l’observance des traitements prescrits.

Une trentaine de programme sont effectifs en France.

Les patients deviennent ainsi acteurs de leur santé, ils apprennent à vivre avec leur maladie. Le partage des vécus avec les autres malades, le témoignage de patients experts, leur permettent de découvrir que d’autres personnes traversent les mêmes épreuves et de rompre l’isolement.

Alors que les études récentes rapportent que le traitement de la douleur améliore l’espérance de vie, espérons que nos édiles ouvriront ce Livre blanc…

Lire aussiMigraine : et si c’était les médicaments ?

Isabelle V., journaliste scientifique

– Livre blanc de la douleur 2017 – sfetd-douleur. Consulté le 18 octobre 2017.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *