Dupilumab : un nouveau traitement de l’asthme modéré à sévère

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Rédigé par Estelle B. et publié le 19 juin 2018

En France, quatre millions de personnes sont concernées par l’asthme. Malgré l’existence de multiples traitements, les formes modérées et sévères d’asthme restent parfois mal contrôlées. Les recherches de nouvelles thérapies se concentrent depuis quelques années sur les biothérapies, notamment sur les anticorps monoclonaux. Deux essais viennent d’être menés sur un nouvel anticorps, le dupilumab, qui pourrait bientôt rejoindre l’arsenal thérapeutique de l’asthme sévère.

Dispositifs de traitement pour l'asthme

L’asthme modéré à sévère

Les spécialistes distinguent plusieurs stades d’asthme :

  • L’asthme intermittent, lorsque les symptômes se manifestent moins d’une fois par semaine, et sous forme de brèves exacerbations ;
  • L’asthme persistant, lui-même subdivisé en trois stades de sévérité croissante :
    • L’asthme léger, avec des manifestations symptomatiques hebdomadaires ;
    • L’asthme modéré, lorsque la maladie se manifeste chaque jour ;
    • L’asthme sévère, avec des symptômes quotidiens et des exacerbations fréquentes.

La sévérité de l’asthme est susceptible d’évoluer pour chaque patient selon les périodes, mais aussi selon leur réponse aux différents traitements. L’objectif de la prise en charge est de permettre un contrôle de la maladie asthmatique pour en limiter les conséquences sur la vie quotidienne et sur la santé des patients.

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Des anticorps monoclonaux ciblant la réponse inflammatoire

Si la maladie asthmatique ne se guérit pas, les traitements actuels permettent de contrôler environ 95 % des cas d’asthme. Dans un certain nombre de cas, les médicaments disponibles restent pourtant insuffisants pour endiguer les symptômes de la maladie. Les recherches se poursuivent donc pour mettre au point de nouvelles thérapies, en particulier dans le cas des formes graves d’asthme, les asthmes modérés à sévères.

Dans ce contexte, les chercheurs s’intéressent de près aux anticorps monoclonaux, ciblant spécifiquement les médiateurs cellulaires de l’inflammation impliqués dans les mécanismes pathologiques de l’asthme. Récemment, trois anticorps dirigés contre la réponse inflammatoire ont été approuvés en France, en tant que traitement complémentaire dans l’asthme sévère à éosinophiles (un type particulier de globules blancs).

A la suite de ces trois premiers anticorps, un nouvel anticorps, le dupilumab, est actuellement en cours d’évaluation aux USA et en Europe. Deux essais cliniques ont récemment été menés pour évaluer son efficacité et sa sécurité dans le contrôle de l’asthme modéré à sévère mal contrôlé et de l’asthme sévère chez des patients sous corticoïdes par voie générale.

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Moins d’exacerbations et de corticoïdes, une meilleure respiration

Le premier essai a porté sur 1 902 sujets asthmatiques de plus de 12 ans diagnostiqués pour un asthme modéré à sévère depuis plus d’un an. En ajoutant le dupilumab (dose de charge 400 ou 600 mg, puis 200 ou 300 mg en sous-cutané toutes les deux semaines, pendant 52 semaines) à leur traitement habituel, les chercheurs ont observé une diminution de près de 50 % du nombre d’exacerbations et une amélioration significative de leurs fonctions respiratoires.

Le second essai a été mené sur 210 asthmatiques de plus de 12 ans souffrant d’asthme depuis plus d’une année et prenant un traitement corticoïde continu par voie orale. L’administration de dupilumab (dose de charge 600 mg, puis 300 mg toutes les deux semaines pendant 24 semaines) chez ces patients a permis non seulement de mieux contrôler l’asthme (moins d’exacerbations et une meilleure fonction respiratoire), mais aussi de réduire les doses de corticoïdes. Au terme de l’étude, près de la moitié des patients avaient ainsi pu arrêter totalement les corticoïdes.

Le dupilumab s’avère, d’après les résultats de ces deux études, comme une thérapie prometteuse pour mieux contrôler l’asthme modéré à sévère, tout en réduisant les traitements par corticoïdes à l’origine de nombreux effets indésirables. Ce nouveau médicament était particulièrement intéressant chez les patients ayant un taux d’éosinophiles élevé au moment de leur inclusion dans l’étude.

Des demandes d’autorisation de mise sur le marché sont en cours de dépôt auprès des autorités de santé américaines et européennes, pour permettre aux patients asthmatiques sévères de pouvoir bénéficier très rapidement de cette nouvelle thérapie.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Asthme : Classes de sévérité en état stable. RESPIR. Mis à jour le 18 octobre 2012.
– Dupilumab Efficacy and Safety in Moderate-to-Severe Uncontrolled Asthma NEJM. Castro, M. and al. 2018.
– Efficacy and Safety of Dupilumab in Glucocorticoid-Dependent Severe Asthma NEJM. Rabe, K.F. and al. 2018.
– New biologics of asthma NEJM. Drazen, J.F. and al. 2018.
  • philippe sonck says:

    Bonjour , je suis asthmatique depuis ma plus tendre enfance et j’ai 59 ans , j’ai connu une accalmie lors de l’adolescence , et une forte reprise des crises après des test fait lors de ma sélection militaire (refusé bien-sur ) j’ai pratiqué des sports intenses de nombreuses années , De sévère à modéré et passé à une ou deux crises par an, et pour l’instant j’habite en ville et je recommence à ressentir de légères crises , voilà mon histoire parmi des milliers , mais nulle part , j’ai entendu une personne apprendre l’enfant à ne pas céder à la panique, de gérer sa peur (bien sûr que je la connais encore) , et de ne pas avoir honte de porter ce handicap en public quand une crise vous prends ,malgré tout ,pour moi pas de tabac ou de lieux enfumés , de parfum , courir au gel ou de bataille d’édredons…il y à peu ,j’ai ‘aidé’ un petit gars à refaire confiance en lui et de gérer sa panique , car plusieurs personnes autour de lui hurlaient leur peur et leur non savoir faire , le fond de notre  »maladie » est trop peu connue , les parents eux aussi devraient apprendre à gérer , Merci de me lire , cordialement , Philippe .

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