Electro-acupuncture et incontinence urinaire féminine

Honte, découragement, manque de confiance en soi, fatalisme… Les raisons qui poussent les femmes souffrant d’incontinence urinaire liée à l’effort à abandonner leur prise en charge médicale sont très nombreuses. La thérapie d’électro-acupuncture pourrait leur apporter un certain réconfort…

Deux classes d’incontinence urinaire

L’incontinence urinaire touche des millions de femmes dans le monde et les enquêtes dans la population générale ont révélé que 20 à 40% des femmes présentent des fuites urinaires. C’est une véritable maladie physiquement et socialement invalidante.

Lors de l’apparition de fuites d’urine involontaires, la toute première étape consiste à identifier les causes avec son urologue.

Deux catégories d’incontinence urinaire sont hiérarchisées :

1. L’incontinence d’effort ;
2. L’incontinence d’urgence.

La première survient dans 90% des cas et se caractérise par des pertes d’urine incontrôlées concomitantes à la sollicitation des muscles du ventre et du bas ventre. Tousser, rire, éternuer ou soulever un poids peut enclencher une fuite incontrôlée d’urine.

Les causes sont multiples : vieillissement, grossesses, constipation chronique, pratique de sport de haut niveau ou encore prise de médicaments. Cependant, c’est avant tout les traumatismes faisant suite à un ou plusieurs accouchements qui sont reconnus comme la principale cause de l’incontinence urinaire féminine.

La gent masculine, plus rarement touchée par cette forme d’incontinence, peut y être exposée suite à un problème neurologique ou une intervention sur la prostate.

Enfin, dans la deuxième catégorie, on distingue l’incontinence d’urgence liée à la contraction trop fréquente de la vessie explicable par un trouble neurologique (maladie de Parkinson ou sclérose en plaques) ou une tumeur de la vessie ou de la prostate. Les diabétiques peuvent également souffrir de ce type d’incontinence.

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Incontinence d’efforts : les traitements classiques

En première ligne de traitement, les incontinences urinaires liées à l’effort sont traitées par une rééducation des muscles du périnée. En effet, leur affaiblissement entraîne une faiblesse du sphincter urétral, un muscle possédant la forme d’un anneau et ayant pour rôle de fermer ou d’ouvrir le canal dans lequel passe l’urine pour aller de la vessie vers l’extérieur, l’urètre.

A savoir ! Le plancher pelvien est un ensemble de muscles, de tissus et de ligaments dans la zone du périnée, la région du bassin qui soutient les organes génitaux chez la femme, l’anus, et la vessie chez l’homme et la femme. Il contrôle l’ouverture de l’urètre, de l’anus et du vagin.

Réalisée avec un kinésithérapeute ou une sage-femme après un accouchement, la quinzaine de séances prescrites améliorent les symptômes dans de nombreux cas. Son objectif est de renforcer la tonicité du sphincter urétral et des muscles du périnée constituant le plancher pelvien. Entre les séances de rééducation et après la série de séances, la patiente doit poursuivre un travail d’auto-rééducation à son domicile.

En cas d’échec de cette rééducation périnéale ou lors d’une incontinence à l’effort trop importante, le recours à une intervention chirurgicale est envisagé avec le spécialiste. Elle consiste à soutenir la vessie et plusieurs méthodes seront proposées comme la mise en place de bandelettes synthétiques venant supporter, « comme un hamac », l’urètre, pendant l’effort.

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L’espoir de l’électro-acupuncture

Pour remédier à ce symptôme de fuites urinaires liées à l’effort, une équipe de chercheurs de l’Académie de médecine chinoise et de l’hôpital Guang’an Men de Beijing, a évalué sur plus de 400 patientes l’impact d’une thérapie d’électro-acupuncture.

Le principe ? Il s’agit tout simplement de stimuler les points d’acupuncture de la région lombosacrée avec de minimes décharges électriques.

A savoir ! Les points d’acupuncture sont situés sur toute la surface du corps et notamment le long des méridiens. On parle de 2000 points, mais seulement 361 sont utilisés couramment. Ils traversent toutes les zones du corps et suivent les trajets des nerfs, des vaisseaux sanguins et lymphatiques. 

Dans cet essai clinique, les chercheurs ont divisé la population en 2 groupes de femmes :

1. L’un allant recevoir une véritable thérapie d’électro-acupuncture ;
2. L’autre pour qui la thérapie d’électro-acupuncture allait être simulée. Simulée dans le sens où les chercheurs ont placé chez elles les électrodes à 20 millimètres du point d’acupuncture et qu’aucune décharge électrique n’a été envoyée. Même l’aiguille ne pénétrait pas dans leur peau.

Cette méthode de comparaison dans les études cliniques impliquant l’acupuncture permet d’éliminer l’éventuelle possibilité de l’effet placebo du traitement.

Quels sont les résultats observés après 18 séances échelonnées sur 6 semaines ?

Le volume des fuites urinaires était, en moyenne, réduit de 53,8% pour le groupe traité contre 13,7% pour le groupe chez qui le traitement a été mimé.

En dépit de ces premières conclusions positives, les effets de l’acupuncture sur l’incontinence urinaire liée à l’effort restent incertains compte tenu de la petite taille de l’échantillon étudié et les chercheurs envisagent de répéter l’expérience sur un nombre de participantes plus important.

Même si l’option thérapeutique de l’électro-acupuncture est établie dans certains pays, comme l’Allemagne ou les Etats-Unis, d’autres études sont encore nécessaires pour montrer ses effets bénéfiques sur les mécanismes neurophysiologiques comme l’incontinence urinaire.

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Julie P., Journaliste scientifique

Sources