Dès 9 ans, les enfants boudent le sport

Activité sportive Actualités Autres maux (enfants)

Rédigé par Julie P. et publié le 15 juin 2019

Entre 1975 et 2016, la prévalence mondiale de l’obésité des enfants et adolescents âgés de 5 à 19 ans est passée de 4% à 18%. Pour faire reculer ces statistiques, il faut mieux comprendre ses causes. En Suisse, des chercheurs ont suivi 1200 jeunes genevois pendant deux ans. L’objectif ? Décrypter leur attirance ou aversion pour les activités physiques et sportives.

enfants-boudent-sport

Les effets néfastes de la sédentarité chez les enfants

Rester assis une bonne partie de la journée sans se dépenser physiquement est l’une des causes principales expliquant la hausse du surpoids et de l’obésité chez les plus jeunes. D’autres pathologies sont associées à ce manque d’activité physique comme la survenue du diabète de type 2 et/ou des maladies cardiovasculaires.

Mais aussi, une fragilisation psychologique comme un affaiblissement des capacités de mémoire ou de résistance au stress.

Une étude récente a montré que les enfants auraient perdu 25% de leurs capacités cardiaques et respiratoires  induisant ainsi une diminution de leur espérance de vie.

Ce manque d’activités physiques est lui-même expliqué par tout un ensemble de causes très variées : perte d’espaces de jeux dans les grandes villes, pollution atmosphérique, pression sociale accrue sur les résultats scolaires, mauvais usage des technologies numériques rendant les enfants dépendants aux écrans ou encore, le manque de temps de la part des parents pour accompagner les enfants dans leurs activités sportives.

Cependant, à partir de quel âge les enfants n’ont plus envie de se dépenser physiquement ?

Lire aussiNos enfants bougent de moins en moins, leur longévité remise en question…

Une rupture avec le sport dès l’âge de 9 ans

Pour répondre à cette question, Julien Chanal, chercheur à la faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (FPSE) de l’université de Genève, et ses collègues, ont suivi pendant deux ans 1200 élèves âgés de 8 à 12 ans. 51,2 % étaient des garçons.

Tous les six mois, ces jeunes volontaires devaient répondre à un questionnaire permettant d’évaluer, sur une échelle de 7 points, leurs motivations et leurs ressentis à l’égard des activités physiques et sportives.

Contre toutes attentes, l’équipe de chercheurs a constaté que dès 9 ans, le plaisir lié à l’activité physique reculait pour laisser la place à d’autres préoccupations. Parmi lesquelles, obtenir une bonne note ou améliorer son image auprès de ses camarades.

Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), les enfants devraient être actifs au moins 50% du temps consacré à l’éducation physique en école primaire. Dans les faits, ils ne bougent en moyenne que 38% pendant ce temps. Plus l’enfant grandit, plus ce pourcentage diminue.

Lire aussiDossier Activité sportive

Comment redonner le goût à l’activité sportive ?

Après ce constat, les chercheurs veulent réfléchir aux moyens à mettre en oeuvre pour redonner l’envie de bouger dès le plus jeune âge.

« Pour la première fois, nos résultats démontrent une forte baisse des motivations positives pour l’activité physique, comme le plaisir ou la santé, sur la période de l’école primaire, et ceci, dès l’âge de 9 ans. Ce déclin n’avait jamais été constaté si jeune! » commente Julien Chanal.

Pour les chercheurs, il faut désormais :

  • Analyser l’enseignement physique et sportif dispensé dans les classes primaires et le rendre plus ludique;
  • Valoriser le temps de mouvement dans les cours et développer des stratégies pour renforcer la motivation autonome des élèves;
  • Travailler sur le programme et l’implication des enseignants.

Ces améliorations pour que les enfants se réconcilient avec le mouvement sont d’autant plus importantes que c’est dès ce plus jeune âge que la motivation pour le sport, durant toute la vie, trouve ses racines.

Lire aussiEt si pédaler préservait notre immunité

Julie P. Journaliste scientifique

– L’inactivité physique menace déjà les préadolescents. COommuniqué de presse – UNIGE. Consulté le 12 juin 2019.