Touchant près d’un français sur 100, l’épilepsie fait l’objet de disparités sociales et territoriales révélées par une récente étude de Santé Publique France. Zoom sur les conclusions de ces travaux inédits.
L’épilepsie : une pathologie cérébrale fréquente
L’épilepsie désigne une pathologie cérébrale chronique caractérisée par la survenue répétée de crises convulsives non provoquées par un facteur déclenchant. Elle se décline sous différentes formes de gravité variable en fonction de l’âge d’apparition des crises d’épilepsie, de leur cause ou de leur nature.
Fréquente, l’épilepsie touche près d’un français sur 100, avec un retentissement personnel et social considérable. Pour autant, peu d’études se sont jusqu’à présent penchées sur la variabilité sociale et territoriale de cette maladie.
Dans ce contexte, Santé Publique France a récemment publié les conclusions d’une étude estimant la prévalence de l’épilepsie traitée à l’échelle régionale, départementale, et de manière inédite, à l’échelle nationale. Pour pouvoir conduire ces travaux, l’instance sanitaire s’est appuyée sur les informations du Système national des données de santé (SNDS).
À savoir ! Le Système national des données de santé (SNDS) regroupe les informations de l’intégralité des consommations de soins remboursées par l’Assurance maladie pour presque 99% de la population.
Epilepsie : une prévalence qui augmente avec l’âge
Il ressort de cette étude qu’au 1er janvier 2020, 685 122 personnes étaient traitées pour épilepsie en France, ce qui représente une prévalence similaire aux prévalences observées aux États-Unis et en Angleterre. L’analyse des données a également permis de fournir des estimations à l’échelle départementale ainsi qu’un profil épidémiologique de la pathologie.
Santé Publique France a ainsi observé une association entre l’augmentation de la prévalence de l’épilepsie et l’avancée en âge ainsi qu’une évolution différente entre les hommes et les femmes. Chez les hommes, la prévalence augmente fortement après 65 ans (15 cas pour 1 000 hommes) pour atteindre un niveau de 20 cas pour 1 000 hommes à 80 ans. Chez les femmes, la prévalence avoisine les 12,5 cas pour 1 000 femmes à l’âge de 44 ans pour atteindre 17,5 cas pour 1 000 femmes à l’âge de 80 ans. Selon les auteurs de cette étude, cette différence s’explique par l’apparition plus précoce de comorbidités chez les hommes.
Epilepsie : une pathologie miroir des inégalités de santé
Cette étude révèle par ailleurs de fortes inégalités territoriales, avec une prévalence plus forte que dans le reste du pays sur une diagonale « Nord-Est-Sud-Ouest », ainsi que dans certains départements et régions d’outre-mer comme la Réunion. Selon les auteurs, ces inégalités territoriales pourraient s’expliquer par la fréquence des comorbidités cardiovasculaires associées ainsi que par la précarité socio-économique de ces zones géographiques.
A ces inégalités territoriales s’ajoutent des inégalités sociales comme en témoigne l’augmentation régulière de la prévalence de l’épilepsie avec le désavantage social (10,1 cas pour 1000 habitants chez les plus défavorisés contre 7,1 cas pour 1000 habitants chez les moins défavorisés). Parmi les facteurs de risque avancés quant à la survenue plus précoce de la première crise d’épilepsie chez les personnes les plus défavorisées., citons l’exposition à des toxiques intra utero puis pendant la petite enfance ainsi que l’exposition à la pollution.
De par sa prévalence élevée et les inégalités territoriales et sociales dont elle fait l’objet, l’épilepsie semble donc constituer un révélateur intéressant des inégalités de santé en France. Les auteurs de cette étude envisagent donc la mise en place d’une nouvelle surveillance épidémiologique dans le cadre des missions de surveillance sanitaire de Santé Publique France.
Déborah L., Dr en Pharmacie
– Épilepsie : une personne sur dix traitée en France, une pathologie marquée par les inégalités. www.sante-sur-le-net.com. Consulté le 15 avril 2024.